Balade dominicale sous le soleil hivernal
* Les points rouges concernent cet article - Carte active
Pour voir le début de cette balade - cf. ICI
Partis de Platja d'Aro en fin de matinée, nous reprenons l'itinéraire que nous avions laissé en suspens pour assister au carnaval, mais nous le faisons en sens inverse en direction d'Olot cette fois.
Un bout du panneau :
Nous commençons par nous garer sur l'aire camping-car (cc) de Llagostera. Stationnement et services (eau et vidanges) gratuits. Pour 5 cc.
Elle se trouve en bas du centre historique, l'endroit à première vue semble calme.
Coordonnées GPS : N 41°49'17.2370'' - E 2°53'43.7330''
Pour visiter le centre ancien, il faut grimper.
Au moment où je publie cet article, les QR codes fonctionnent.
Un dimanche après-midi, qui plus est en février, nous ne pouvions que nous attendre à trouver tout fermé. La maison-musée a tous ses volets baissés.
La tour est dans l'angle d'une vaste place, où se trouvent la mairie et l'église et y monter permet d'avoir une belle vue sur la plaine.
Cela semble être une pratique courante en Catalogne : beaucoup d'églises sont ouvertes sans l'être, ici aussi une grande vitre à l'entrée permet juste de voir l'intérieur sans y pénétrer. C'est un peu frustrant certes mais bien mieux que de trouver porte close.
Je n'ai pas d'autre alternative que de photographier de loin, à travers la vitre. Les portes de part et d'autre de celle-ci supportent chacune une sculpture en ferronnerie représentant un saint.
En face de l'église : l'hôtel de ville.
Blason sur le fronton de la mairie |
Dans un coin de cette place, un monument allie sculpture et céramique :
Si j'ai bien compris, ce monument a été érigé en 1983 à l'instigation d'une association qui oeuvre pour promulguer l'histoire de Llagostera avec l'aide de la Catalogne, du conseil municipal et d'une souscription populaire pour commémorer l'octroi des privilèges du roi Jacques I au peuple en 1240.
Un petit chat attend sur la dernière marche de l'église.
Juste en contrebas de l'église, la place Llibertat avec l'imposante Maison des Veuves.
Ici aussi des rubans jaunes mais depuis la visite d'Olot, je sais à présent qu'ils représentent le symbole de la lutte pour la libération des prisonniers politiques catalans.
Détails de la baie de la Maison des Veuves :
La rue Olivareta ou Reramur est pittoresque. Etroite et tortueuse, elle est flanquée de chaque côté de maisons aux crépis de couleurs chaudes.
Nous quittons la partie médiévale qui ne se borne en fait qu'à quelques rues pour tomber sans grande transition dans le XXème siècle avec la place de Catalogne.
C'est une place immense, légèrement en pente, entourée de maisons qui semblent avoir été érigées à la fin du XIXème siècle ou au début du XXème siècle.
Le panneau :
"L'Agricola
Maison moderniste construite en 1903 pour abriter des entités ou associations. C'était le siège du Centre Régional et de la Chambre d'Agriculture.
C'est l'un des rares édifices modernistes de Llagostera bien qu'il existe des éléments isolés de ce style sur plusieurs bâtisses."
La grande bâtisse qui se trouve dans le prolongement semble abriter en plus d'un bar-restaurant, l'école de danse et de musique de Llagostera.
Et là, c'est le moment inattendu où alors que je regardais une statue, j'ai rencontré...un ballon. Celui-ci, je ne l'ai pas vu venir mais il n'empêche qu'il a atterri violemment sur mon visage.
Si violemment qu'après avoir vu les 36 chandelles, ma joue a aussitôt commencé à gonfler très sérieusement.
Quant au responsable, un petit bonhomme d'une dizaine d'années, il a prestement filé sans demander son reste après s'être vaguement excusé.
Quant au responsable, un petit bonhomme d'une dizaine d'années, il a prestement filé sans demander son reste après s'être vaguement excusé.
Nous avons apparemment fait le tour de la ville, nous reprenons le cc pour une dizaine de kilomètres environ.
Capture d'écran "Via Michelin" et localisation de notre parking et de l'aire cc |
Nous nous serions bien posés sur l'aire cc pour une nuit mais les 5 places sont prises et bien prises, on dirait même que les gens n'ont pas vraiment l'intention de bouger au vu des tapis de sol, du linge étendu, du panier du chien...
