lundi 3 mars 2025

Côte-d'Or : Beaune : L'Hôtel-Dieu (mai 2022)








Présentation de ce voyage (cliquer pour accéder à l'article et si le lien ne fonctionne plus : https://baladesmv.blogspot.com/2024/09/bourgogne-franche-comte-et-auvergne.html)


On ne peut consulter un bulletin touristique, regarder un flyer sur la Bourgogne sans y voir en bonne place une image des magnifiques toits vernissés de l'Hôtel-Dieu.
Hôtel-Dieu, Hospices de Beaune, Hôtel-Dieu des Hospices de Beaune, c'est au choix mais il est toujours question du même "monument", de cette bâtisse emblématique de Bourgogne.

Et étant à Beaune, nous ne pouvions décemment rater cette visite.
D'ailleurs, le petit train touristique qui permet de faire le tour de la ville prend le départ devant la façade de l'Hôtel-Dieu.



L'Hôtel-Dieu fondé en 1443 par Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne avait pour vocation d'être "la réception, l'usage et la demeure des pauvres malades", telle en est la mention dans l'acte de fondation. S'il était question d'y offrir hospitalité et charité aux gens de passage et malades sans ressources, il était aussi question du salut de l'âme du chancelier, secondé dans cette entreprise par sa femme Guigone de Salins.

Suite au don d'un terrain par la ville, l'Hôtel-Dieu se trouve idéalement situé au centre de Beaune, près des halles, du couvent des Cordeliers et du Parlement mais il est surtout proche de la rivière Bouzaize.

Construire un tel ensemble requiert une masse importante de matériaux dont la plupart proviennent de sites relativement proches (pierre, chaux, sable, bois, carrelage). Plus de 300 chênes ont été abattus pour réaliser poutres et autres assemblages. Il est vraisemblable que le chantier disposait de sa propre forge.

L'ensemble de la bâtisse entoure une magnifique cour d'honneur. Le mur que l'on voit côté rue correspond à la salle des Pôvres, laquelle est prolongée par la chapelle dont la flèche haute d'une cinquantaine de mètres pointe vers le ciel. Celle-ci d'ailleurs a été restaurée au cours du XXème siècle. 
Mais bien d'autres salles composent cet ensemble.

Guess bien installé dans son sac à dos, c'est munis d'audioguides que nous débouchons dans la cour d'honneur.

Même si l'on est préparés après avoir vu tant de photos, on ne peut qu'apprécier la beauté des toitures. Quelle splendeur !
On comprend mieux l'engouement pour ce joyau architectural. Et prendre des photos sans trop de foule requiert une bonne dose de patience.
Ceci dit, il m'a été impossible , contrairement à mon habitude, d'avoir des clichés exempts de monde sauf à prendre un peu de hauteur et à me focaliser sur les étages supérieurs et les toits.

Aile où se trouvent entre autres la salle Saint-Nicolas, la cuisine et la pharmacie : 










L'aile au fond de la cour abrite les salles Sainte-Anne et Saint-Hugues :




Face à nous, la partie qui abrite la salle Saint-Louis, le polyptique et la boutique et sur notre droite, le mur bien plus sobre de la salle des Pôvres et de la chapelle : 







La visite se poursuit dans le bâtiment principal qui était considéré comme l'hôpital proprement dit.

Contre un mur, il reste encore un vestige de l'ancien éclairage.


Et l'on serait de mauvaise foi de prétendre que le site manque d'explications. Pour qui veut de la lecture, il y a de quoi faire.

J'ai d'ailleurs tiré mes infos de tous ces panneaux croisés au cours de la visite.



Nous voici dans la salle des Pôvres prolongée par la chapelle.
Si le bâtiment fait 70.5 mètres de long, la salle des Pôvres n'en mesure pas moins 46.5 mètres sur 13.4 mètres.


On ne peut être qu'admiratif devant sa belle charpente lambrissée peinte et ornée de sculptures. Cette salle a été restaurée au XIXème siècle par Maurice Oradou, architecte des Monuments Historiques, sous la direction de Viollet-le-Duc, lui rendant le plus possible son état d'origine.






Statue polychrome d'un Christ de Pitié de la seconde moitié du XVème siècle, en chêne.



Tout est dans le détail, les carreaux au sol, tout comme les vitraux et les tentures ont conservé la trace de l'amour que portait Nicolas Rolin à son épouse Guigone de Salins. Ainsi "Seulle" suivie d'une étoile signifie que cette troisième épouse est l'amour de sa vie.  Le chêne, arbre symbole de force et de fidélité est l'emblème du chancelier. Et l'on retrouve ainsi mêlées aux feuilles de chêne, les initiales N et G des deux époux.

Si le nom de Guigone  ne figure sur aucun acte concernant la fondation de l'Hôtel-Dieu, sauf sur une bulle du pape Nicolas V, elle y a cependant pris une part active.





Les sœurs hospitalières venues de l'hôpital Saint-Jacques de Valenciennes étaient chargées de prodiguer les soins aux malades.




