Le peu que nous avions vu de Semur-en-Auxois en le traversant avant-hier nous avait plutôt plu mais nous avions filé sur Epoisses, l'aire cc étant totalement occupée par les forains.
Comme nous avons fait le tour d'Epoisses plus vite que prévu et que nous tenions à découvrir le centre médiéval de Semur nous revoilà...
...à franchir le pont Joly...
...mais cette fois nous nous garons sur le grand parking d'Intermarché. Même si nous avons vu sur internet que des camping-caristes y étaient, je vais demander à l'accueil du magasin s'il est possible de s'y garer mais aussi d'y rester la nuit. Requête accordée, et même si ce n'est pas le plus glamour des bivouacs, nous serons aux premières loges pour la Fête de la Bague puisque nous n'aurons qu'à traverser le boulevard pour y assister !
Sitôt garés, sitôt partis pour prendre le pouls de la ville. Nous sommes ravis de trouver un document mis à disposition devant l'office du tourisme même s'il est fermé à cette heure. Délicate attention et excellente initiative que nous apprécions d'autant plus que ce n'est pas très fréquent. Ce dernier situé près de la barbacane, édifice érigé au XVème siècle nous donne le ton, c'est de bon augure.
La barbacane située quelques dizaines de mètres avant la porte Sauvigny était un avant-poste défensif du Semur médiéval.
Il ne nous reste plus qu'à suivre le fléchage grâce aux petites plaques de bronze scellées au sol.
La façade intérieure de la barbacane :
La porte Sauvigny, vestige de l'ancien système défensif qui comportait 6 portes au total, a été érigée au XVème siècle. Construite pour renforcer la porte Guillier, elle était à l'origine protégée par un fossé. Dépourvue aujourd'hui de son pont-levis bien qu'il en reste les rainures, elle était le passage incontournable pour pénétrer dans la cité médiévale.
Sa façade porte le blason de la ville.
Bien que construites à des siècles différents, la Porte Sauvigny et la porte Guillier sont accolées. Leurs limites sont nettement marquées.
Sur une arche, nous pouvons lire la devise semuroise :
Sitôt la porte Guillier franchie, nous nous retrouvons dans la rue Buffon, une rue animée et commerçante aux nombreuses terrasses de cafés.
Il suffit de lever les yeux pour voir une petite tour Renaissance au toit de tuiles vernissées.
Les jolies fenêtres de toit du logis du Roy :
Dans les rues du centre historique, nous pouvons admirer maintes façades à pans de bois.
Nous ne tardons pas à arriver aux abords de l'église Notre Dame, construite en pierre calcaire de Pouillenay, fleuron de l'architecture gothique bourguignonne.
C'est une église assez imposante dont le clocher qui est son point le plus haut culmine à 58 mètres. Les tours s'élèvent à 42 mètres.
La bâtisse mesure à l'extérieur 73 m de longueur et 24 m de largeur et à l'intérieur 52 m de longueur et 21 m de largeur.
La profusion de sculptures nous retient un bon moment, en voici un échantillon :
Celle-ci est une option 😉:
Un panneau à l'entrée de l'église nous raconte son histoire, celle de ses cloches.
En voici une retranscription partielle :
" L'église Notre Dame est édifiée à partir des années 1220 à l'emplacement d'un premier édifice roman datant du XIe siècle. Monument majeur de l'architecture gothique en Bourgogne, sa construction débute par le chevet englobant l'abside, le choeur, le déambulatoire, puis le transept, le portail Nord dit Porte des Bleds et les premières travées de la nef. Durant le XIVe siècle sont achevés les portails occidentaux et la tour de croisée. Les XVe et XVIe siècles voient le percement des chapelles entre les contreforts des bas-côtés. Consacrée Collégiale en 1739, elle bénéficie d'aménagements intérieurs, mais aussi de travaux de restauration, notamment de la flèche. A la Révolution, l'église dont les bas reliefs et statues qui ornent les voussures des grands portails ont été vandalisés, devient le garde meubles des biens saisis dans les établissements religieux de la région. Rendue au culte en 1805, il faut attendre 1839 pour qu'une commission soit créée en vue du lancement d'un premier chantier de restauration. Classée Monument Historique dès 1840, l'église Notre Dame bénéficie alors d'une vaste campagne de restauration orchestrée par Eugène Viollet le Duc dès 1843. Ce dernier citera l'exemple semurois à différentes reprises dans son Dictionnaire raisonné de l'architecture. Une nouvelle restauration a lieu au début des années 2000."