Est-ce une coïncidence mais...Il faut dire que sur l'aire l'électricité est gratuite ainsi que le stationnement et les services. Et puis ce sont peut-être des curistes qui n'ont cure des pauvres diables qui, tout comme nous, souhaitent juste visiter les lieux.
La traduction de ce premier panneau - ICI
En tournant un peu, nous trouvons un parking gratuit, sans services dans une rue toute proche.
Coordonnées GPS de notre parking : N 41°50'24.8210'' - E 2°48'35.0870''
A gauche de la photo, notre cc, à droite en haut du Parc de la Sardane l'aire cc :
Et en face, le quartier historique que nous attaquons juste après le bâtiment blanc qui se trouve être la mairie :
Ici aussi, les panneaux sont en braille.
La chapelle de Sant Grau est on ne peut plus sobre, les seuls éléments décoratifs sont son clocher et les inscriptions gravées autour de ses deux fenêtres.
Partie du panneau en français :
Juste en dessous des deux petits temples, il reste de beaux vestiges des thermes romains.
Il y a tellement de panneaux concernant les thermes que je les ai mis sous forme de PDF pour ceux que leur lecture intéresse - cf. ICI
La natatio |
Le système d'évacuation des eaux |
Je vous aide ?
"XIIe - XIVe siècle
Depuis le XIVe siècle, la ville de Caldes possédait une muraille qui défendait la population. On en retrouve quelques morceaux situés à Cal Ferrer de la Plaça à l'Ermite de Sant-Grau ("Ermita de Sant Grau) il est sur le canal qui suit la source de la Mina ("Font de la Mina"). Les murs sont en pierres de taille alignées et meurtrières intercalées. Le château possédait sa propre muraille d'origine plus ancienne, dont on conserve trois tours défensives. L'une de ses tours fut construite sur les vestiges des thermes romains."
"Histoire de la mise en bouteilles de l'eau" : Texte mis en PDF pour une lecture plus facile - cf. ICI
Détails de la maison ci-dessus :
Près du château, à l'angle de la rue, il y a la fontaine de Sant Narcis. Je ne l'ai pas prise en photo car architecturalement parlant elle n'a vraiment rien d'extraordinaire, par contre elle a ce que les fontaines en général n'ont pas : de l'eau chaude.
Et nous l'avons testée, c'est chaud.
Voici ce qu'en dit le panneau :
"XIXe siècle
Source publique d'eau thermale provenant du puy de Saint Grau ("Puig de Sant Grau"). On en commercialisa l'eau dès la deuxième moitié du XIXe siècle."
Encore une maison de style moderniste dont nous ne voyons que la partie supérieure :
Nous trouverons quelques-uns de ces panneaux disséminés dans le centre-ville, ils racontent des anecdotes sur Caldes de Malavella en temps de guerre en nous faisant découvrir quelques pages d'histoire.
J'ai essayé de vous le traduire :
"Hôtel Fabrellas
En 1944, Caldes a accueilli plus de 1000 marins italiens que l'administration franquiste a répartis entre les trois stations thermales, il a fallu aussi utiliser les hôtels Fabrellas et Ribot. L'hôtel Fabrellas a accueilli une cinquantaine de marins de la marine italienne. Trois d'entre eux se sont échappés et sont allés à Barcelone avec des vélos volés dont l'un était celui de la tante de l'écrivain Joaquim Carbo. Une fois dans la capitale, ils sont allés au consulat italien dans le but de rejoindre le front pour combattre avec l'Italie. Le consulat les persuada de retourner à l'hôtel Fabrellas, que la Deuxième Guerre mondiale touchait à sa fin et que par conséquent, leur captivité était sur le point de prendre fin."
"Caldes, ville musicale", je vous l'ai mis sous forme de PDF - cf. ICI
Une autre traduction :
"Station thermale Prats
La station thermale Prats était l'un des trois établissements thermaux de la ville qui ont accueilli des réfugiés pendant la Seconde Guerre Mondiale. En inventoriant les disponibilités pour loger les marins italiens en 1944, il s'est avéré que les thermes de Prats pouvaient loger 195 soldats. Le 13 septembre de cette même année, Meino Von Eitzen est arrivé à Caldes accompagné de sa famille. Von Eitzen était un officier supérieur de l'armée nazie qui avait été blessé sur le front russe, raison pour laquelle il avait été transféré à Vigo pour gérer l'entreprise de tungstène, l'une des ressources minières que Franco avait mises à la disposition de l'Allemagne nazie. Le tungstène est un minerai rare, indispensable à l'industrie de l'armement qui, en Galice, était extrait dans des mines où des milliers de républicains travaillaient de façon forcée, dans des conditions proches de l'esclavage.
