Une abbaye,
labellisée
"Grands sites d'Occitanie" en 2009
"Centre Culturel de rencontre" en 2015
et une église russe
Capture d'écran "Via Michelin" et localisation du parking. |
Arrivés à la nuit tombée à Sylvanès, nous avons vite tiré les rideaux et soupé avant de rejoindre les bras de Morphée. Que faire d'autre ? Le seul point animé de ce minuscule village en cette soirée d'octobre semble être le restaurant qui fait face au parking et nous sommes plutôt surpris d'y voir tant de monde à table.
Coordonnées GPS de notre parking : N 43°50'1.8170'' - E 2°57'32.4890''
Hormis les claquements des portières de voitures au fur et à mesure que les gens quittaient le restaurant, pas un bruit, je peux même dire que la nuit a été très calme.
Quelques photos au lever du jour, en attendant 9h30, l'heure d'ouverture de l'abbaye.
Une fois entrés (visite : 3 euros par adulte) et munis d'un "Livret de visite" élaboré par le Centre Culturel de Rencontre, nous pouvons découvrir l'abbaye.
J'ai d'ailleurs puisé les infos dans ledit livret pour écrire cet article.
Un brin d'Histoire pour commencer :
Fondée en 1136 par Pons de l'Héras, bandit de grand chemin repenti, l'abbaye cistercienne connaît deux siècles de rayonnement avant d'entamer son déclin, déclin accentué par le régime de la Commende instauré en 1477.
A la Révolution, l'abbaye subit le même sort que bien d'autres abbayes françaises. Vendue, démantelée, elle servira surtout de bâtiment agricole mais aussi de mairie, école et presbytère.
En effet, il ne subsiste plus qu'une partie de la structure initiale ; les ailes ouest et sud ont disparu. Ainsi, exit les réfectoires tant celui des moines que celui des convers, de même que la cuisine, le cellier, le parloir, l'hôtellerie et les 3/4 du cloître dont il ne reste que la partie située à l'Est.
Classée à l'inventaire des Monuments Historiques en 1854, elle est rachetée par la commune en 1970.
L'Association des Amis de l'Abbaye de Sylvanès déploie toute son énergie depuis plus d'une quarantaine d'années pour la faire revivre tant artistiquement que culturellement au travers de la musique et du chant.
Ainsi, dès l'entrée, nous percevons des notes haut perchées venant des différentes pièces qui compartimentent à présent l'ancien dortoir des moines.
Et cette semaine, un stage est réservé aux chanteurs de haut niveau ainsi que nous l'apprenons à l'accueil.
Qui dit abbaye cistercienne sous-entend une grande sobriété des décors afin de privilégier la prière et la méditation et celle-ci ne déroge pas à la règle.
Face au cimetière, le chevet de l'église peut s'enorgueillir de toujours posséder devant ses fenêtres, les grilles en fer forgé du XIIème siècle.
"L'ancien dortoir des moines transformé aux XVIIème et XVIIIème siècles en logis abbatial par les abbés commendataires."
Nous commençons par descendre l'escalier des matines qui permettait aux moines de rejoindre l'église pour assister à l'office nocturne qui débutait la journée vers 3 heures du matin.
L'église est vaste, c'est l'une des plus larges de France (14.50 mètres de largeur pour 18 mètres de haut) et les nouveaux vitraux installés en mai 2018 contribuent largement à la rendre lumineuse.
Ils sont le fruit du travail de Jean François Ferraton et de l'atelier du maître verrier Philippe Brissy. Incolores, exempts de sertissage, ils laissent grandement pénétrer la lumière.
Au fond du chœur, sept puits de lumière pour les sept jours de la Création.
Derrière l'orgue, la grande verrière est un superbe exemple de gothique rayonnant :
Le grand orgue construit entre 1994 et 1997 est l'oeuvre de Daniel Birouste, imposant, il occupe tout le fond de la nef avec pas moins de 12 mètres de haut, 9 mètres de large et 3 mètres de profondeur.
Il a nécessité 30 000 heures de travail et une quantité non négligeable de bois de châtaignier, d'acier, d'étain et de plomb.
La rosace du transept Nord comprend 12 lobes pour les 12 apôtres :
Sous la partie du cloître encore existante, se trouve l'ancienne sacristie transformée en boutique mais nous n'en verrons que le tympan puisque la porte est close.
Voici ce qu'en dit notre livret :
"La porte d'entrée est surmontée d'un magnifique tympan monolithe taillé en faible relief, véhiculant un puissant message symbolique, dont l'interprétation pourrait se faire à partir de l'Apocalypse de Saint-Jean :
- A gauche, l'agneau portant la croix symbolise le Fils, Christ sauveur et ressuscité.
- A droite, la colombe posée sur une tige issue d'une fleur de lys rappelle le verset d'Isaïe : "un rameau sortira de la souche de Jessé, et sur lui reposera l'Esprit de Dieu" (Isaïe XI 1-2). La première fleur représente Marie, le rameau Jésus et la colombe le Saint-Esprit.
La triple arcature, symbole trinitaire, nous renvoie à la Jérusalem céleste, cité de Dieu."
En suivant, la salle capitulaire dans laquelle se réunissaient les moines chaque jour pour y lire et commenter un chapitre de la Règle de Saint-Benoît et y prendre les décisions importantes pour la communauté.
Peu admirative concernant l'enduit jadis posé à la demande des abbés commendataires pour la transformer en salon, je ne peux qu'admirer les deux baies romanes du XIIème siècle.
