lundi 4 novembre 2024

Côte-d'Or : Flavigny-sur-Ozerain (mai 2022) - Musée des Anis

 




Présentation de ce voyage (cliquer pour accéder à l'article et si le lien ne fonctionne plus :  https://baladesmv.blogspot.com/2024/09/bourgogne-franche-comte-et-auvergne.html )

Pour être honnête, je n'avais pas fait le rapprochement entre le nom du village et celui de ces petits bonbons blancs que nous avons mangés tant de fois enfants. Il faut dire que l'on en trouvait partout, à l'époque où les grandes surfaces n'existaient pas encore. Rares étaient les commerces de proximité où ils ne se trouvaient pas en bonne place, près de la caisse.
Aujourd'hui, ils se font plutôt discrets, submergés par la vague de ceux en "gélatine qui pétille" et c'est à qui pétillera le plus !


Nous ne visiterons pas l'usine, fermée le samedi...mais le magasin et le Musée de l'Anis sont ouverts, alors...go !


Et pour mieux situer les liens étroits qui existent entre le village et la fabrique, voici pour ceux que ça intéresse la retranscription de ce panneau :

"Flavigny : 2000 ans d'histoire

52 avant JC

Alésia : César installe sur la colline 3 camps militaires dont l'hôpital et l'infirmerie. Il rapporte avec lui des graines d'anis vert pour soigner ses troupes des troubles digestifs. Après la victoire de César, celui-ci offre la colline à Flavinius, l'un de ses vétérans, qui donne son nom au bourg.

719

Fondation de l'abbaye par Waré (ou Wideradus).

L'abbaye est aujourd'hui l'un des plus anciens bâtiments religieux de France et possède un rare plan vertical carolingien intact. La règle bénédictine rédigée par saint Benoît de Nursie au VIe siècle organise la vie quotidienne des moines entre la prière, le travail manuel et le travail intellectuel.

755

Manassès le Grand, premier abbé de Flavigny, apporte les reliques de saint Prix (aussi nommé  saint Preject), évêque de Clermont-Ferrand au VIIe siècle.

VIIIe siècle

La Laus perennis, louange perpétuelle, est chantée jour et nuit dans l'église de l'abbaye.

812

Charlemagne ordonne que l'anis soit cultivé dans les couvents et les monastères. Est-ce à ce moment-là que les moines eurent l'idée d'enrober la graine d'anis dans du sirop de sucre pour devenir petit à petit la dragée que l'on appellera Anis de Flavigny ?

Fin du VIIIe siècle

L'abbaye est dotée d'un scriptorium important.

846 ou 866

Translation des reliques de sainte Reine à l'abbaye de Flavigny pour les protéger des invasions normandes.

878

Consécration de l'abbatiale par le pape Jean VIII.

Les moines lui offrirent, dit-on, huit livres d'anis.

887

Les Normands envahissent Flavigny.

1010 à 1038

L'Abbaye acquiert plusieurs prieurés.

XIIe siècle

Construction de l'enceinte de la ville et de l'église paroissiale Saint-Genest. L'essor de l'Abbaye est associé à celui du bourg.

1210 à 1240

Reconstruction de l'église abbatiale dans un style gothique (excepté le sanctuaire).

XIVe siècle

Occupation de Flavigny par les Anglais qui la considèrent comme une place forte.

1591

Les Anis de Flavigny* sont distribués aux hôtes de marque par la ville de Semur-en-Auxois.

Fin du XIVe et début du XVe siècle

Nouvelles fortifications de l'abbaye et du bourg.

1644

Installation des bénédictins de Saint-Maur qui entreprennent de nombreux travaux de rénovation dans l'abbaye.

A la même époque, le Duc de Saint-Simon rapporte que Louis XIV aimait sucer des bonbons à "l'anisse" qu'il conservait précieusement dans un drageoir de poche rond et assez plat.

1700

Lors de son séjour à Dijon, le Prince de Condé reçoit 4 douzaines d'Anis de Flavigny pesant trente-huit livres, à raison de 28 sols la livre. En 1703, il reçoit à nouveau 24 boîtes d'Anis.

1701

Monsieur de Creancey, lieutenant du Roi  pour l'Auxois et son épouse reçoivent à Semur-en-Auxois 12 boîtes d'Anis de Flavigny, d'une valeur globale de vingt-deux livres et dix sols.

1763

Le Chevalier d'Eon, espion du Roi Louis XV, contribue à la signature d'un traité de paix avec le Roi George III d'Angleterre en lui offrant des Anis de Flavigny.