Quelques habitants de Caldes de Malavella se souviennent encore de Von Eitzen, de Rosa Riera par exemple, ils ont pris soin de leurs enfants, dont certains, une fois grands revenaient à Caldès pour y passer l'été."
Les thermes Prats :
Des thermes Prats, nous passons à la Casa Quintana...
Casa Quintana |
...à l'église Saint Esteve dont le tour sera vite fait vu qu'elle est fermée...
Caldes de Malavella est plus grand que ce que j'imaginais. Là, c'est le moment où je commence à regretter de n'avoir pas pris nos trottinettes.
Une autre tentative de traduction :
"Les nazis à Caldes
Après la Deuxième Guerre Mondiale et sur ordre des Alliés, certains Allemands résidant en Espagne ont été temporairement concentrés à Caldes de Malavella. Leur confinement était en prévention d'un éventuel ordre de rapatriement pour se dégager d'une collaboration avec le régime nazi.
Entre 1945 et 1947, une centaine d'Allemands nazis étaient hébergés dans différents établissements de Caldes, la plupart d'entre eux ont pu retourner dans leurs villes d'origine en Espagne, sous la protection du régime franquiste, ou ont pu se rendre en Argentine et dans d'autres pays d'Amérique latine.
Cette maison près de l'église paroissiale, habituellement louée aux curistes venus boire l'eau, abritait certains de ces Allemands. Un de ceux qui y ont résidé était Herman Rudolf Tretter, un officier de la gestapo en poste à Valence. Tretter a expliqué lors de son interrogatoire que le lieutenant-colonel de l'état-major général Manuel Chamarro Cuervas-Mons, un certain "Aimable" et Antonio Lopez étaient des agents doubles (Service d'Information des Armées de terre, de mer et de l'air espagnoles) responsables de la dissimulation des Allemands revendiqués par les Alliés.
Près de la maison se trouve le Casino-Union, qui est devenu à cette époque un lieu de brassage entre la population locale et les étrangers. Durant les années du confinement allemand à Caldes, il y a eu une naissance, celle de Renato Pescoller, fils de Heinrich Pescoller, comte de Hobenegg et d'Elisabeth Kuvitt, qui vivait dans la rue Nou. Le 6 novembre 1944, le Ministère de l'Intérieur, responsable de la sécurité intérieure a publié une deuxième liste avec 25 noms de citoyens allemands qui devaient être amenés à Caldès où ils devaient être hébergés dans l'attente des exigences légales des forces alliées."
Et voici la maison en question :
Et une rue plus loin, le Casino :
"Caldes de Malavella, ville thermale", que je vous ai aussi mis en PDF - cf. ICI
Un monument original au milieu d'une place. S'y retrouvent la Sardane, une partition, un blason :
Une énième traduction :
"Rambla recolons et la Fonda Ribot
Avant la Guerre Civile, la Rambla Recolons était le lieu qui concentrait la plupart des maisons et appartements à louer. Mais une fois la guerre déclarée, tout ce qui pouvait être occupé a été réquisitionné et utilisé pour couvrir les besoins hospitaliers et d'hébergement. L'hôtel Ribot fut l'un des établissement à accueillir 58 des 950 marins italiens réfugiés et envoyés dans la ville en 1944. Leur séjour a provoqué quelques émeutes et conflits qui ont été sévèrement réprimés par l'armée."
On peut affirmer sans problème que la rambla Recolons est une avenue bordée de maisons pour le moins originales :
Colonia Rodriguez |
Xalet d'Antoni Mas |
Casa Mas Ros |
Nous quittons la Rambla large et aérée pour retourner au cc via les rues étroites et tortueuses, c'est un peu comme passer du XXème siècle au Moyen-Age d'un seul coup.
Maison d'origine médiévale :
Un peu plus haut dans la rue, nous tombons sur une maison médiévale à la porte à large voussure, des têtes encadrent la fenêtre du premier étage, c'était probablement les portraits des propriétaires.
