Espagne : Parc Naturel des Aiguamolls de l'Empordà (mars 2019)

Quel havre pour la faune et la flore !

Une présentation succincte du Parc s'impose, il me semble.

Si la totalité du Parc s'étend sur 4730 hectares, "seulement" 825 hectares sont consacrés à la réserve naturelle intégrale qui elle, est strictement protégée.

Presque entièrement privé, il se trouve sur plusieurs communes mais plus de la moitié est sise sur la commune de Castello d'Empuries dont nous avons déjà visité le joli centre médiéval. Cf. ICI

La réserve protégée est en deux parties de part et d'autre d'Empuriabrava (la plus importante marina d'Europe avec sa trentaine de km de canaux navigables). Elle est "coincée" entre deux grandes rivières : La Muga et El Fluvià.

Réserve naturelle ne veut pas dire pour autant zone déserte. En effet, quelques zones habitées sont éparpillées dans la plaine, des fermes surtout où l'on cultive maïs, tournesol, arbres fruitiers et riz.

Les rizières sans pesticides contribuent à l'alimentation de nombreuses espèces d'oiseaux aquatiques, tout comme les arbres fruitiers offrent d'excellents sites d'hivernage et dont les fruits tombés à terre sont une source de nourriture.

Aux 300 espèces d'oiseaux qui fréquentent le parc s'ajoutent reptiles et amphibiens mais aussi des animaux que je n'aurai pas pensé trouver ici tels : rats d'eau, loutres, belettes, putois, blaireaux, renards roux, genettes, daims et sangliers. 

Diversité de la faune, mais aussi diversité de la flore. Selon la qualité des sols (salin, sableux, inondable...) la végétation diffère. Ainsi, salicornes, iris, roseaux, saules, frênes, lentilles d'eau...se déploient dans le Parc.

Je me gare sur le parking principal (à ce qu'il me semble) du parc. Un grand parking interdit la nuit apparemment.

Coordonnées GPS du parking : N 42°13'27.7610''  -  E 3°5'32.5910''

Un passage au Centre d'Information du Parc, où je suis bien reçue. Un monsieur répond patiemment à toutes mes questions et me "raconte" le parc avec passion dans un très bon français.

Et c'est munie d'une paire de jumelles louées 2.50 euros, d'une carte générale, de deux dépliants "Itinéraires 1" et "Itinéraires 2" achetés 1 euro chacun que je m'enfonce dans le Parc après m'être également acquittée des 5 euros de stationnement. Le parc est privé mais ouvert  gratuitement au public.

Guess est en laisse, je suis parée, j'espère seulement que nous ne serons pas attaqués par les moustiques qui sont apparemment très férus des lieux et très amoureux des visiteurs.

On va commencer "petits bras" et ce n'est pas Guess qui va me contredire. J'attaque l'Itinéraire 1 qui doit me mener du Cortalet jusqu'au Mas del Matà, on verra pour la suite...

Cette première partie se compose d'un chemin bordé essentiellement de pâturages, de lagunes, de canaux et d'étangs.

Au premier poste d'observation au bord de l'étang du Cortalet, je suis servie. Il y a du monde !

Mais ça se corse ! J'ai beau admirer les oiseaux, je ne reconnais pas facilement les espèces. Bon j'ai tenté de les identifier après coup, mais si je commets des erreurs, merci de me le signaler...

Aigrettes garzettes, canards colverts et hérons gris.

Aigrettes garzettes et grandes aigrettes.

Grandes aigrettes

Ibis noirs

Entendant un craquètement bien distinctif, je sais que je me rapproche des cigognes...

...et elles sont là, haut perchées dans les arbres.

Flamants roses, Foulque macroule et mouette rieuse

Foulque macroule

Un poste d'observation en vue. Devant chacun d'eux, se trouve un panneau, luxe suprême  les textes sont en plusieurs langues (dont le français), j'ai juste un peu de mal avec les noms des espèces notifiées en espagnol seulement.

Info non négligeable, la plupart des observatoires sont accessibles aux fauteuils roulants.

Je vous aide ?

"Fleuves, Rivières et Canaux d'irrigation

Chemins, sentiers et rigoles qui drainent, assèchent, arrosent ou nourrissent la plaine humide, la transformant en un labyrinthe d'eau et de vie.

Le Parc des Aiguamolls est sillonné d'une infinité de canaux, rivières et de ruisseaux. L'ensemble des eaux canalisées par l'homme forme une toile d'araignée grande et compliquée, elles coulent en ligne droite, en zigzags ou en courbes sinueuses. Les eaux sont utilisées normalement pour l'irrigation, mais aussi comme force motrice pour les turbines de vieux moulins. L'abondante couverture végétale qui croît aux abords de ces cours d'eau leur donne, dans certains cas, un aspect presque sylvestre, comme la rivière de Pedret, la Mugueta ou le ruisseau Corredor. Dans leur ensemble ils offrent le refuge et la nourriture à une foule de créatures aquatiques et, en même temps, ces "chemins d'eau" servent à la répandre dans la plaine et à coloniser les coins les plus reculés du Parc."

