Entre étang de Bages et étang du Doul
* Les points rouges concernent cet article.
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Pour voir le début de cette balade - cf. ICI
Capture d'écran "Via Michelin" et localisation de notre parking. |
En vue de profiter encore d'un peu de soleil, nous quittons l'Hérault, Béziers et le domaine Mi-Côte pour gagner l'Aude et dans un premier temps le village de Bages.
BAGES
C'est un petit village légèrement perché au bord de l'étang de Bages.
Nous commençons par poser le cc sur un pré qui semble faire office de parking en bas du village.
Nous tombons très vite sur un panneau qui outre quelques explications sur Bages, nous propose deux balades.
Après la longue marche de ces deux derniers jours à Béziers, le "Circuit de l'Anguille" avec seulement deux kilomètres nous convient à merveille. C'est parti !
Un petit bout du panneau :
"Circuit du patrimoine du Parc naturel régional
Dans le sillage de l'anguille
Il est fait mention pour la première fois d'une "Villa Baiae" dans un acte de la fin du VIIe s. Le terme latin "Baia" (qui signifierait lieu de plaisir ou endroit marécageux), est semble-t-il à l'origine du patronyme Bages. Le littoral narbonnais connait avec la civilisation romaine une période particulièrement prospère. Le trafic maritime y est alors florissant.
C'est vraisemblablement à la fin de l'empire romain que le bourg s'organise sur son promontoire, la falaise constituant une défense naturelle. Pendant de longs siècles, le territoire de Bages dépend du chapitre de l'église Saint-Paul-Serge de Narbonne et la population au niveau de vie modeste, trouve toujours à subsister grâce à la pêche dans l'étang. Au XIXe s la vigne devient la principale culture et les salines d'Estarac se développent, de nouvelles constructions apparaissent, Bages s'ouvre sur le monde extérieur. Paradoxalement, c'est la fin de la navigation commerciale sur l'étang. La crise viticole de 1907, suivie de deux guerres mondiales et d'une déprise agricole, plonge le village, dans une période de récession. Une nouvelle ère s'ouvre pour Bages dans les années 1970. La commune se modernise et devient un lieu de résidence et de villégiature fort apprécié. La beauté du lieu et des paysages attire les artistes et les amoureux de sites au charme préservé."
Je vous aide ?
"Le circuit de l'anguille
Des habitants de Bages (bageots), photographiés vaquant à leurs occupations du début du XXe s, à nos jours, vous accompagneront le long des 2 km de ce parcours. De plus, vous trouverez dans les secteurs patrimoniaux majeurs des plaques commentées et deux tables panoramiques disposées pour mieux vous informer.
La boucle des Caunes
Un très beau circuit de 4.8 km pour une durée de 2h30, en balcon au-dessus de Bages et de son étang. Cet itinéraire vous permet aussi de rejoindre le sentier de Grande Randonnée de Pays (GRP) du Golfe Antique qui fait en 75 km, et plusieurs étapes, le tour de l'étang de Bages-Sigean.
Entre étang, vignobles et pinèdes, le territoire de Bages s'étend sur 2200 hectares et compte près de 800 habitants.
Du haut de son promontoire rocheux, Bages séduit par le charme de son vieux village, de son étang, de sa gastronomie et par la qualité de ses expositions artistiques.
Bages abrite d'ailleurs une dizaine d'artistes et artisans (parmi eux : sculpteur, peintre, conteur, photographe, musicien, ébéniste, menuisier), ainsi que quatre galeries d'art."
Nous arrivons sur ce qui semble être la place principale du village. Elle a pris le nom de Gaston Pages en hommage à ce viticulteur qui a trouvé la mort lors de la manifestation du 20 juin 1907 à Narbonne.
Je vous aide ?
"Place Juin 1907
A la fin du XIXe siècle, l'économie du Languedoc était devenue quasi-exclusivement viticole. Mais la surproduction et une réglementation inadaptée, plongèrent le monde viticole dans une crise sans précédent.
Cette crise, débouchera, le 20 juin 1907, sur la manifestation sanglante de Narbonne, à laquelle participent les viticulteurs de Bages et parmi lesquels se trouve Gaston Pages, qui perdra la vie lors des affrontements (une impasse partant de la place, porte son nom en souvenir de ce tragique événement).