Quant aux cloches, elles sont au nombre de 6, réparties entre le clocher et les deux tours.
La tour lanterne abrite Dindelle du XIXe siècle d'un poids de 186 kg, Louise de 1829 d'un poids d'environ 1800 kg et Marie fondue en 1807 et refondue en 1886, d'un poids estimé à 942 kg.
La tour Nord abrite Barbe de 1857 d'un poids estimé à 4969 kg.
Sur le toit en terrasse de la tour Sud, enserrée dans un campanile en fer forgé se trouve Nicolas, la plus ancienne des cloches de l'église qui date de 1515 et a un poids estimé à 1063 kg.
Chaque cloche a sa fonction, une note et un indice d'octave différents.
Ainsi Nicolas rythme les heures du jour et de la nuit.
Louise et Marie invitent la population à la messe dominicale.
Marie résonne lors de l'Angélus et fête les mariages alors que Dindelle claironne pour les baptêmes.
Barbe, le bourdon a la lourde tâche de sonner le glas pour les obsèques mais il laisse une petite part à Marie, Louise et Nicolas.
Enfin, hormis Nicolas, toutes font entendre leurs notes pour les grandes fêtes.
Seules les cloches du XVIe siècle, situées dans le campanile sont à l'arrêt depuis plusieurs décennies.
Quelques traces de polychromie ?
Le cloître, passage incontournable entre le prieuré et l'église possédait jadis deux galeries du XIIIe siècle auxquelles se sont ajoutées deux galeries au XVIIe siècle.
Même si cet ensemble a subi des transformations au cours des siècles, l'on peut toujours voir quelques jolies clés de voûtes et ce qu'il reste du puits.
Mais revenons dans l'église où les chapelles se succèdent et où pour chacune "Les Amis de la collégiale de Semur-en-Auxois" ont rédigé des commentaires.
Ainsi se succèdent la chapelle Saint-Cyr et Sainte-Julite,
La chapelle du calvaire,
La chapelle des quatre-couronnes,
Menant à la sacristie, une grande toile du XVIIème siècle provenant du couvent des Ursulines de Semur. Elle représente "La Trinité".
Le chemin de croix est plutôt original. Une des stations pour exemple :
Le déambulatoire :
Le choeur est clos par une belle grille en fer forgé du XVIIIème siècle.
La chapelle du Sacré-Cœur et son baldaquin du XIXème siècle copié sur celui de l'Arbre de Jessé qui est associé au tableau de André Ménassier.
La chapelle Saint-Eloi se distingue par ses vitraux du maître verrier Socard, elle commémore depuis 1922 les victimes de la guerre 1914-1918. Sous le vitrail de gauche "Les Flandres Artois Picardie Marne Aisne Oise", sous le vitrail de droite "Argonne Côte de Meuse Lorraine Vosges Alsace Armée d'Orient" et au centre Jeanne d'Arc canonisée avec au-dessus d'elle Dieu.
La chapelle Notre Dame où les quatre verrières du XIIIème siècle entourent une fenêtre centrale du XIXème siècle.
Dans ce qui fût jadis l'ancien choeur paroissial, s'élève un baldaquin de style gothique en bois peint et doré du XVème siècle. Celui-ci encadre une peinture à l'huile sur bois de la même époque.
"La Porte des Bleds" entourée de cinq tableaux essentiellement du XVIIIème siècle.
La chapelle Sainte-Barbe et son vitrail du XVIème siècle qui relate la vie de Sainte-Barbe, martyre au IIIème siècle.
