Allier (mars 2016) 2ème partie

Une balade au fil du temps

Montluçon

Première difficulté : se garer le temps de visiter la ville.

Pas évident...nous nous posons finalement sur le parking du centre commercial Saint-Jacques.

De là, il suffit de traverser le pont Saint-Jacques, d'emprunter quelques rues pour se trouver dans le quartier historique.

Mais avant, un peu d'histoire :

On trouve des traces écrites d'une cité dès le VIIIème siècle, puis un castrum est mentionné au XIème siècle. Montluçon est rattaché au domaine des sires de Bourbon suite au mariage de Béatrix de Montluçon avec un membre de la famille des Bourbons.

Ce n'est qu'au XVIème siècle que la cité revient à la couronne de France avant de prospérer avec la révolution industrielle au XIXème siècle. En effet, l'extraction du minerai de fer dès la fin du XVIIIème siècle dans le Bourbonnais a contribué à l'essor de l' industrie métallurgique et fait de la ville dès 1840, une place charnière entre le minerai transitant par le canal et le charbon arrivant par chemin de fer à traction hippomobile.

Montluçon a gardé les traces de ce passé, son centre historique nous raconte le Moyen-Âge alors que les hôtels en périphérie nous parlent de cet âge d'or.

Nous empruntons une jolie rue pavée, bordée de maisons dont certaines à pans de bois entourent de part et d'autre la fontaine des lions et l'église Saint-Pierre.

A droite, une maison à double encorbellement, une bien jolie astuce pour payer moins d'impôts,
la surface au sol se trouvant ainsi réduite ! A gauche, la maison des Douze Apôtres.

L'entrée de l'église Saint-Pierre du XIIème siècle. et la Fontaine des lions. De la construction initiale de cette-ci, seul subsiste l'arc en grès du XIIème siècle.  On a utilisé de la pierre de Volvic lors de sa modification au XIXème siècle en y adjoignant deux têtes de lions en fonte. On attribuait autrefois des vertus bénéfiques à son eau.

L'entrée de l'église Saint-Pierre

La sobriété de l'extérieur se retrouve à l'intérieur, l'ensemble est massif bien qu'élégant.

L'église est assez sombre, la lumière ne passant qu'avec parcimonie par les quelques vitraux.

Vierge de Pitié (Statue en pierre du XVIème siècle). Outre cette Vierge, on peut aussi admirer les sculptures de Sainte-Barbe et Sainte-Madeleine, toutes deux du XVème siècle, mais la lumière est trop faible pour que mon APN rende une image potable !

Adossée à l'église, la maison des Douze Apôtres est l'une des plus belles du quartier Saint-Pierre. Douze Apôtres ? Parce que 12 statues étaient sculptées sur les pans de bois jusqu'à leur arasement à la Révolution.

La place de la fontaine dans la rue de la fontaine ne pouvait qu'héberger une jolie fontaine (pas encore en eau dommage !)

La fontaine est telle qu'au XVème siècle, elle était alimentée par une source captée au lieu-dit "les Conches". Des conduites émaillées et enrobées de béton remontent à la période gallo-romaine.

Face à la fontaine, l'Hôtel Alexandre de Beausson.

L'Hôtel de Beausson et son portail en pierre remanié au XVIIème siècle. Sur le vantail est sculpté un pélican
 nourrissant ses petits de ses entrailles.  Cette sculpture aurait une signification pour les francs-maçons.

Et nous arrivons à l'église Notre-Dame reconstruite entre la fin du XIVème et la fin du XVème siècles à l'emplacement d'une église romane dont il ne reste qu'une partie du chevet.

Piéta en pierre du milieu du XVème siècle.

Retable de la Vierge en bois sculpté et doré du XVIIème siècle.

Un petit chien bien patient qui attend la fin de la visite...

La façade est à pans coupés pour ne pas gêner la montée au château.

Et les gargouilles...

...encore une...

...je la trouve bien jolie celle-ci !

La très belle frise ciselée juste sous le toit

De l'église au château, juste quelques pas...et une dernière petite montée avant de parvenir à l'esplanade Louis II de Bourbon (dit le Bon Duc (1337-1410)).

Et là, c'est une jolie surprise, un beau château à l'architecture assez inattendue !

Le château est construit sur l'emplacement d'un édifice (mentionné dès le XIème siècle) détruit au XIIIème siècle lors de la guerre de Cent ans par les Anglais. Reconstruit dès la fin du XIVème siècle, c'est au cours du XVème siècle que sont ajoutées la galerie à l'italienne et l'horloge.

Du château, il reste le corps de logis, le donjon et la tour de l'horloge surmontée d'un campanile.

Après quelques siècles d'abandon, le château a servi de caserne au XIXème siècle, puis restauré vers 1935.
Le Musée municipal y est installé depuis 1955.

De l'esplanade, nous profitons de la jolie vue sur la ville et les alentours.

Ce monumental escalier de pierre, dominé par deux lions permet de rejoindre la ville.

Un des lions en pierre de Volvic

Nous redescendons la rue du château et nous trouvons sur la place Notre-Dame, face au passage du Doyenné.

Le passage du Doyenné est un passage voûté sur une croisée d'ogives dont les extrémités sont sculptées.

Un corbeau sculpté

Un autre corbeau

L'église Notre-Dame vue du passage

Sitôt le passage passé, ne pas oublier de lever les yeux pour admirer la fenêtre du Doyen.