Aujourd'hui cette place se trouve au centre de Bages, alors qu'hier, la Porte du Cadran Solaire marquait l'entrée du village. Cette place centrale est devenue le lien entre le village moyenâgeux et son extension viticole."
En cette belle journée de janvier, la caresse du soleil sur la pierre blonde et le beau ciel bleu nous donnent l'impression d'être déjà au printemps.
Le ciel n'a vraiment pas la même couleur selon l'endroit où l'on se trouve. En plein mois de janvier, dans le Tarn, nous n'avons que rarement droit à ce bleu audois. Le ciel, certes bleu, n'a pas la même intensité !
Pour en revenir à la place !
Je la trouve très mignonne, elle donne une impression d'intimité tant elle est petite mais ô combien bien achalandée !
Un restaurant d'un côté, un bar-épicerie de l'autre. C'est certainement le plus petit commerce de ce type où j'ai eu l'occasion d'entrer. Dans cette pièce d'une trentaine de m², peut-être même moins, les deux activités sont séparées par un rayonnage central, d'un côté le bar, de l'autre l'épicerie. Je suis on ne peut plus surprise d'y trouver du bon thé ! Comme quoi... Les petits villages recèlent bien souvent des trésors ! 😊
Plaisanterie à part, une jolie fontaine occupe le centre de la place.
La statue qui trône au sommet de la fontaine ressemble étrangement à celle de la Diane chasseresse de la fontaine de Nizas dans l'Hérault. (cf. mon article de septembre 2017 ICI)
Détails de la base de la fontaine :
Nous quittons la place en passant la Porte du Cadran Solaire. Il ne nous reste plus qu'à suivre l'anguille.
Au bout de quelques ruelles, nous parvenons à la Porte du Portanel contre laquelle s'est installé un maître-restaurateur dans une ancienne maison de pêcheur.
Et devinez quelle est la spécialité ?
L'anguille, évidemment !
L'embrasure de la porte laisse apercevoir un bout de l'étang de Bages.
Je vous aide ?
"L'anguille, ingrédient principal de la "Bourride", plat traditionnel de Bages
L'Anguille (Anguilla anguilla ou anguille européenne), une espèce bien mystérieuse...
Nées au large des côtes de Floride en mer des Sargasses, sous forme de larves, les toutes jeunes anguilles traversent l'Atlantique pour venir coloniser le littoral européen. Au cours de cette migration les larves se métamorphosent en civelles transparentes et pénètrent dans l'étang pour y accomplir une phase de grossissement : ce sont les anguilles vertes. Cette période de croissance peut durer jusqu'à 6 ans pour les mâles et jusqu'à 18 ans pour les femelles ! Puis elle s'achève par la métamorphose en anguilles argentées qui quittent le milieu continental pour regagner les grandes profondeurs océaniques et aller se reproduire après avoir effectué, pour une seconde et dernière fois, une migration de 10 000 kilomètres.
Il reste encore bien des mystères dans le cycle biologique de ces animaux : personne n'a jamais encore pu observer directement la reproduction puis la mort des anguilles reproductrices dans la fameuse mer des Sargasses..."
La rue des remparts :
Après la rencontre avec une jolie petite chatte, je me laisse à nouveau distraire par les évolutions des cigognes dans le ciel avant d'entrer dans l'église.
Le clocher est surmonté d'un joli campanile en fer forgé.
Quant à l'église, plutôt quelconque de l'extérieur, très lumineuse à l'intérieur, elle présente quelques détails intéressants et bénéficie d'un superbe point de vue sur l'étang.
Je vous aide ?
"Eglise Saint-Martin
Construite aux alentours du XIe siècle, l'église est dédiée au culte de Saint-Martin (315-397). Elle est située comme l'ancien château en position dominante sur le point le plus haut du village. Le clocher surélevé permettait aux pêcheurs, grâce au son de sa cloche, de retrouver le chemin du village lorsque le brouillard envahissait l'étang. L'église abrite un retable (classé aux monuments historiques) consacré à Saint Martin et Saint Paul Serge réalisé par Jean Marchant, artiste ayant oeuvré en Narbonnais au XVIIe siècle. A la fin du XVIe siècle, Bages se trouva mêlé au conflit politico-religieux opposant catholiques et protestants. Deux grandes familles avaient pris la tête du conflit, les "Montmorencey" optant pour le parti des catholiques modérés et des protestants confédérés, opposés aux "Joyeuses" du parti catholique intransigeant. Comme Narbonne, Bages se rangea aux côtés de la "Ligue", animée par les "Joyeuses" soutenue par l'Espagne. En 1589 après avoir entrepris le blocus de Narbonne, Montmorency fit sans succès le siège de Bages."