Et c'est par un chemin toujours propre et plat que je parviens au Mas del Matà en longeant les étangs del Matà.

Des 4 tours d'un ancien entrepôt destiné à la dessication du riz, une des 4 (la tour Senillosa) a été transformée en observatoire en 1996.

Wouah ! ça valait le coup de grimper !!!

Mon zoom n'a pas chômé, je peux vous l'assurer.

La réserve est impressionnante et s'offre au regard dans toute sa splendeur.

Des chevaux de Camargue qui pâturent tranquillement dans les étangs...

...aux premiers immeubles d'Empuriabrava...

...aux maisons de Roses...le regard porte loin et je ne suis qu'au premier niveau !

Allez, quelques marches supplémentaires pour me trouver à 22 m au-dessus du sol et appréhender d'un peu plus haut ce décor superbe avec la Méditerranée en toile de fond.

Tournant le dos à la Méditerranée, je distingue même nettement le clocher de l'église Santa Maria de Castello d'Empuries, une cité que j'avais bien appréciée et où nous avions dormi sur un grand parking près de la voie verte ou du moins son pendant espagnol.

A partir de ce point, deux options s'offrent à moi : retourner au parking ou poursuivre par l'Itinéraire 2.

Ce que j'ai vu jusqu'ici m'a tant plu, que j'ai juste envie de découvrir la suite et Guess semble d'attaque !

Je longe donc les étangs del Matà jusqu'à l'observatoire suivant...

Je vous aide ?

"Marais et Etangs d'eau douce

Marais, terres humides, noyées ou inondables, résurgences, mares et petits étangs, eau dynamique, changeante, vive : la raison d'être du Parc.

Anciens restes d'antiques étangs plus grands, ou d'origine récente, les étangs et les marais d'eau douce, par leur situation intérieure, loin de la mer, ont les eaux entièrement douces, et les habitats, la végétation et la faune qu'ils accueillent sont assez différents de ceux de la zone de lagunes saumâtres. Ainsi que la qualité des eaux, la profondeur et les sécheresses occasionnelles conditionnent totalement les communautés associées. Ici, nous trouvons des zones d'eaux libres et profondes, idéales pour les canards plongeurs, des espaces d'eaux superficielles et ouvertes, idéales pour les oiseaux limicoles , ou encore des marais entièrement couverts de végétation aquatique dense, comme des roseaux et massettes, endroits de nidification d'espèces menacées comme le butor, le busard cendré ou le héron pourpré." 

Encore ?

"Marais et Etangs d'eau douce

Restes de l'antique et immense étang de Castello, étang miraculeusement sauvés, -recoins d'eau a portée de la lumière et de la vie.

Les étangs d'eau douce du nord de la Muga qui ensemble donnent le nom à l'une des trois réserves du Parc, sont les restes actuels de l'ancien étang de Castello qui, au XVIIe siècle avait un diamètre de 8 kms. Les étangs principaux de cette aire sont ceux de Vilaüt, Mornau, Palau, Castello et le Tec.

Au sud de la Muga, fruit de l'action de restauration due au Parc Naturel, nous trouvons d'autres étangs d'eau douce d'origine récente, pas moins importants que les anciens et qui sont alimentés par les eaux provenant de rivières, canaux ou même d'eaux résiduelles épurées et recyclées. C'est le cas des étangs du Cortalet, d'Europa et de la Closa del Puig, ou ceux du Matà." 

J'ai la chance d'apercevoir dans la lagune de la Massona...

...un grand cormoran qui se dore au soleil...

...et d'admirer le vol d'un busard des roseaux qui ne cesse de disparaître et réapparaître dans la végétation.

Busard des roseaux

Sarcelles d'hiver

De l'autre côté des étangs del Matà, quelques chevaux camarguais...

... et un peu plus en avant dans l'étang, quelques coulis cendrés, 2 goélands et...

...2 superbes canards : les Tadornes de Belon.

Je n'en avais jamais vu, non seulement, je les ai trouvés très beaux, mais c'était encore mieux de les découvrir en liberté !

Après quelques recherches, il paraît que ce gros canard (110 à 133 cm d'envergure tout de même) niche dans des cavités et des terriers.

Tadornes de Belon et courlis cendrés

Un chevalier guignette ???

Je poursuis à travers une passerelle quasiment à fleur d'eau, la zone semble plus ou moins inondable et les tours du Mas del Matà s'éloignent doucement mais sûrement.

Un autre observatoire et un autre point de vue de la lagune de la Massona.

Je vous aide ?

"Llaunes et Sansouires

Au milieu d'un ample et épais tapis végétal, une suite de lagunes d'eau saumâtre, miroirs du ciel de la région de l'Empordà et refuges d'oiseaux migrateurs.

Derrière la plage, entre la Muga et le Fluvià, l'interaction entre les eaux superficielles (ruisseaux qui cherchent la sortie en mer, petits étangs...) et la mer, forme une ribambelle de lagunes appelées localement "llaunes".