La salle des Pôvres est séparée de la chapelle dès l'origine par un jubé, séparation symbolique du sacré et du profane. En effet, il fallait soigner autant les corps que les âmes.



La tombe de Guigone de Salins se trouve au centre de la chapelle, au pied de l'autel près du parement d'autel de l'Annonciation en soie brodée.





Une des tapisseries de haute lisse, don de Guigone de Salins, ornée de tourterelles et de ses armoiries, destinée à garnir les jours de fête les lits de la salle des Pôvres ?




"Statues en pendant de Nicolas Rolin et de Guigone de Salins
Seconde moitié du XVe siècle
Calcaire
Nicolas Rolin, fait chevalier en 1424, est vêtu d'une armure et d'un manteau court fendu sur les côtés appelé huque, orné de clefs, meuble de ses armoiries et il porte aussi une épée au côté gauche. Les deux époux, Nicolas Rolin et Guigone de Salins sont représentés en donateur agenouillés mains jointes.
Beaune, Musée de l'Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune" : 



L'immense vitrail de la chapelle se compose de trois parties. La partie supérieure représente la scène de la crucifixion, la partie centrale évoque les personnages importants de l'époque (Philippe le Bon, Charles le Téméraire, Isabelle de Portugal, Sainte-Elisabeth de Hongrie). La partie inférieure représente Nicolas Rolin et sa femme avec une Vierge de Piété et Saint-Antoine. Ce vitrail bien que de la fin du XIXème siècle comporte tout de même une partie du vitrail d'origine.




La salle Sainte Anne : 


Dans la salle Saint Hugues, des toiles représentent les miracles du Christ. S'y trouvait jusqu'en 1971 le service de médecine hommes. Les 12 lits en chêne datent de 1932.






Waouh ! La taille des aiguilles ! Heureusement que des progrès ont été faits de ce côté-là.


Les ventouses d'alors :


La salle Saint-Nicolas présente divers objets dans ses vitrines.






On y trouve notamment parmi bien d'autres objets, une

"MAQUETTE EN PAILLE DE L'HÔTEL-DIEU, entre 1738 et 1754, appelée "l'hôpital en paille", elle fut réalisée par un soldat ou un marin au cours du deuxième quart du 18ème siècle, en paiement de son séjour à l'Hôtel-Dieu. Les constructions représentées permettent de la dater assez précisément entre 1738, date de l'édification du bâtiment dit "des greniers" dans les jardins et 1754 qui correspond au percement de nouvelles baies dans la salle Saint-Nicolas.
Bois et paille, marqueterie de paille."




Une "REPRODUCTION DES HOSPICES DE BEAUNE
(REALISEE PAR LIMOUSIN LA GAITE
Cette maquette en noyer a été réalisée durant l'hiver 1979-1980. La complexité du travail réside dans le relevé des côtes, dans la précision du traçage et taillage des différents éléments de la construction, enfin dans l'étude des nombreux raccords de droits."







Si ce n'était la présence des mannequins "sœurs hospitalières", on pourrait presque se croire dans la cuisine d'un château avec l'immense cheminée, les grandes tables, le gigantesque fourneau.
Une cuisine qui devait fleurer bon le pain tout juste sorti du four, les herbes aromatiques et autres victuailles alléchantes.







La cuisine s'ouvre sur la cour d'honneur.


Un couloir ouvert, une grille en fer forgé... Est-ce l'emplacement de l'ancien jardin des simples qui permettait de fournir la pharmacie en plantes médicinales ?



Il fallait bien des aménagements spécifiques pour faire tourner l'hôpital et l'apothicairerie en était un des piliers. Une sœur secondée par une sœur apprentie et une servante gérait ce service indispensable. C'est ici, que se faisaient des mélanges, que l'on réduisait en poudre diverses substances, que l'on distillait bref...que l'on réalisait les médicaments destinés à soulager à défaut de guérir, voire à guérir.




De jolies boiseries, de beaux pots en faïence et d'autres en verre, tous bien alignés sur les étagères, nous entrons dans la pharmacie.




Ici, sont soigneusement rangés poudres, pastilles, alcoolats, élixirs et huiles diverses.






Nous sortons de la pharmacie pour entrer dans la salle Saint-Louis.


Coffre bourguignon à vêtements, en noyer avec des garnitures en fer forgé du milieu du XVème siècle : 



Coffre à vêtements, probablement normand, en chêne avec des garnitures en fer forgé du milieu du XVIème siècle : 



Un joli coffret en bois fruitier et cuir incisé doré et peint, dont je vous mets l'affiche correspondante :


"Coffret orné de scènes profanes

15ème siècle

Ce coffret à couvercle bombé, en bois fruitier recouvert de cuir, probablement en peau de veau dont la finesse et la souplesse permet un travail plus élaboré du décor gravé au traçoir. Il est en grande partie doré, rehaussé de quelques touches de polychromie.
La façade est gravée d'une scène courtoise représentant une dame tressant une couronne et un jeune homme jouant de la harpe accompagné d'un chien. Le couvercle est orné d'un réseau de losanges, le dessous du coffret, d'une fleur de lys, les côtés de personnages grotesques, l'un faisant de la musique avec un soufflet et un tisonnier, l'autre brandissant un sabre et portant un bouclier à visage humain barbu, tirant la langue, le nez chaussé de besicles. Sur la face postérieure, entre deux animaux fabuleux, est figurée une scène du Roman de Renart où ce dernier prêche devant Chantecler et les poules."




