Peu de vitraux font référence à la Première Guerre mondiale :
Au sortir de l'église, nous prenons le sentier de la falaise pour rejoindre l'étang non sans avoir regardé les différents points de la table d'orientation.
Je vous aide ?
"Point de vue de l'église
"Les Caunes" (les grottes en Occitan) Massif calcaire qui représente l'extrémité orientale des Corbières. En gravissant ces pentes par le sentier balisé du Golfe Antique, vous découvrirez de magnifiques panoramas sur l'espace lagunaire.
Les Vignes La multiplication des terrains viticoles au XIXe et XXe siècles, a entraîné la disparition des olivettes, du pastoralisme et des champs de céréales."
Encore un peu d'aide ?
"Narbonne" Première colonie de Rome en terre gauloise et capitale provinciale de l'empire romain. Au Moyen-âge Narbonne devint le siège d'une vicomté et d'un archevêché. Vous pouvez, reconnaître la silhouette imposante de la cathédrale Saint-Just. A sa gauche, se détache le clocher de l'église St-Paul-Serge dont dépendait l'église de Bages.
"Anse des Galères" Le roi de France Philippe V le Long (fils de Philippe le Bel) lance l'idée d'une grande croisade le 26 janvier 1320 sous le pontificat de Jean XXII (second Pape d'Avignon). Des galères sont alors peut-être réalisées sur ce site, lui donnant son nom. Par contre, la grande croisade ne vit jamais le jour. Cette opération servit plutôt à renflouer les caisses de l'Etat par les dons qu'elle a réunis.
"La Nautique" Principal site portuaire de la cité de Narbonne durant la période romaine. Ce fut à cette époque avec Marseille le plus important port de toute la Gaule."
L'itinéraire nous fait repasser devant la Porte du Portanel et dans le même temps devant la véranda bleue du restaurant qui donne sur l'étang.
Et toujours les photos sur les murs...
Un jeune chat s'amuse dans un tamaris. Après quelques simulacres de cache-cache, il finit par quitter les lieux.
Je vous aide :
"Le port de pêche
Dès l'antiquité les hommes ont développé une multitude d'activités autour de l'étang ; la pêche fait partie de celles-ci. Elle connaîtra des moments difficiles mais permettra aux habitants du village de ne jamais manquer de nourriture lors des périodes de disette. Aujourd'hui, la pêche se pratique suivant les mêmes techniques ancestrales. Seules évolutions, le moteur a remplacé la voile , le coton des filets a disparu au profit du nylon.
Le matériel des pêcheurs de Bages :
- Le "Bétou" (nom donné aux barques). Légères et pointues, elles mesurent de 4.5 à 6 mètres de long et les barques modernes possèdent un double fond qui leur garantit une bonne flottabilité.
- Le "Trabac" Filet à petites mailles qui favorise la capture de l'anguille, véritable barrière de 30 brasses* de longueur, il canalise l'anguille vers un entonnoir, "coeur du trabac". L'anguille, en particulier, est ainsi piégée dans l'une des trois nasses cylindriques (les reculs et la droite), appelées "avenues" à Bages. Celles-ci sont tendues et fixées par des piquets. Pour la capture d'autres poissons (loups, muges, athérines...), les pêcheurs utilisent des lignes et filets maillants.
- La "Partègue" Longue perche de bois servant au guidage et à la propulsion manuelle de la barque à proximité des filets.
* La brasse : 1.624 m, soit environ la longueur comprise entre les deux bras tendus du pêcheur."
Par-dessus l'étang, au loin, se dessine la silhouette enneigée du Canigou.
Je vous aide ?
"L'écosystème de l'étang de Bages-Sigean
Les milieux lagunaires sont caractérisés par leur faible profondeur et ont un équilibre instable soumis à l'influence de nombreux facteurs. Nous vous présentons ici les principaux éléments de cet écosystème.
Le soleil : Lorsque la lumière du soleil devient plus forte, en saison chaude, la température de l'eau augmente ainsi que la production de matière organique (algues, etc.) L'ardeur du soleil entraîne aussi une augmentation de l'évaporation et donc un accroissement du taux de salinité.
