vendredi 25 novembre 2016

Aveyron (octobre 2016) 6ème partie

De bien jolis villages !

 
Vabres-l'Abbaye ¤ Montlaur



Un peu d'histoire en quatre dates majeures :

 
En 862, une communauté de moines bénédictins chassés du Périgord lors des invasions normandes s'installe sur les terres de Vabres que leur donne le comte de Toulouse.

En 1317, le pape Jean XXII établit un nouvel évêché à l'abbaye de Vabres afin de diminuer le diocèse de Rodez qu'il juge trop vaste.

En 1568, lors des guerres de religion, les protestants prennent la ville, détruisent la cathédrale ainsi qu'une grande partie des bâtiments monastiques et du palais épiscopal.

En 1796, le dernier évêque quitte Vabres, l'évêché est de nouveau rattaché au diocèse de Rodez.

 
Nous arrivons sur l'aire de VABRES-L'ABBAYE vers 20 heures. Il faut dire que nous ne sommes qu'à 4 km de Saint-Affrique que nous venons de quitter.
L'aire est plate, propre, grande et nous ne sommes que 4 cc. Le stationnement et les services sont gratuits. Quoi demander de plus ?

Capture d'écran (Via Michelin) et localisation de l'aire cc.
 
Une commande au camion pizza où il y a foule et presque deux heures d'attente, ce qui nous laisse largement le temps de faire une première visite nocturne.
 
Photo d'un plan fortement dégradé par les intempéries
 
 

Les pizzas étaient excellentes et si copieuses que nous n'avons pu en venir à bout. Le repas de demain midi est presque assuré.
C'est repus que nous attaquons la nuit qui promet au vu du silence alentour d'être tranquille.
Et elle l'a été...calme.
 
 


Le palais épiscopal sous sa forme actuelle date du XVIIIème siècle. Il se trouve à la place de l'abbaye bénédictine du XIème siècle.


La rue des Echevins

Maison des Échevins du début du XVIIème siècle


Dans la rue de la Tour, la maison du Commandeur (1581) avec sa tour d'escalier et ses fenêtres à meneaux.




L'esquimau illuminé en septembre peut paraître incongru mais nous sommes tombés sur un forum d'associations. Un membre de "La Salmanacoise" nous enjoint de visiter leur village tout illuminé à Noël. Pour ceux que cela intéresse, c'est ICI


Devant la cathédrale Saint-Sauveur et Saint-Pierre, le monument aux morts présente sur chacune
de ses faces une étape dans le parcours du soldat. 

- Le départ -

- La tranchée -

- Le retour -

- La victoire -

La construction de la cathédrale a débuté en 1330 pour s'achever au début du XVIème siècle.
Dévastée en 1568 pendant les guerres de religion, le XVIIème et le XVIIIème siècles
ont été consacrés à sa restauration.

Le portail classique est surmonté des armes de l'avant-dernier évêque


Le maître-autel présente un travail de sculpture et de marquèterie de marbres du XVIIIème siècle.





Les grandes orgues (1761) œuvre du facteur parisien J.B. Micot, sont classées Monument Historique.

Insolites, toutes ces petites plaques de laiton...

...certaines sont même nominatives.
 

Maison de la fin du XVème siècle


Une jolie minette badine avec les feuilles mortes.

L'ancienne maison de Neirac du XVIIIème siècle abrite l'Hôtel de Ville.


Détail d'une sculpture de la Maison de Neirac


Près de moi, dans la rue, une dame rencontre un jeune homme et lui dit "Je vais au moulin acheter la farine". Je suis interpellée "Tiens, ils vont même chercher la farine au moulin ici ?"

Eh bien oui ! Le moulin d'antan s'est transformé en magasin.

Vabres-l'Abbaye était une halte imprévue puisque nous comptions au départ dormir à Saint-Affrique, mais nous n'avons pas regretté la visite. Après, c'est un petit village où l'on a vite fait le tour.
 
A MONTLAUR, nous déjeunons sur un grand parking gratuit près du skate-park, face au village, sous le regard d'un bel oiseau. Le parking est plat mais sans services.

Capture d'écran (Via Michelin) et localisation du parking.
 




Le bel oiseau...






La Marianne d'or sur la façade de l'école.


Beaucoup de panneaux,  placés à divers endroits rythment la balade et racontent le village.