1792

Les moines fuient et le bâtiment est vendu comme bien national. Une partie de l'église est alors détruite. Certaines pierres sont réemployées dans la construction de maisons du bourg. Huit habitants de Flavigny poursuivent la fabrication des Anis, la plupart au cœur de l'ancienne abbaye. 

1896

Monsieur Galimard achète l'abbaye et la totalité des fabriques d'Anis pour n'en faire qu'une seule au cœur de l'abbaye. 

1906

La confession Sainte-Reine est classée Monument Historique.

1923

Jean Troubat rachète l'abbaye et la fabrique. Il introduira notamment les Anis* dans les gares et les métros.

1956 à 1960

Redécouverte de la crypte et campagnes de fouilles.

1965

Nicolas Troubat prend la relève de son père, épaulé par sa sœur Christine. Il introduira notamment les Anis* dans les stations-services des toutes nouvelles autoroutes.

1988

La marque reçoit le "Ruban bleu Intersuc", récompensant la longévité des Anis de Flavigny.

1990

Catherine, 3e génération de Troubat à la tête des Anis, prend à son tour la relève. Les Anis* entrent alors dans les aéroports, les jardineries, boutiques bio et l'export se développe.

1992

Les Anis de Flavigny* sont labellisés "Site remarquable du goût".

1997

Nicolas Troubat reçoit le "Prix Montgolfier" pour avoir su allier tradition et modernité dans le développement de l'entreprise.

2013

Les vestiges apparents ou enfouis de l'abbatiale Saint-Pierre sont à leur tour classés Monument historique.

2016

La fabrique d'Anis est labellisée "Entreprise du Patrimoine Vivant"."


Nous avons commencé la visite entre cuivres anciens et tamis, et avons visionné en suivant un film qui nous a fort intéressés. 














Traverser la boutique pour arriver au Musée de l'Anis requiert une grande maîtrise. Comment ne pas craquer devant toutes ces petites boîtes métalliques, toutes plus jolies les unes que les autres.
Une couleur pour un arôme !








En plus des anis, nous retrouvons des tablettes de Zan, des boîtes de coco.




L'espace dégustation nous dévoile les multiples parfums commercialisés aujourd'hui : anis, menthe, réglisse, eucalyptus, cassis, mandarine, citron, violette, café, gingembre, rose...


Dur, de ne pas céder à la gourmandise mais nous finissons par passer la porte du Musée des Anis dont l'entrée est gratuite.


La première salle nous plonge dans la grande histoire des anis. On y trouve beaucoup de documents signés par des personnes illustres.
S'il est aujourd'hui de bon ton d'offrir à nos proches des confiseries à maintes occasions et notamment aux périodes phares de Pâques et Noël, jadis ces cadeaux pouvaient faciliter les relations entre grands de ce monde.
Au Moyen-âge, le sucre était un produit de luxe et se trouvait essentiellement aux tables des rois et des princes.
Il est ainsi avéré que le Chevalier d'Eon aurait offert au roi d'Angleterre des Anis de Flavigny pour faciliter la signature d'un traité de paix.


Nous découvrons la signification du berger et de la bergère, personnages incontournables qui illustrent les petites boîtes de bonbons qu'elles soient métalliques ou en carton.


Et le symbolisme est dans chaque élément qui composent les illustrations.
Cela vous intéresse ? Voici la retranscription du panneau : 

"Pourquoi un Berger et une Bergère ?

Ce n'est pas le visage d'un moine qui illustre nos bonbonnières, mais un couple d'amoureux. Tantôt de famille noble ou bourgeoise, puis finalement plus simplement représentés par un jeune berger et une jeune bergère. Après le départ des moines lors de la Révolution Française, dans le village et au cœur de l'abbaye, huit fabricants prennent la relève. Chacun a sa propre illustration, le plus souvent un couple de berger bergère incarnant l'amour innocent par excellence. 400 ans plus tard, la représentation du berger et de la bergère est indissociable des Anis. 

Les personnages

Le berger tient rôle de guide. Sa conduite écarte toute crainte et rassemble la communauté. Il mène ses brebis vers de verts pâturages en veillant sur elles avec attention et protection contre les dangers environnants.

La bergère représente la pureté et la naïveté. 

Le couple bucolique du berger-bergère est devenu un thème omniprésent spécialement au 18e siècle. 

Les animaux

Le chien représente la fidélité et aussi des pulsions plus charnelles.

Il accompagne les amoureux et meuble par sa présence, les longs silences du couple encore pudique, qui mine de jouer avec eux, de les regarder, de les promener, et transfère sur eux les caresses qu'il leur est interdit d'échanger. 