Les eaux douces : Les cours d'eau de la Berre et du Rieu descendent des Corbières maritimes. - Le Canelou (déversoir de la Robine) apporte dans l'étang des eaux en provenance de l'Aude. Tous ces cours d'eau qui forment le bassin versant de l'étang apportent de nombreux sédiments et des éléments minéraux constituant une réserve en éléments nutritifs, accompagnés parfois de leurs lots de polluants.
Les vents influencent le niveau de l'étang :
Le "Cers" ou "Tramontane", vent sec et dominant du nord-ouest parfois violent, brasse l'eau de l'étang et la pousse vers la mer. Il peut entraîner un véritable phénomène de vidange de l'étang. Le vent "Marin" favorise les entrées d'eaux marines dans l'étang. On a coutume de dire que les vents sont le "moteur" de l'étang.
La mer : Le grau de Port-la-Nouvelle est le seul lien entre l'étang et la mer. C'est par là que les eaux marines entrent dans l'étang et que les eaux et les limons de l'étang s'évacuent. C'est aussi par ici que les poissons migrent entre mer et étang. Le grau présente donc un véritable cordon ombilical avec la mer.
La chaîne alimentaire et les migrations : Les nombreux éléments nutritifs contenus dans l'étang forment une importante source de nourriture pour la plancton et les algues, eux-mêmes base de l'alimentation de nombreux poissons et oiseaux. Ces poissons et ces oiseaux migrent pour la plupart vers l'étang en saison chaude quand il est le plus riche en éléments nutritifs mais quelques oiseaux choisissent de venir passer ici la saison froide. (Vous découvrirez des espèces composant la faune et la flore de l'étang sur la plaque suivante)."
Une passerelle a été aménagée au bord de l'étang et nous apprécions cette courte balade quelquefois entre ciel et eau.
Je vous aide ?
"Faune et flore de l'étang de Bages-Sigean :
Depuis le ciel
Les milieux naturels de l'étang de Bages-Sigean accueillent de nombreux oiseaux qui viennent ici, selon les espèces, se nourrir, se reproduire (nicheur) ou passer l'hiver. Certains d'entre eux peuvent être observés toute l'année d'autres seulement en hiver, d'autres uniquement entre avril et octobre pour la reproduction et d'autres enfin ne font que passer lors des migrations de printemps et d'automne.
Voici une sélection d'oiseaux présents ici :
Mouette rieuse 38 à 44 cm, Goéland leucophée 55 à 67 cm, Flamant rose 125 à 145 cm, Grand cormoran 80 à 100 cm, Tadorne de Belon 58 à 71 cm, Gravelot à collier interrompu 15 à 17 cm, Aigrette garzette 55 à 65 cm, Martin pêcheur 16 à 17 cm, Busard des roseaux 48 à 55 cm, Foulque macroule 36 à 38 cm.
Et sous l'eau
A la saison froide l'étang est un peu en sommeil. Seuls quelques petits poissons fréquentent toute l'année ses eaux et s'y reproduisent ; ils sont sédentaires. Au printemps tout change, l'étang se réchauffe plus vite que la mer et ses eaux deviennent plus riches en nourritures. Cela attire de nombreuses espèces de poissons qui migrent vers l'étang généralement vers avril. Certains repartent vers octobre quand l'étang devient plus froid que la mer, ou comme l'anguille, y restent jusqu'à leur maturité sexuelle, puis vont se reproduire en mer.
Voici les principaux poissons de l'étang : Joël ou Athérine jusqu'à 15 cm, Gobies jusqu'à 15 cm, Daurade juvénile ou "saucanelle"- adulte jusqu'à 60 cm, Mulet ou Muge jusqu'à 45 cm, Loup jusqu'à 1 m, Sole jusqu'à 60 cm, Anguille jusqu'à 1 m.
Et une sélection de quelques autres animaux : "Escavène", ver annélide jusqu'à 20 cm (appât pour la pêche), Mollusques divers, - Cyclope neritea, Palourde, Moule, Crabe des estuaires "Cranquet" jusqu'à 6 cm.
Sansouire Végétation (salicorne, soude, obione adaptée aux milieux salés
Roseaux ou phragmites Les roselières (qui ont besoin d'eau douce) abritent un grand nombre d'oiseaux nicheurs.
Tamaris Arbre tolérant les milieux salés"
De retour vers le cc, alors que nous traversons à nouveau le village, nous passons devant une cave et le poids public.
