dimanche 26 juillet 2020

Aveyron : Naucelle ¤ Camjac ¤ Salles-la-Source (juin 2020) 1ère partie


L'Aveyron par les chemins de traverse



* Les points rouges concernent cet article - (carte active)

Chemins de traverse ? Parce que nous avons contourné les lieux les plus connus de cette partie de l'Aveyron comme Rodez, Conques.

Cette balade débute à Naucelle. Nous avons tant et tant de fois traversé Naucelle-Gare en allant à Rodez (avant que la voie rapide ne contourne cette commune) mais jamais nous n'étions sortis de l'axe Albi-Rodez pour découvrir le joli village de Naucelle.





Capture d'écran "Via Michelin" et localisation de l'aire cc.

Quelques panneaux m'évitent bien des recherches pour situer le village et son histoire. Aussi, je vais faire la paresseuse...


Je vous aide ? 
Du moins pour celles et ceux que trop de lecture ne rebute pas...
"LA PLACE DU SÉGALA
 La place du Ségala fut un lieu stratégique de la vie économique du Naucellois puisqu'elle accueillit pendant des décennies d'importantes foires. Son réaménagement récent en fait aujourd'hui un lieu de loisirs apprécié des habitants.
UNE POPULATION A L’ÉTROIT
Naucelle a été construite au XIIe siècle par les moines cisterciens de l'abbaye de Bonnecombe, puis fortifiée au XVe siècle (murs d'enceinte et fossés). En 1516, cent dix maisons étaient recensées à l'intérieur de la cité et une quarantaine tout autour. Ce n'est qu'au début du XIXe siècle que la population éprouva le besoin de construire de nouvelles habitations hors des murs. Les fortifications et les fossés ayant presque tous été détruits et comblés suite à la révolte fiscale des Naucellois en 1658 et aux représailles qui s'en suivirent, des maisons furent bâties sur les fossés et leurs accotements. A cette époque, toute la partie sud-est de la ville était recouverte de prés clos (vastes pâtures). Parmi eux se trouvait le pré du Pouget sur lequel se trouve aujourd'hui la place du Ségala. 
CONSTRUCTION DU FOIRAIL
En 1898, la commune de Naucelle acheta un vaste lot sur le pré du Rouget ("poget", petite éminence). Elle utilisa cet espace pour créer un foirail aux bestiaux à cornes. Durant des dizaines d'années, les foires de Naucelle étaient l'occasion de rencontres et d'importants échanges commerciaux puisqu'il s'y négociait des centaines de bovins venant de toute la région et de de fermes parfois fort lointaines. A titre d'anecdote, c'est au cours d'une de ces foires qu'un naucellois, Jean Delbruel, sortit vainqueur d'un combat avec un ours. L'animal laissa des traces de griffes dans le dos de son adversaire que l'on surnomma alors Jean de l'Ours. Le foirail accueillait également les célèbres fêtes du Ségala.
LES ÉVOLUTIONS DU QUARTIER
L'extension du bâti sur le pré clos du Pouget permit de créer une route reliant Naucelle à la Baraque de Merlin, aujourd'hui Naucelle-Gare. Cette nouvelle voie de communication va permettre de désengorger le centre du village et entraîner l'édification de nouveaux bâtiments : maisons individuelles, commerces et ateliers. Depuis 1868 l'école Saint-Martin s'ouvrait sur la place du Ségala avant d'être transférée en 1965 avenue de la gare. A cette même époque les services postaux s'y installent. On note aussi la présence de l'ex cours complémentaire devenu aujourd'hui le collège Jean Boudou. 
LA PLACE DU SÉGALA AUJOURD'HUI
Le temps où la place était noire de monde les jours de foire est désormais révolu. Le monde agricole et le commerce des bestiaux ont connu des évolutions importantes nécessitant des infrastructures plus adaptées. Des halles ont ainsi été construites à l'ouest de Naucelle et la place du Ségala s'est vue enlever sa principale fonction. C'est en 2001 que la municipalité décida de métamorphoser ce lieu devenu austère afin d'en faire à nouveau un lieu de rencontre et de convivialité pour les Naucellois et les visiteurs."

Honnêtement, j'ai trouvé que la place du Ségala n'avait pas très grand intérêt si ce n'est pour la place prépondérante qu'elle tenait jadis dans l'histoire du village.