Un arrêt de bus ? Sinon, pourquoi ce grand panneau...pour se souvenir ? (Détail ci-dessous)


Un long texte accompagne la photo, je me permets de le retranscrire (pour les courageux férus d'Histoire) :
 
"Nous sommes le 12 août 1944 l'avant-garde de cette colonne doit faire face entre le Moulin Neuf et le Mazet à une embuscade du maquis Paul Claie, commandé par le maréchal des logis Granier. Deux véhicules allemands sont détruits. Le premier véhicule était un engin chenillé qui, attaqué à la grenade était allé rouler dans le Dourdou, tandis que le second s'était embouti contre le parapet du pont. Le maquis compte trois blessés légers ; deux allemands sont morts et huit autres blessés.
Le lendemain matin 13 août, quand la colonne allemande arrive au pont du Mazet,  les soldats allemands surprennent Louis Vigouroux (frère du Père La Flemme) avec un fusil : il venait chasser avec Mr Pages du Moulin Neuf. Vigouroux est arrêté, mais il profite d'un moment d'inattention pour fuir dans un maïs. Les soldats tirent et lui brisent la jambe.
Le même jour les allemands montent à la ferme du Mazet arrêtent le fils du fermier Georges Apolit ainsi qu'un cousin de Provins qui se trouvait chez eux. Ce soir là, ouvrier agricole à Puech Aussel, Berthomieu est aussi arrêté. Il était en train d'arroser dans la nuit avec une lanterne. Comme il portait une chemise kaki il est pris pour un maquisard. Finalement il sera relâché le lendemain matin.
Arrivé à Saint-Affrique l'état-major s'installe à l'Hôtel du Commerce. Les allemands se livrent à une série de vols dans quatre maisons (argent, linge, bijoux) pour une valeur de 191 000 francs (29 000 euros) et réquisitionnent deux voitures et un camion.
Pendant ce temps, abandonné sans soins, Louis Vigouroux sera récupéré et après une délicate opération le docteur Caussat le sauvera de la mort.
Guidés par un informateur français les officiers allemands décident en vain d'arrêter le maquisard Nano Roméro, puis procèdent à l'arrestation de 19 otages. Parmi eux, Raymond Gantou âgé de 18 ans et agent de liaison du maquis. Il est torturé puis fusillé vers 12 h 15. Dans l'après midi, Paulette Viala de Montlaur revient de St-Affrique. Dans le guidon de son vélo, elle a glissé un message remis par les résistants de St-Affrique. Le message précise qu'en représailles à l'attentat du Moulin Neuf le village de Montlaur allait être brûlé. Aussitôt les habitants emportent avec eux un peu de nourriture et le strict minimum pour passer la nuit et quittent leur maison.
Le patron de l'hôtel-restaurant, Théophile Solier attelle une charrette avec des bœufs, pour évacuer les estivants qui logeaient chez lui. Ils chargent les matelas et partent au Mas des Claux dans une jasse lui appartenant sans oublier d'emporter les jambons. Chacun s'organise, et les Montlaurais se réfugient dans les jasses et cabanes de vignes aux alentours du village ou parfois auprès de leur famille des hameaux voisins. Mme Galzin de Rounel, malade, refuse de quitter sa maison. Sa famille décide de rester à ses côtés. Le village se vide en suivant la recommandation de laisser les maisons ouvertes.
Le soleil se couche et les Montlaurais s'apprêtent à vivre une longue nuit dans les bois. La nuit passe et le village ne flambe pas. Le lendemain matin, René Henry et son père Achille décident de rentrer. Ils rencontrent Eugène Solier qui vient de Roquefort en voiture et leur indique que la route est libre et que tout est calme. Ils regagnent leur maison et à ce moment là un motocycliste qui porte Mme Daumur leur fait de grands gestes en leur disant qu'un char se trouve à la Plaine et qu'il se dirige vers Montlaur. En réalité, ce char n'est autre qu'un camion de bois en provenance de St. Félix de Sorgues et qui vient livrer sa cargaison au boulanger pour alimenter son four.
Les habitants restent cachés toute la journée et la nuit suivante.
Nous sommes le 16 août 1944 et tout rentre dans l'ordre. 
 Le colonel autrichien "Muntzer" commandant la police de St. Affrique, s'est déjà opposé avec succès aux exactions sur les 18 otages "tous étrangers à la résistance".
Il plaide la cause du village...Et Montlaur est épargné. Pour sa clémence, le colonel Muntzer sera sévèrement puni par les nazis."
Montlaur, août 1944  - René HENRY né le 19 décembre 1921 - Évadé du S.T.O. - Membre du maquis CALMES
Autre époque, autre guerre - Une autre pancarte près de la statue ci-dessous.




J'ai adoré cette impasse qui se termine à l'école. C'est une rue presque normale si ce n'était ces panneaux qui égrènent les noms et photos des écoliers de 1905 à 2012.





Dommage que l'église soit fermée, j'aurais bien aimé voir l'intérieur car l'extérieur
ne manque pas d'originalité. La façade n'est pas de la même pierre que le reste du bâtiment.


Sur la place, devant la mairie, le puits et une statue menhir. 5 statues menhirs ont été découvertes à Montlaur.



La calade Bombecul...

...

...

...

... Ouf ! Nous sommes parvenus au bas du village sans dégâts !!!
Mais elle doit être assez casse-g....e avec du verglas cette calade.


Goupil et Ysengrin nous accueillent à l'autre entrée du village avec "La bataille des calades".