Allez, il est temps de quitter Bages pour découvrir Peyriac-de-Mer.
Nous faisons sur les 5 km qui séparent les deux villages un bout de route au milieu des étangs avec quelques attroupements de flamants roses.
Capture d'écran "Via Michelin" et localisation de notre parking |
Nous traversons Peyriac pour aller nous poser près de l'embarcadère du Pied du Mour d'où nous avons le village en point de mire.
A savoir, il y a une aire cc à l'entrée du village, clôturée et payante.
A l'embarcadère, il n'y a aucun panneau d'interdiction de stationner aux cc, mais j'ai lu (je ne sais plus où sur le Net) que le stationnement de nuit y est interdit et que certains camping-caristes ont eu la surprise de trouver au matin un PV sur leur pare-brise (voilà, vous êtes prévenus mais cette info est non vérifiée cependant).
Nous prenons les trottinettes pour rejoindre le centre du village.
Je vous aide ?
"PEYRIAC-DE-MER ET L'ETANG DU DOUL
L'étang du Doul fait partie du complexe lagunaire de Bages-Sigean, dont il est l'étang le plus profond (environ 3m) et l'un des plus petits (129 ha). Il est enchâssé dans une ancienne île formant tout autour de lui de hautes collines aux versants abrupts, et il a l'aspect d'un cratère, ce qu'il n'est pas. Cette ancienne île apparaît aujourd'hui comme une presqu'île avançant dans l'étang de Bages-Sigean. Elle domine à l'est la lagune et à l'ouest le village de Peyriac, offrant ainsi de beaux points de vue. L'étang communique avec les anciens salins de Peyriac.
L'ensemble paysager est très original, étang-collines-salines, et constitue une zone humide au coeur de la garrigue. Autre curiosité : avec 70 grammes de sel par litre, soit deux fois plus qu'en mer Méditerranée, l'étang du Doul est l'une des dernières lagunes hyper sallées du littoral méditerranéen...selon certains dires, elle aurait même des vertus pour la peau.
Si la commune de Peyriac-de-Mer recèle de véritables trésors de la nature, elle est aussi remarquable par son village au patrimoine bien conservé (église du XIVe siècle, ruelles médiévales...). On y ressent également une vraie vie de village, sur la place centrale avec sa fontaine emblématique. Peyriac-de-Mer propose également des rendez-vous annuels incontournables autour de l'art et des terroirs viticoles."
Nous arrivons sur la place par l'arrière de l'église qui pour le coup ressemble plus à une forteresse avec sa tour de guet, son mâchicoulis, ses créneaux et ses meurtrières.
Détails des statuettes qui encadrent la porte de l'église :
Un peu de lecture avant d'entrer :
"Eglise Saint-Paul
L'église Saint-Paul, classée Monument Historique en 1914, que vous observez, est implantée dans le cœur du centre ancien de la commune. Son nom fait référence à l'apôtre Paul, dont une des deux fêtes a lieu le 25 janvier (Conversion de saint Paul) et qui est le patron de la paroisse. Souvent confondu avec Saint-Paul-Serge, accostant au bord de l'étang de Bages au IIIe s, pour évangéliser la région qui deviendra le premier évêque de Narbonne et dont un bas relief de 1688 "un pêcheur dans les flots en furie" derrière l'abside de l'église, représente un épisode de la légende, le montrant voguant sur sa barque de pierre.
Elle aurait été bâtie sur l'ancienne chapelle Saint-Luc qui se trouvait à l'emplacement de l'actuel transept. D'après la légende, la construction de cette église serait liée au vœu du Comte de Provence et Roi de Naples Charles II, dit "le boîteux", de construire trois églises, à Portel-des-Corbières, Sigean et Peyriac-de-Mer à la fin du XIIIe s. C'est la seule église gothique du canton de Sigean qui ne soit pas une ruine. D'après Robert Pirault, le style architectural et le langage de la pierre semblent donner comme date de construction "le gothique du XIIIe s. à la laie brettée".
D'un lieu de culte à un lieu défensif
La seigneurie de Peyriac était entre les mains des archevêques de Narbonne depuis l'époque féodale et le vieux château n'y semblait sans doute pas une protection suffisante. Au XVe s., l'église primitive est donc transformée de façon significative par l'archevêque François Hallé pour assurer la défense du village : créneaux, chemin de ronde, mâchicoulis et échauguette (tour de guet) en font une véritable place forte.