L'aire de services se trouve en bout de la place du Ségala. Services gratuits.
Coordonnées GPS : N 44°11'49.7330''  -  E 2°20'30.0230''

L'aire camping-car n'est guère loin, à quelques 150 m environ au-dessous de la place du Ségala.
Le stationnement est gratuit et des prises sont mises gracieusement à disposition des camping-caristes. Une table avec bancs se trouve dans la partie basse de l'aire.
Coordonnées GPS : N 44°11'47.9690''  -  E 2°20'28.0250''




Et nous voici partis pour une balade dans le centre historique de Naucelle à la découverte du patrimoine bâti.
Au menu : quelques maisons à pans de bois et encorbellement, des arcades et des ruelles étroites...



Nous atteignons très vite la place de l'Hôtel de ville : 



Un peu d'aide ?
"LA PLACE DE L'HÔTEL DE VILLE
Naucelle est une création des moines cisterciens de l'abbaye de Bonnecombe (15 km au sud de Rodez) qui s'établirent au XIIe siècle à Bonnefon (à proximité de Naucelle) et dont la Grange* rayonna sur le Bas Ségala durant six siècles.
Au Moyen Âge, Naucelle se trouvait sur le "Camin rodanès", voie importante qui reliait Rodez à l'albigeois et à Toulouse via le Pont de Cirou. La proximité de Sauveterre freina longtemps le développement de Naucelle car la Bastide concentrait alors tous les pouvoirs. Le renouveau vint de la route et surtout du chemin de fer (1902) avec la création d'une gare  à 2 km du bourg, au lieu-dit la Baraque de Merlin (Naucelle-Gare aujourd'hui). Les foires et les activités économiques du Naucellois tirèrent alors profit de cette nouvelle position stratégique.
LE CŒUR DE LA CITE
Successivement appelé place publique, place centrale puis place de l'Hôtel de ville, ce lieu est mentionné dès le XVe siècle. Elle possède des gitats (couverts à arcades). Au centre se trouvait un puits qui, à cette époque, était le seul point d'eau public à l'intérieur de la ville. Cette place est restée au cours des siècles le centre de la vie naucelloise : des marchés, des bals et même des exécutions y ont eu lieu. On sait par exemple qu'en 1590, deux personnes ont été exécutées sur la place par décapitation et section des membres, qui furent ensuite exposées à divers endroits du bourg. Au milieu du XIXe siècle, un vent de modernité souffle sur Naucelle. Par délibération du 9 mai 1843, le conseil municipal décide à l'unanimité d'édifier au centre de la place le premier réverbère "que l'on allumerait les jours de foire et de marchés lorsque la lune n'éclairerait pas". Il faut attendre 1928 pour voir l'électrification du bourg.
L'HÔTEL DE VILLE
Cette imposante bâtisse construite entre le XVIe et le XVIIe siècle fut pendant quatre cent ans la propriété de familles bourgeoises qui s'y succédèrent. Elle fut à maintes reprises transformée.  En 1970, la municipalité fait l'acquisition du bâtiment et y aménage ses bureaux. Les derniers travaux de transformation et d'embellissement datent des années 1990-2000.
* Grange : établissement agricole d'un ordre monastique, comprenant des bâtiments et des terres.


Encore un !