Ces lagunes reçoivent de l'eau douce provenant de canaux ou de ruisseaux, et de l'eau salée provenant de la mer. C'est ainsi que nous avons des eaux de plusieurs salinités, supérieures à celles des ruisseaux, saumâtres. Elles forment un paysage très spécial, constituant une part très singulière des zones humides du Parc Naturel des Aiguamolls, et elles sont un important refuge d'oiseaux aquatiques. La zone des "llaunes" est couverte d'une végétation basse et épaisse dominée surtout par un buisson, la salicorne, qui donne son nom au milieu : salicorniar ou localement sansouire." 

Des points noirs sur les branchages face à moi ?

Je voulais voir des grands cormorans, je suis servie ! Une mini colonie a pris ses marques sur ces arbres.

Sarcelle d'hiver

Canards souchet

Je n'ai pas été assez vive pour voir le poisson franchir les niveaux mais je l'ai distinctement entendu retomber sur la surface de l'eau.

L'avant-dernier observatoire de l'itinéraire 2 avant d'arriver à la plage. Celui-ci n'a pas de toit.

Enfin la plage avec le dernier observatoire de cet itinéraire.

Que faire ? Poursuivre, sachant qu'il me faut aller jusqu'à la Muga qui borde Empuriabrava, car le parcours qui traverse la Massona est en partie inondé en ce moment et qu'il faut le contourner en "visant large".

A l'accueil, on m'a dit que l'itinéraire 4 était très intéressant pourtant... ??? 

Bon, je tente d'autant plus que la plage est ouverte ce qui n'est pas le cas du 1er avril au 30 juin pour préserver la tranquillité des espèces qui nidifient près des dunes. Et j'espère voir des crabes bleus, une espèce invasive malheureusement introduite il y a quelques années et qui s'est très bien acclimatée au détriment des autres espèces. Il paraît qu'ils sont énormes !

Encore un peu d'aide ?

"Plages et Côtes Sablonneuses

Frontière entre deux mondes, étroite et singulière terre qui dessine un doux arc de sable de Roses à L'Escala.

La côte sablonneuse est présente sur toute la frange littorale du Parc et elle forme les uniques grandes plages vierges qui restent de la Costa Brava. Au Sud de l'embouchure de la Muga se trouve la zone des plages les mieux conservées, avec des dunes bien constituées. La plage est l'interface entre la mer et la terre, et on y trouve aussi bien des animaux marins comme des coquillages que des oiseaux limicoles, qui se promènent de long en large sur le bord du rivage, là où meurent les vagues, jusqu'au milieu terrestre très adapté, avec des échancrures de végétation psammophile (adaptées au milieu sablonneux) et d'intéressants éléments faunistiques." 

Un premier arrêt à l'observatoire "La Rogera" où je ne profite que de la flore. Les oiseaux semblent snober cette partie de l'étang aujourd'hui.

Vous voulez que je vous dise, la longue traversée de la plage s'est révélée plutôt difficile. Le vent, le sable qui crisse entre les dents, les yeux de Guess à laver pour lui enlever tous les cristaux de sable, une marche pénible sur cette surface molle et...pas un crabe bleu !!! 😕

Pas mécontente de quitter le sol mou de la plage, j'arrive à La Muga avec sur l'autre rive, les immeubles d'Empuriabrava.

Après la pénible marche sur la plage, il me faut maintenant longer loooonguement le camping. J'ai du mal à appeler ça un camping, tant il semble immense. 

Une telle concentration, très peu pour nous, sauf cas de force majeure ! Mais il faut reconnaître qu'il est idéalement situé.

Le long de la route qui mène au camping, je croise une belle orchidée.

Himantoglossum robertianum, espèce d'orchidée qui fleurit entre janvier et avril.

Fragon faux houx ou Petit Houx

J'ai quelques déboires pour rejoindre l'Estany Europa, en effet, la route du camping est en fait privée et au bout, je suis tombée sur un grand portail FERME !

Pas grand monde ici, si ce n'est un cygne, un Foulque macroule et quelques "arrières-trains" de canards.

Passé l'étang, l'itinéraire 4 traverse des champs blancs comme neige mais ce ne sont que des pâquerettes. Celles-ci semblent au goût du troupeau de bovins qui broute allègrement.

Un peu plus loin, ce sont des taureaux.

De retour au Centre d'information, j'apprends que j'ai fait 17 km environ et après avoir rendu les jumelles, je ne peux m'empêcher de revoir l'étang du Cortalet.

Excellente initiative, car alors que j'observe une cigogne, celle-ci est rejointe par...

...

...

...un daim

...deux daims...six daims en fait qui tels des Ondines sont sortis de l'eau comme par magie alors que je ne m'attendais plus à en voir.

Ceci dit je n'ai pas croisé de sangliers mais ça je ne m'en plains pas.

Si ce n'est la traversée de la plage qui m'a coupé les jambes, quelle balade !

J'ai adoré !

J'ai tant apprécié cette journée que je n'ai qu'une envie : y revenir et découvrir aussi l'autre partie de la réserve préservée.

Ceci dit, j'ai soif ! Partie à 9h30 avec l'intention de revenir au parking vers midi, je n'avais pris de l'eau que pour Guess et il est 17 heures ! 

Document remis à l'accueil. En rouge, le parcours effectué avec Guess.

Et pour mieux apprécier l'endroit :