La chapelle Saint-Lazare avec son mur ajouté sert d'écrin à une mise au tombeau. Une Vierge allaitante du XVème siècle orne le tympan de la porte sculptée qui date de la même époque.
Le vitrail de la chapelle Saint-Lazare a été offert par les soldats américains de la guerre 1914-1918 dont le quartier général de la 78ème division se trouvait à Semur.
Et voici une des plus belles "Mises au tombeau" de Bourgogne qui date du XVème siècle.
Le grand orgue date du XVIIIème siècle mais la structure d'origine s'est vue augmenter de quelques jeux.
Il y a bien d'autres chapelles, certaines plus obscures, ce qui fait que je ne les ai pas présentées ici.
A ma sortie de l'église, je retrouve un petit chien au taquet. 😊
Nous contournons l'église et tombons sur la Porte des Bleds mais côté rue cette fois-ci.
Des panneaux accrochés sur la grille du jardin nous en apprennent un peu plus sur la Fête de la Bague.
Je vous en retrace les grandes lignes ?
Concernant l'Anniversaire de la Charte communale, tout démarre en 1276 avec l'octroi des libertés communales par le Duc de Bourgogne aux bourgeois de Semur. Cet acte authentifié sur un parchemin est toujours conservé au fonds ancien de la bibliothèque municipale. Des défilés en costumes d'époque marquent cette date anniversaire.
Quant à la course de la Bague, c'est la plus ancienne course équine de France, elle consiste à parcourir 2112 mètres sur terre battue. Elle met à l'honneur le Trait auxois, race incontournable pour perpétuer les foires médiévales notamment celle de la Fête de la Bague. Les participants portent une tenue de mousquetaire, le vainqueur gagne une bague en argent frappée aux armes de la ville.
Une chose est sûre, ce n'est ni aujourd'hui ni demain que nous visiterons le musée, provisoirement fermé.
Mais rien n'empêche de vous en dire quelques mots.
Un temps école de Dessin, de Sculpture et d'Architecture, le musée a intégré les murs de cet ancien couvent des Jacobines du XVIIème siècle dès 1836.
Y sont présentées diverses collections à travers :
- une salle archéologique dont les pièces les plus anciennes datent du paléolithique,
- une galerie de paléontologie et de géologie où sont exposés plus de 10 000 spécimens,
- une collection de plaques de cheminées datées entre le XVème et le XIXème siècles,
- une salle de zoologie, ambiance cabinet de curiosités,
- une galerie des Beaux-Arts, même si l'on trouve diverses peintures dans le musée, celles-ci couvrent une période allant du Moyen-Âge au XIXème siècle,
- et un ensemble de sculptures.
Et si je m'en tiens au flyer qui est en ma possession, à toutes ces précisions, j'en rajouterai une qui pour nous est de taille : Le musée est interdit à nos amis canins.
Un autre panneau mais cette fois pour mettre en avant des sculpteurs qui ont un lien avec l'Auxois-Morvan : François Pompon, Jean Dampt, Aimé Millet, Eugène Guillaume et Augustin Dumont.
Nous empruntons une rue qui nous faisant franchir la porte de la Fontaignotte, nous emmène jusqu'à la rivière Armançon. C'est cette dernière qui a érodé durant des siècles la couche calcaire mettant le granit rose à nu; c'est elle formidable artiste qui a créé l'éperon rocheux sur lequel la ville a été construite.
Nous longeons la rivière, passons devant le pont Pinard qui ne compte plus ses mésaventures survenues lors des multiples crues auxquelles il a dû faire face.
Avant la crue du 12 mai 1856 qui est notifiée sur son muret, le pont Pinard a essuyé celles de 1613, 1720, 1765...
Aussi jolie soit la balade au bord de l'eau, nous ne longeons pas longtemps l'Armançon et empruntons l'escalier du Fourneau et ses 141 marches qui nous conduisent à la porte des Cycogniers.