Le saviez-vous ?
Le transept est la partie transversale qui sépare la nef du choeur de l'édifice, lui conférant de cette façon la forme de croix latine. Il s'agit du plan le plus fréquent dans les églises occidentales. Le clocher de l'église de Peyriac est de style gothique. L'édifice, d'une hauteur de 17 mètres, comporte trois cloches. A l'intérieur, on notera un maître-autel en marbre blanc de Carrare qui a remplacé le précédent en marbre rouge issu de la carrière royale de Caunes-Minervois."
Sitôt entrée, je trouve un porte-documents mis à disposition qui détaille un peu plus précisément l'église.
En voici certains passages :
"[...]L'ensemble choque par le manque d'harmonie Le chœur et les deux chapelles du transept ont été restaurés en 1957, le reste devait suivre mais depuis rien n'a été fait... L'état de cet édifice est préoccupant... Actuellement, l'abbé Caraguel, curé de la paroisse, s'efforce avec de modestes moyens d'y apporter quelques améliorations.[...]"
Chapelle Saint Roch |
Vitraux au fond du chœur :
Un des vitraux représente Saint Paul Serge, 1er évêque de Narbonne (III siècle) dont voici la légende :
"[...]"La légende de Saint Paul Serge"
Saint Paul Serge, l'un des sept évêques envoyés de Rome débarqua au IIIème siècle à Bages avec pour mission d'évangéliser la région. Mais les bageois raillèrent ses sermons et le repoussèrent à l'eau : puisqu'il faisait des miracles qu'il creuse une barque dans un rocher. Saint Paul Serge modela une barque de pierre très légère, monta à bord, une grenouille bondit sur le canot pour lui servir de timonier. Il accosta un peu plus loin donnant son nom à ce point d'amarrage. Là se trouve la croix de Saint Paul sur l'emplacement où le saint débarqua. Cette croix est fixée sur un socle qui pourrait bien être une ancien autel "wisigothique". Sur ce lieu, on dénombre une grande quantité de sépultures, les restes d'un ancien lieu de culte et quelques fosses communes. De ce site pourrait provenir les deux croix se trouvant au musée et le bas relief fixé dans une façade rue des carriérettes datant de 1688 et portant l'inscription "Dieu te regarde pauvre pêcheur.[...]"
"La conversion de Saint Paul" Jacques Gamelin (1738-1803) |
"La lapidation d'Etienne" Jacques Gamelin (1738-1803) |
"L'adoration des berges" Jacques Gamelin (1738-1803) |
[...] Statuaire en groupe [...] représentant le Christ en croix avec à ses pieds la Vierge et Saint Jean. Un baldaquin en bois, de style flamboyant, entoure les personnages.[...] |
Chapelle des Morts pour la France |
[...]La rosace : conversion de Saint Paul : terrassé, il est jeté à terre et devient aveugle. [...] |
Si la petite place du village est pittoresque avec son église, sa mairie, son café, il semble cependant que le clou du village soit les anciens marais salants qu'il est possible de parcourir via le chemin aménagé.
Je vous aide ?
"Les quais, anciennement dénommés "passadous" servaient, au moment de l'exploitation du sel, de lieu de stockage de la récolte avant expédition. Tous les salins ne disposaient pas de quais tels que ceux de Peyriac-de-Mer.
Ici depuis cette station, on peut observer trois quais. La vue que vous avez sur votre gauche permet d'en observer aisément le principe constructif avec des blocs de pierre structurant une ceinture face à l'eau de mer, retenant les sols et limitant le pouvoir érosif des eaux de la saline. Avant chaque entreposage il était réalisé un nivellement sur les quais de sorte d'utiliser au mieux l'espace de stockage disponible.
Les Camelles
Lors de la récolte, le sel était stocké en gerbes (petits tas de sel) une dizaine de jours afin de permettre un premier écoulement des eaux de pluie puis rassemblé ensuite en camelle (pyramide de sel) sur les quais, le sel était nettoyé lors de la mise en camelle. La camelle provient de la réunion de plusieurs gerbes. Les camelles faisaient environ 4 à 6 mètres de haut, elles étaient couvertes au fur et à mesure de leur création par des tuiles. Cette "couverture" était ensuite maintenue le temps des expéditions jusqu'à la consommation entière de la ressource.