Une baie du XIIIème siècle en plein cintre avec de chaque côté la statue d'un petit musicien.

Détail de la baie

Nous parvenons enfin à l'Office du Tourisme, récupérons un plan et du coup refaisons un petit tour dans cet univers moyenâgeux avant de rejoindre le XIXème siècle.

L'Office du Tourisme à côté de la "Tour fondue" (XIIIème-XVème siècles)

La plupart des maisons à pans de bois datent des XVème et XVIème siècles.
Une petite Vierge à l'angle du premier étage.

D'un peu plus près...

Une autre Vierge à l'angle d'une rue

Une maison à pans de bois. Le rez-de-chaussée n'a rien perdu de sa destination commerciale, mais à la place de l'échoppe d'un artisan, un magasin. Le 1er étage repose sur un mur en pierre, il est à ossature de bois hourdés en torchis.

Un passage par le Jardin Wilson, créé en 1937 dans des jardins d'hôtels particuliers. Il se trouve près de l'emplacement des anciens remparts de la cité.

De l'entrée de cet agréable jardin à la française, on voit l'hôtel de Charnisay (XVIIème-XVIIIème siècles) cédé à la ville par son dernier propriétaire. S'y trouve le Musée des Musiques Populaires (Le Mupop), fonds de référence en France grâce à sa collection d instruments de musique.

Un bel escalier mène au buste d'André Messager

André Messager, compositeur de l'école française d'opérette classique (1853-1929)

La perspective de ce beau jardin n'est en rien gâchée par les fleurs absentes encore en cette saison, ni par le bassin pas encore en eau. Mais en été, le jardin doit être encore plus beau !

En face de l'entrée du jardin, se dresse la porte Fouquet.

Pourquoi Fouquet ? Quand au XVIIème siècle, Louis XIV fait arrêter Nicolas Fouquet son surintendant des finances, dans le même temps la mère, la femme et les trois enfants de celui-ci sont exilés à Montluçon. Pour se rendre à l'église Saint-Pierre, Mme Fouquet fait rouvrir l'ancienne porte de Cohelene, devenue alors Porte Fouquet.

Nous croisons le Mémorial de la Résistance et retrouvons le château.

Changement d'époque, autre univers.

Le passage est soudain, nous quittons une petite rue médiévale pour nous trouver devant des façades de style classique. De la quiétude des ruelles quasiment sans voitures, une autre facette de la ville s'offre à nous avec feux, passages piétons.

Entre la place de la Comédie et la place Jean Jaurès, le théâtre municipal et l'Hôtel de Ville se partagent le même immense bâtiment. Le théâtre érigé à la place de l'ancienne chapelle des Ursulines, inauguré en janvier 1914, présente une façade richement sculptée.

En 1909, la municipalité rase l'ancien couvent des Ursulines et édifie sur les fondations l'Hôtel de Ville. Ce dernier nous présente sa majestueuse façade de style classique.

Place Jean Jaurès

En face de l'Hôtel de Ville, le palais de justice.

Château et square de la Romagère  du nom de son ancien propriétaire le comte de la Romagère, riche industriel et notable de Montluçon. Le château de style néo-Louis XIII et sa cour d'honneur devenue ce joli square de nos jours, appartient aujourd'hui à la ville.

Quelques belles bâtisses sur le Bd de Courtais :

Le château domine la place Edouard et Georges Piquand

Nous longeons l'avenue Marx Dormoy, avec sa quadruple  rangée de platanes bordant de belles maisons. Ici, une statue de Marx Dormoy, maire socialiste de la ville de 1926 à 1940, président du Conseil Général de l'Allier, député, sénateur et ministre de l'Intérieur du Front Populaire. Que de titres !!! Moi ce qui m'interpelle le plus, c'est la position couchée ???

1896 : Date d'édification de cette maison de style néo Louis XIII. Son jeu de briques rouges et noires ne peut qu'attirer le regard. Elle se trouve à l'angle de l'avenue Marx Dormoy.

L'avenue Jules Ferry n'est pas en reste, quant à la succession de belles demeures. Un beau balcon en fer forgé devant des plaques de céramique et une jolie frise de céramique sous la base du toit.

Le collège Jules Ferry dans la rue du même nom. Édifié en 1884, après la démolition de l'ancien couvent des Bernardines,  lui-même confisqué à la Révolution et démoli en 1884.

A l'angle de l'avenue Jules Ferry, nous découvrons la façade des anciens bains-douches, création de l'architecte Pierre Diot en 1912.

Détail de la façade des bains-douches. On retrouve là, le style art déco, couleur et géométrie sur les mosaïques.

L'entrée des bains-douches avec ses carreaux de faïence aux motifs floraux.

Une balade le long du Cher pour traverser à nouveau le pont Saint-Jacques

EUREKA !!!
Une statue couchée, alors qu'il n'est nul question d'un banquet antique...cela m'a interpellée.
Mes recherches m'ont peut-être donné la raison de la position couchée de la statue de Marx Dormoy. Mis en résidence surveillée à Montélimar, il a été assassiné en juillet 1941, une bombe placée sous son matelas au niveau de l'oreiller a explosé le tuant sur le coup.

Montluçon nous a séduits. Tant de contrastes dans cette ville où s'égrène l'Histoire le temps d'une balade.
Nous rejoignons notre maison sur roues pour continuer notre route sous d'autres cieux.