Le mouton représente la pureté, la candeur et la joie. Il invite par son calme et son innocence à prendre son temps et à la contemplation.

Les accessoires

Le bâton est symbole du pouvoir, de dépouillement, de simplicité, de défense, d'autorité et de guide.

La cruche, dans l'Orient ancien, est symbole de féminité dont les formes même le sont. .Elle est par essence celle qui reçoit et donne la vie.

La barrière sert à préserver les convenances. Elle est un obstacle à leurs élans et les tient séparés.

Le banc permet des rencontres sans équivoque, au cœur de la ville, du village ou du jardin public, puisque son rôle est justement d'accueillir des personnes qui s'assoient et parlent entre elles. Tout dépend ensuite de la distance respective laissée entre les interlocuteurs ! Auxiliaire indispensable des rendez-vous, il représente le premier "chez nous" des amoureux. 

Les décors

La fontaine symbolise la jeunesse (fontaine de Jouvence), la douceur, la pureté. Selon la légende, les fontaines, filles de Téthys et d'Océan, sont de bienfaisantes créatures peuplant forêts et montagnes. Elles protègent les fiancés qui se baignent dans leurs eaux. La fontaine appelle les rituels ou les pèlerinages religieux. On lui attribue toutes sortes de pouvoir : guérir les maladies, exaucer les vœux.

Le village est le lieu initial où l'on puise ses forces, et symbolise un retour aux sources dans la famille et dans la communauté.

L'arbre Tilleul est dédié à Vénus, avec ses feuilles en forme de cœur, c'est le symbole de l'amour et de la fidélité. Saint Valentin prisonnier et en attente d'exécution, offrit à la jeune fille avec qui il s'était lié d'amitié, juste avant de subir son martyr, une feuille en forme de cœur sur laquelle il avait signé : "de ton Valentin". Les villageois le décoraient et dansaient autour de son tronc à l'occasion d'un mariage. En Bourgogne, le 1er mai, les jeunes gens déplacent un tilleul fraîchement coupé à la fenêtre de l'élue de leur cœur. Le lendemain, la jeune fille se doit d'inviter tous les garçons du village à venir boire un verre chez elle. Charge à la jeune fille de reconnaître celui qui a déposé le tilleul."

 









Un ancien distributeur de petites boîtes d'Anis au charme désuet mais tellement joli !



Le bonbon, de la graine d'anis à sa forme finale :





Le musée nous présente les différentes phases de la fabrication des Anis de Flavigny, de la graine au produit fini jusqu'à la livraison. C'est l'occasion de découvrir les anciens postes de travail. De nos jours, les machines ont pris le relais, même si l'homme intervient toujours bien entendu.
D'ailleurs, les dragéistes ont une formation interne de 3 ans et interviennent durant tout le processus de fabrication en faisant les ajustements nécessaires.
Les anciennes bassines à dragées en cuivre manœuvrées au XIXe siècle à la force des bras, puis à la vapeur, sont à présent entièrement automatisées.
Un Anis de Flavigny, c'est une graine d'anis à laquelle on ajoute du sucre de betterave ou de canne à sucre et des arômes naturels. Dit comme ça, cela paraît bien simple mais le processus de fabrication ne dure pas moins de 15 jours. Vous vous rendez compte 15 jours pour transformer une minuscule graine d'anis de 2 milligrammes en un bonbon de 1 gramme !






Et il ne suffit pas de produire, il faut ensuite peser, trier, conditionner, étiqueter, envoyer.



















Les gourmands ne se limitent pas à la région Bourgogne, les colis partent aux quatre coins du monde.





Guess a eu droit à la visite à la seule condition de rester aux bras, ce qui n'est pas non plus pour lui déplaire.







Retrouver les bonbons de notre enfance, c'est nous souvenir de ces sucreries que nous achetions pour quelques centimes à l'époque, mais c'est aussi prendre conscience du temps qui passe.







Après cette jolie balade gourmande, je vous donne rendez-vous la prochaine fois au pied d'un gaulois réfractaire... 😉


A bientôt ! 😉


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4 commentaires:

  1. quel beau reportage, on apprend plein de chose. merci beaucoup

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  2. Un paradis pour les gourmands et surtout pour l'anis. Mon mari serait aux anges mais pas moi. Bise charentaise. Marie

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    Réponses
    1. Oh ! Tu ne ferais pas un petit effort pour Claude ? :-)
      Bises
      Brigitte

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