La forme des quais
Le sel était pesé puis chargé soit sur des charrettes, soit sur des embarcations adaptées, d'où la forme des quais des paussadous et leur "avancée" significative au centre de la saline.
Un lieu protégé aujourd'hui
Les quais ne sont pas accessibles au public car ils sont des éléments patrimoniaux fragiles et sensibles et ils servent aussi à la faune, notamment les oiseaux, en tant que lieu de nidification et de tranquillité.
Le saviez-vous ?
A compter du XVIIe siècle, le sel n'est plus stocké à Peyriac-de-Mer. Il est mis en "camelle" sur les quais et est ensuite acheminé partiellement par charrette ou par bateau, sur de grandes barques appelées "aleges", en direction des entrepôts de Narbonne, véritable plate-forme de la production salinière locale. Le solde de la production était enlevé à la demande sur site.
A Peyriac-de-Mer, les 3 anciens quais, que vous voyez auprès de vous, font chacun plus de 200 mètres de longueur.
Une camelle a une base trois fois supérieure à sa hauteur."
Les quais...
...un petit coup de zoom...
...encore !
Nous terminons la visite du village :
Nous longeons la grille du musée archéologique qui est déjà fermé.
Je vous aide ?
"Musée archéologique
Peyriac-de-Mer...au temps de ses premiers habitants
De la nécropole de Saint-Paul à l'église, en passant par les multiples témoignages d'une occupation ancienne (Oppidum du Moulin entre autres), Peyriac-de-Mer a connu de nombreuses fouilles archéologiques et a vu la création de son musée archéologique en 1956, en même temps que celle de la Société Archéologique Peyriacoise.
Situé à l'emplacement de l'ancien presbytère, le musée a été impulsé par Messieurs Fabre et Barbouteau, fervents acteurs des campagnes de fouilles archéologiques menées sur le territoire de la commune. Henri Fabre a assuré la fonction de conservateur du musée. Personnage "moteur" de cette aventure patrimoniale, Henri Fabre a donné son nom à l'actuel musée.
Le musée abrite des collections remarquables. Les fouilles et recherches effectuées à Peyriac-de-Mer ont permis l'exhumation et l'analyse de nombre d'objets et de formidables vestiges d'habitats, notamment de la période gallo-romaine.
Entrez et venez découvrir les richesses du patrimoine de Peyriac-de-Mer et l'héritage de plusieurs siècles d'activités au bord de l'étang de Bages et de la saline...
Le saviez-vous ?
En 1916, un cultivateur du village butte par hasard sur un vase en terre alors qu'il travaille son champ. C'est la découverte du fabuleux "trésor de Peyriac-de-Mer" ! Cent dix-sept pièces d'argent datant de la République romaine entre le IIIe s. avant J.-C. et le Ie s. de notre ère (voir plaque murale de l'oppidum du moulin). Ce trésor a depuis, mystérieusement disparu."
Nous n'avons effectué qu'une infime partie du parcours "Mémoire d'étangs" et parcouru quelques rues du village. Revenus au cc, nous prenons le temps d'admirer le joli coucher de soleil sur l'étang du Doul avant de quitter les lieux.
Encore de l'eau, toujours dans l'Aude mais cette fois, c'est celle du canal du Midi.
Nous sommes au Somail pour la nuit et demain nous entamons la route du retour.
J'ai longtemps hésité à publier la suite de cette balade en pleine pandémie alors que les peuples pleurent leurs malades et enterrent leurs morts. Certains penseront peut-être que c'est de mauvais goût, d'autres y trouveront un filet de lumière au milieu de cette gangue de malheurs. J'espère juste apporter un moment d'évasion en cette période de confinement et d'infinie tristesse, à toutes celles et ceux qui par le Monde viennent régulièrement sur le blog et que je remercie pour leur fidélité.
Et même si je ne vous connais pas, à bientôt, je l'espère.
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Une belle balade, j'ai particulièrement aimé Bages ;-)
RépondreSupprimerJoli village avec ce bel étang et vue sur les monts, ça me dépayse !
Guess en a profité ;-)
Cela donne envie à chaque fois de découvrir votre région, on ne désespère pas, un jour peut-être...
Quant à ton hésitation à publier ces résumés, je ne vois pas pourquoi, au contraire, ça distrait un peu ;-)
Merci et j'ai du retard d'ailleurs sur ton blog