Un rossignol ?
Non, tout simplement une très belle voix enchaînant les notes avec grâce.
Cela vient du scriptorium. J'ose ou pas ?
Je finis par entrouvrir la belle porte en bois et suis invitée à entrer. Aussi discrète que possible, je ne peux qu'admirer cette salle voûtée qui même si elle a subi d'importantes modifications reste magnifique.
Les moines copistes venaient y travailler et lire.
Un joli rouquin nous attendait à la sortie de l'abbaye mais la vue de Guess a coupé ses ardeurs amicales.
En quittant l'abbaye, je ne peux que regretter qu'elle ait autant pâti des dommages dûs au temps et à l'Histoire.
Même s'il existe un chemin de randonnée , nous préférons prendre le cc pour parcourir les 4.5 km qui séparent l'abbaye de l'église russe.
C'était sans compter sur les effets d'un traître coup de vent qui a mis à terre quelques arbres cette nuit, obstruant la route dans le même temps.
Un habitant nous indique l'autre seule voie d'accès à l'église, le seul ennui, elle est en sens interdit.
Je ne vous dis pas combien j'étais soulagée d'avoir une voiture pour ouvrir la route, plutôt le chemin devrais-je dire.
Nous roulons sur une voie aussi étroite, qu'escarpée et chaotique à travers la forêt de Pessalles avant d'être enfin récompensés. Il était temps, les mètres m'ont paru des kilomètres, l'église se mérite, c'est le moins que l'on puisse dire !
Enfin !!!
Tout à coup, elle se dresse dans toute sa majesté au milieu d'une clairière cernée de toutes parts par la forêt de sapins.
Le panorama est grandiose, on a vraiment l'impression d'être au milieu de nulle part.
Cette église en bois a été construite en Russie, démontée, transportée par le train et remontée dans ces bois aveyronnais par les mêmes jeunes charpentiers russes qui l'avaient construite.
La construction par assemblage de rondins emboîtés sans clous ni vis dans la pure tradition russe du VIIème siècle, ne peut que nous rendre admiratifs.
Si l'on ne s'attend pas à trouver un cadre aussi majestueux au bout de ce chemin forestier, on ne s'attend pas plus à trouver une tombe près de cette si belle église. C'est celle du Père Serge de Laugier de Beaurecueil.
Ce dominicain a semble-t-il tenté sa vie durant de tisser des liens entre les civilisations et les cultures.
La phrase qui entoure l'épaisse dalle de marbre rose sur trois côtés est à méditer :
"Si tu viens visiter ma tombe, ne t'étonne pas si tu vois le monument danser et n'oublie pas ton tambourin la tristesse ne convient pas au banquet de Dieu."
Nous avons fait plusieurs fois le tour de l'église, respiré à pleins poumons l'air qui ici semble plus pur, admiré sans retenue le paysage avant de nous décider de rentrer au cc pour déjeuner en attendant 14 heures pour visiter l'intérieur.
14h15, 14h30, 14h45, 15h...mais...Nenni ! Nada ! Rien ! Personne ! Nous avons pourtant vérifié les jours et dates d'ouverture sur le site et nous sommes dans les clous.
Déçus, au bout d'une heure de vaine attente, nous nous décidons à quitter les lieux. A moins d'un empêchement justifié, ponctualité et respect des visiteurs ne semblent pas être l'objectif premier de celui ou celle censé(e) ouvrir l'église à la visite.
Nous reviendrons, par contre je ne suis pas certaine de vouloir grimper jusqu'au sommet avec le cc ayant découvert un petit parking en bas du chemin enfin dégagé. Cette fois, nous avons eu beaucoup de chance de ne croiser personne. Et puis, il nous manque aussi un musée à voir, le musée Zamoyski tout proche. Il présente des sculptures d'Auguste Zamoyski.
Avec un jour d'avance, décision est prise de rejoindre le château de Montaigut sur la commune de Gissac.
Mais auparavant, il nous faut traverser le Rougier de Camarès avec ses sols chatoyants, si riches en oxyde de fer qu'ils sont de couleur rouge brique.
Vous le voyez, tout là haut sur la colline, tel un guetteur à l'affût ?
Les derniers mètres seront les plus pentus...
...mais la suite de la balade, c'est pour une prochaine fois. Il me faut d'abord trouver le temps, soit quelques paires d'heures pour classer, trier et choisir les photos, et l'inspiration pour écrire le texte.
Je vous dis donc à bientôt 😉
Mais pour celles et ceux qui veulent en savoir un peu plus sur l'abbaye de Sylvanès, vous pouvez vous rendre sur leur site - cf. ICI
Coucou Brigitte,
RépondreSupprimerUne magnifique abbaye avec ce scriptorium de toute beauté ! Je commençais à me régaler de voir l'intérieur de cette église russe mais que nenni, c'est surtout dommage pour vous surtout après votre ascension périlleuse. Mais voilà un endroit qui me plairait bien de visiter. Merci pour ce joli partage. Bise charentaise.
Hello! Avons eu la même expérience que vous pour l'église Russe à savoir qu"elle était fermée !
RépondreSupprimerMerci pour cette revisite de l'abbaye qui est superbe !
Bonsoir Brigitte. Merci pour ce partage. Vos commentaires et photos nous procurent toujours autant de plaisir. Encore une bonne idée de ballade dans cette si belle région.
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