Vestige de l'ancien éclairage public :
Peu après avoir passé la porte des Cycogniers, c'est au pied de la Tour de l'Orle d'Or, précédemment nommée Tour Lourdeaul que nous nous retrouvons.
Tour maîtresse de l'ensemble défensif de la ville, et même si ses murs à la base ont 5 mètres d'épaisseur, elle en impose avec ses 15 mètres de diamètre. Elle aurait côté rivière une hauteur de plus de 40 mètres. Ses quatre niveaux servent d'abri aux collections de la Société des Sciences historiques et naturelles de la ville.
Toute proche, la bâtisse imposante du Théâtre du Rempart.
Inauguré en 1847, ce théâtre à l'italienne de style Empire a été reconstruit à l'identique suite à un incendie survenu en 1901. Depuis lors, et après trois restaurations, il assure toujours sa fonction culturelle auprès des Semurois.
La jolie vue sur le Pont Joly construit au XVIIIème siècle.
Même si nous n'apercevons bien souvent que leurs toitures qui nous laissent présumer de leur forme, rien ne nous empêche d'admirer les grilles des hôtels particuliers situés dans le quartier du château. La plupart, érigés au XVIIIème siècle, sont autant le signe d'une période florissante que du statut politique élevé de la ville.
Nous ne pouvons qu'admirer la superbe ferronnerie qui se trouve au-dessus du portail de l'hôtel de Chassey.
La grille de l'ancien hôpital installé en 1734 dans un hôtel particulier est plus discrète.
D'hôtels particuliers en hôtels particuliers, de hauts murs en grilles imposantes, nous parvenons à la promenade des Remparts créée sur les anciens remparts qui n'avaient plus lieu d'être. Le site planté de tilleuls offre une jolie vue sur la vallée et les collines aux alentours.
Nous avons repris notre balade entre les murs des hôtels particuliers jusqu'à celui de Gueneau de Montbeillard, collaborateur de Buffon.
Dans la rue du rempart, le puits dit du Donjon servait à fournir en eau les habitants du castrum. Il a été creusé dans le granit. Il a fallu une dizaine d'années pour atteindre une profondeur dépassant les trente mètres. Sa structure en fer forgé date probablement du XVIIème siècle.
Si vous nous avez suivis jusqu'ici, vous avez déjà fait un bon tour du centre historique de Semur.
Je vous mets à présent quelques photos de la Fête de la Bague.
La foire commerciale est animée, les forains étaient présents en grand nombre à ce grand rendez-vous. Monter et descendre les allées nous a bien fatigués.
Mais à vrai dire, nous n'avons pas compris grand-chose à la course elle-même
Nous avons suivi le mouvement, avons patienté près des barrières, vu quelques chevaux passer au galop pour certains, au petit trot pour d'autres.
Et attendu, attendu...quand au bout d'un long moment de vaine attente, j'ai demandé à mon voisin quand est-ce que cela commençait, quelle n'a pas été ma surprise d'avoir pour réponse : "Mais ça y est, ils sont passés !".
Nous avons comme eu l'impression d'avoir manqué un épisode... !
Après une nuit réparatrice, quelques courses à Intermarché pour les remercier de leur accueil, il est temps pour nous de quitter Semur-en-Auxois. Nous garderons un excellent souvenir de notre balade dans son centre historique.
La prochaine fois, nous serons toujours en Côte-d'Or, mais je vous retrouve à Saulieu, berceau de la gastronomie française...mais n'allez pas faire de suppositions hâtives, nous n'avons fait que prendre en photos le restaurant gastronomique de Bernard Loiseau. 😋
A bientôt ! 😉
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« Balades par monts et par vaux »
Coucou Brigitte,
RépondreSupprimerEn lisant ton compte rendu je me pose une question : pourquoi un terme arabe pour désigner une porte dans cette église ? Y-a-t'il une explication stp ? Un beau centre ville. Merci pour le partage. Bise charentaise. Marie
Bonjour Marie,
SupprimerEh bien, je me suis aussi posée la question mais désolée je ne peux te fournir aucune réponse dans l'immédiat.
Bises
Brigitte