Je vous retranscris ce document qui spécifie les conditions pour être admise à l'école d'infirmières de Beaune avant la seconde guerre mondiale :


"ECOLE D'INFIRMIERES DE L'HÔTEL-DIEU DE BEAUNE (Côte d'Or)

CONDITIONS D' ADMISSION

Les candidates doivent être âgées de 20 ans - et de 35 ans au plus.
Elles devront se faire inscrire à l'Hôtel-Dieu de Beaune, auprès de Madame la Supérieure, représentant le Comité de Direction de l'Ecole qui pourra accepter ou refuser la candidature.
Elles adresseront pour la constitution de leur dossier, une lettre de demande écrite de leur main, en joignant à l'appui les pièces suivantes :

1°. Leur bulletin de naissance sur papier timbré.
2°. Si elles sont mineures l'autorisation de leur père ou de leur tuteur.
3°. Un certificat de bonne vie et mœurs délivré par le Maire de leur Commune ou le Commissaire de Police de leur quartier.
4°. Un extrait de leur casier judiciaire.
5°. Les certificats d'études, les brevets ou les références qu'elles pourront posséder.
6°. Un certificat médical établissant l'aptitude aux fonctions d'infirmière.
7°. Deux références.

Les candidates ne pourront être admises à l'Ecole d'Infirmières qu'à la condition de justifier d'une instruction générale correspondant au moins au Brevet d'Enseignement Primaire ou au Certificat de fin d'études secondaires. Seules les Bachelières seront, à l'entrée, dispensées de l'examen portant sur l'instruction générale.
L'admission est prononcée définitivement par le Comité de Direction de l'Ecole, après le mois de probation qui, pour toutes les élèves, demeure éliminatoire.
Ls élèves admises seront soumises à un examen médical éliminatoire ainsi qu'aux vaccinations jugées nécessaires.
Les élèves sont tenues de porter un uniforme adopté par l'Ecole. Cet uniforme, fourni par l'Ecole est à la charge de l'élève. Les élèves doivent apporter leur couvert de table et les serviettes de toilette.
Le Comité de l'Ecole demande aux internes 250 francs par mois de pension pour le temps passé à l'Hôtel-Dieu de Beaune ; les stages à Lyon, dont la durée est de 3 mois, sont entièrement aux frais des élèves.
La durée des études est de deux ans."

Un fauteuil roulant datant de la première moitié du XXème siècle et au second plan, un fauteuil brancard du début du XXème siècle :


Un "appareil à éther pour anesthésie du Professeur Ombrédanne - Collin, fabricant à Paris, Vers 1914, Inox, caoutchouc, vessie de porc"  


Un "Appareil à fumigations inventé par Louis Bernard Guyton de Morveau, Dumotiez, fabricant d'instruments à Paris début du 19ème siècle, Noyer, verre" : 


"Palette à saignée et lancette, Beaune, après 1719" :



Le Polyptique avec une ambiance plus feutrée présente une superbe tapisserie et un très beau retable.

La tapisserie :

"Tenture de saint Eloi
Flandre, début du XVIe siècle

Tapisserie dite aux mille fleurs composée de quatre fragments assemblés : à gauche une femme assise, personnage profane, au centre une Vierge à l'Enfant et devant elle un personnage agenouillé tenant un cheval à la jambe coupée représentant vraisemblablement saint Eloi repenti ; à droite, saint Fiacre, patron des jardiniers. Le fond avec ses fleurs multicolores et ses multiples animaux unifie l'ensemble.

Laine, tapisserie sur métier 144.5x759 cm"




Détails de la tapisserie : 








Le "Polyptique du Jugement Dernier (ouvert), Roger Van der Weyden, Bruxelles, entre 1443 et 1450".

Cette œuvre se trouvait jadis sur le maître-autel de la chapelle de la Salle des Pôvres : 




Et voici le même polyptique du Jugement Dernier en position fermée, Nicolas Rolin et sa femme Guigone de Salins y figurent à chaque extrémité.


La visite se termine en traversant la boutique qui outre divers articles dispose d'un rayon librairie relativement bien achalandé.

Tous mes remerciements aux services de l'Hôtel-Dieu des Hospices de Beaune de m'avoir autorisée à faire cette publication.



A bientôt ! 😉


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2 commentaires:

  1. C'est une visite qu'on a adorée, merci de raviver de bons souvenirs. Bisous à vous deux et caresses à Guess.

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    1. Merci Réjane pour ta visite. Bises à vous deux. Je transmets la caresse à Guess qui commence à se faire vieux et débute sa quinzième année.

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