Courage, je vous note le texte ci-dessous :
La bataille des calades
"Des jeux, des plaisirs simples, d'autres diraient démodés, ressurgissent comme par enchantement lorsque l'on parcourt ces calades.
L'enfantillage, avant l'école,  quand après le "catoche" et juste avant que l'horloge de la mairie ne pique deux heures, nous foncions, tous ensemble, souvent en deux camps organisés. Quand nous déboulions dans cette calade d'Ugonenc pour échapper à l'ennemi qui nous poussait régulièrement à nous faufiler au milieu des jardins. A deux heures (on ne disait pas 14 heures), il arrivait, les jours de grandes batailles, que l'on soit encore, pour nos petites jambes, loin de l'école. On remontait, essoufflé. En retard, cela nous valait les réprimandes souvent complices du Maître. Quand on dépassait le quart d'heure, la table ou les verbes à copier nous attendaient. Nous devenions les champions de la multiplication et de la conjugaison.
Avec la séquence aventure,  cohabitait aussi, l'épisode de la bête sauvage ou du loup YSENGRIN qu'il fallait capturer. La bête, désignée parmi l'un d'entre nous, devait déjouer avec habileté les embuscades tendues par les indigènes.
C'était enfin, au pied du pont qui enjambe le Dourdou que l'on amarrait le radeau. Pour cela, on recyclait déjà les bidons de chez Roque et les caisses de la maison Pailhès. Soigneusement empilés sur 2 rangées et assemblés par du grillage de poulailler, les bidons d'Avia dessinaient l'embarcation. C'était notre fierté un radeau à 10 places pour naviguer sur le Dourdou. Jusqu'au jour où, dans un rapide mal négocié, on perdit Touille et on faillit le noyer. Quelques jours plus tard, d'un mois de novembre le radeau disparut...Un parent avisé (un traître) d'une main criminelle, profita des eaux tumultueuses, après les pluies du vent du midi, pour décrocher le navire de ses amarres.
La séquence plaisir c'était l'arrivée de l'alambic, vers la Saint Martin. Après les vendanges, le pays, pourvoyait au rituel de l'eau de vie, et le bouilleur, assisté des plus grands experts de Montlaur, dont "le Marin" distillait sa gnole. La fournée débutait par le fameux 3x6. Malgré notre jeune âge, nous avions droit au "canard" (sucre imbibé d'alcool). Alors l'agitation laissait place à une préciosité excessive, car le privilège devait durer.
Quel était le meilleur moment ?
A chaque saison, ses inventions : du repère aux montagnettes, à la fabrication d'une diligence, puis la cabane à Boutous ou à Dure, le grand plongeon au pont des assassins ou la baignade à l'Onde, en passant par les nids de pies et de corbeaux que  nous avions mission de réguler et dont le Maître d'école tenait une comptabilité minutieuse pour le compte de l'Etat. Mais la spécialité, restait la pêche à la main que chaque vrai Montlaurais a pratiqué.
Ces moments-là, gravés dans nos mémoires, ont modelé notre enfance. C'est aussi sûrement de là, que naquit la passion pour notre Rougier.
Aujourd'hui, nous vous souhaitons la bienvenue à Montlaur pour partager nos plaisirs avec vous. Des plaisirs simples et d'ici.
Bienvenue à Montlaur. Bienvenue chez les "escanos barbeus" (les étrangleurs de poissons).
Gus, Touille, Paster, Denis, Yannick, Alain, Jo, Jean-Claude, Michel, Gérard, Bilou, Claude, Jean-Luc, Didier, Christian, Francis...et les autres.
Après cette jolie présentation, nous poursuivons la balade par les jardins.












Pas de monuments, pas plus de bâtisses exceptionnelles, juste des rues...mais qu'est-ce que j'ai aimé ce village ! L'humour de ses habitants finit par déteindre et l'on avance d'une rue à l'autre, curieux de ce que l'on va y découvrir.
C'est un village qui respire la vie simple de tous les jours, la gaité, la bonne humeur.











 

3 commentaires:

  1. Hello !!
    Et bien juste une envie......... de voir ça en "live", ça me plaît énormément !!!!!!!!
    Gamine, je me souviens des plaques sur les bancs d'église ;-)
    Quant à la calade bombecul, c'est marrant, ici, nous avons une dans le même genre un peu, mais elle s'appelle casse-cou LOL
    Superbes villages, merci pour cette balade virtuelle qui fait du bien quand on ne peut pas partir..........
    Cath

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  2. Jolie découverte, merci pour le partage, l'adresse est a garder pour une visite dans le secteur.
    Bises

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  3. Bonjour,
    J'aime bien ... le monument aux morts est original, les sculptures en ferrailles aussi. Je vois que tu connais tes classiques Brigitte avec la jolie minette à la robe "écailles de tortue" (puisque presqu'exclusivement portée par des femelles). On dirait la chatte de mon Fils. J'aime bien aussi les calades "bombecul", ça dit bien ce que ça veut dire. Merci pour cette leçon d'histoire très intéressante.

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