Détails de la fenêtre :
La croix à l'angle de la maison :
Allez ! La dernière traduction :
"Caldes à cette époque
Textes qui relatent cette époque
Si pendant la Guerre Civile, les installations du Vichy Catalan ont servi d'hôpital aux soldats républicains malades ou blessés, plus tard en pleine Guerre Mondiale les réfugiés de diverses origines ont été accueillis à l'établissement thermal Prats et Soler, démoli quelques années plus tard. En premier, cela a été des Français, des Anglais, des Canadiens, certains d'entre eux étaient Juifs - peu importe ils se cachaient - survivants d'un navire coulé près de la Costa Brava [...] Et cela m'amène à avouer que je n'avais aucune idée de ce qui se passait dans ma ville [...]. De 1944 à 1947, un grand nombre de personnalités nazies protégées par le gouvernement de Franco ont été plus ou moins cachées, les Britanniques fermant les yeux, ils vivaient avec leur famille tout en préparant leur départ pour l'Argentine.
Joaquim Carbo - Trois stations thermales en temps de guerre (2011)
[Joaquim Carbo est né à Caldes de Malavella en 1932. C'est l'un des écrivains catalans les plus célèbres et reconnus avec plus de 100 titres et de nombreux prix. Il a été le co-fondateur du magazine Cavall Fort et a été un écrivain essentiel pour la survie de notre langue littéraire. Il a passé une grande partie de son enfance à Caldes, il y a vécu pendant et après la Guerre Civile et a été un témoin direct des nombreux événements de cette époque.]
A un certain moment, au XIXe siècle, les Catalans ont découvert les vertus curatives des eaux du pays et commencé la construction des stations thermales. Les thermes étaient en général construits sur un terrain plat et si possible un peu en contrebas des routes [...]. Le style oriental venait du fait que les Catalans ne s'y baignaient pas à cette époque et les hommes d'affaires du moment avaient une idée bien particulière sur les thermes. Ils pensaient que les bains publics étaient une invention maligne et absurde - introduits dans le pays par les Maures.
Le genre de therme oriental le plus classique est le Vichy Catalan de Caldes de Malavella.
Josep Maria de Sagarra - Balnearis (1932)
"A la Selva, vous pouvez faire autre chose qui n'est pas très courant.J'entends par là que vous pouvez aller prendre les eaux à Caldes, qui sont excellentes.
Aller aux bains ! Quel autre rêve plus paisible et plus bienveillant ! Les eaux de Caldes ont d'immenses vertus et contiennent des substances en abondance, plus qu'il ne semblerait au premier abord. Et après l'importance que ce livre donne aux choses culinaires un peu d'eau de Caldes ne ferait pas de mal. En tous cas, cela le rendrait plus complet.
Josep Pla, Viatge a la Catalunya Vella (1976)
Voyage dans la vieille Catalogne
"Avant d'épouser mon père, ma mère allait à Caldes pour boire de l'eau car elle souffrait d'une maladie du foie. Toute la famille y est allée par la suite. Nous nous sommes installés aux thermes Prats. "Prats, une absurdité" disaient les gens. [...]. Je garde un souvenir très précis de Caldes alors que j'avais 9 ans d'une fête organisée dans le bâtiment Vichy. C'était une sorte de danse costumée relativement osée compte tenu de l'heure. Je me souviens de dames perchées sur une chaise avec une canne et une poire attendant qu'un homme vienne le leur prendre avec la bouche."
Josep Palau i Fabre (2002)"
La bibliothèque :
Et pour terminer puisque nous sommes près de l'ancienne muraille donc relativement proches de notre parking, une maison médiévale :
Et voilà, nous qui pensions dormir à Caldes de Malavella, nous n'osons rester sur la place n'ayant pu demander à quelqu'un si cela était possible.
C'est vrai, nous n'avons pas vu de panneau d'interdiction, mais nous préférons rejoindre notre prochain village.
Si vous voulez être informé(e)s des nouvelles parutions, n'oubliez pas de vous abonner à ma page Facebook "Balades par monts et par vaux".
Une belle avant dernière balade avec un beau ciel bleu et de beaux scraps. Merci pour ce partage. Bise charentaise. Marie
RépondreSupprimerBonsoir,
RépondreSupprimerMerci Marie pour ton passage sur le blog. Pour le beau ciel bleu, je n'y suis pour rien, quant aux scraps, j'essaie de rendre la lecture plus attrayante. Bises
Brigitte