"L'EGLISE SAINT-MARTIN DE NAUCELLE
D'inspiration cistercienne, elle peut être qualifiée de romane de transition. Il est difficile de dater de façon exacte sa construction initiale. Elle fut intégrée aux fortifications dont les travaux débutèrent en 1427 comme en atteste la pierre gravée provenant du château de Bonnefon (voir photo).
DES ORIGINES DE L'EGLISE A NOS JOURS
Ces travaux de fortification furent décidés en 1424 par les notables de la ville en accord avec l'abbé de Bonnecombe, Hugues de Castelpers. L'église était parfaitement intégrée dans l'ensemble du système de défense. Elle comportait quatre tours circulaires à chacun de ses angles qui permettaient ainsi d'assurer la défense de l'église et de la cité. Le clocher servait très certainement de tour de guet. Le grand portail actuel n'existait pas, l'entrée se situait côté sud. L'église Saint-Martin a connu de nombreuses modifications entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Parmi ces transformations, les plus marquantes furent entreprises entre 1892 et 1896. On retiendra l'allongement de l'église vers l'ouest qui exigea la destruction de deux tours d'angle et permit la construction d'une sacristie et du chœur polygonal. La rosace sur le chevet primitif fut agrandie. A l'est, fut ouvert le grand portail d'entrée desservi par un grand escalier. Une deuxième vague de changements importants eut lieu en 1923 : un transept fut bâti et le clocher rehaussé de 13 mètres (hauteur définitive de 38 m).
L’INTÉRIEUR DE L'EGLISE
L'église abrite un mobilier intéressant tel que l'autel du Saint Sacrement en bois sculpté peint et doré qui est l'un des meubles les plus anciens daté du XVIIe siècle. L'autel du Sacré-Cœur en bois de chêne de style ogival, qui se situe dans l'aile gauche du transept, fut installé au début de la semaine Sainte de 1883. L'église abrite également la chapelle de Saint-Eutrope, la chapelle du baptistère et un retable mural antérieur à 1550. Enfin, les stalles de style néo-gothique en bois de chêne furent sculptées par deux maîtres ouvriers à la fin du XIXe siècle. Un travail minutieux est visible sur les sièges à miséricorde, les accoudoirs, les dais et les panneaux muraux.
LE GRAND ORGUE
L'orgue de l'église de Naucelle a été réalisé en 1999. Cet instrument de style italien est l'oeuvre du facteur d'orgue Jean Daldosso, qui l'a construit dans ses ateliers de Gimont dans le Gers. L'ouvrage comprend 16 jeux, c'est-à-dire 945 tuyaux. Son buffet est orné de sculptures dorées à la feuille. L'arrivée de cet orgue dans l'église correspond à une volonté d'accompagner les liturgies mais également d'accueillir au sein de l'édifice des animations culturelles telles que des chorales ou des récitals.
La pierre gravée
A l'intérieur de l'église, est scellée une énorme et non moins magnifique pierre gravée. Celle-ci témoigne du commencement des travaux de fortification de Naucelle. Provenant du château de Bonnefon, elle fut offerte en don inestimable par Monsieur Jean Lacombe, ancien maire, qui était devenu propriétaire de la ferme de Bonnefon. Sur la pierre, l'inscription en langue d'oc dit ceci : "L'AN MCCCCXXVII FO COMENSAT DE BARAR AQUEST LOC PER MOS, HUC DE CASTELPERS  ABAT DE BONACUMBA" "L'an 1427 fut commencé de fortifier ce lieu par Monseigneur Hugues de Castelpers, abbé de Bonnecombe"" 

L'église est fermée. Etat normal ou application des consignes gouvernementales dues à la pandémie ? 
Nous trouvons tant d'églises fermées lors de nos balades que nous sommes maintenant presque étonnés lorsque nous pouvons en visiter une. 
Et malheureusement cet état de fait semble devenir chose de plus en plus courante. Pourtant, s'il existe un endroit où l'on a le plus de chance de croiser des oeuvres d'art tant architecturales que sous forme d'objets, c'est bien dans une église. L'église concentre tant de métiers d'art, de l'architecte, aux maçons et charpentiers en passant par les peintres, les sculpteurs, les doreurs, les maîtres-verriers... 😒





Courage, il n'y a que 6 panneaux dans le village !
"LA RUE DU FOUR
La rue du Four est la dernière qui nous donne une idée de l'aspect des maisons de Naucelle au XVe siècle. Cette rue sera d'ailleurs inscrite à l'inventaire des sites en 1973.
LE FOUR BANAL
La rue du Four tient son nom du "four banal"* qui y fut construit, suite à la Charte de coutumes de la ville signée en 1424. Le propriétaire de ce four, fermier et Abbé de Bonnefon, en percevait l'affermage. Un bail de sous-affermage était conclu pour une période bien déterminée avec un ou plusieurs habitants de la ville. Engagement pour eux "à faire le nécessaire pour le chauffage et la cuisson de pain des habitants que les femmes apportaient sur leur tête, dans les paillasses de ronce et de paille de seigle". Le bois de chauffage et de cuisson venait de la forêt de la Garnasse qui jouxte Bonnefon. Le four banal, en bon état mais sans usage, fut hélas démoli dans les années 1950.
LES MAISONS DE LA RUE DU FOUR
De cette époque, il ne reste que quelques maisons à colombage et double encorbellement. Le rez-de-chaussée était en pierre, il servait d'échoppe, d'atelier ou d'étable pour le cochon qui recevait directement une partie de sa nourriture par une trappe située dans la cuisine au premier étage. Les murs des premiers et deuxièmes étages étaient à pans de bois garnis de torchis. Dans des bacs pleins de terre glaise, le maçon tressait des cordes de paille qu'il accrochait au bois. Les vides étaient remplis de terre glaise abondante dans notre Ségala. Le mur à clapet de torchis sera remplacé par le mur à clapet de pierre, confectionné avec du mortier de terre glaise et de la pierre. On gardera l'armature en bois et les séparations intérieures resteront en torchis. La couverture de ses maisons était en lauzes. Il est à peu près certains que ses habitations, au début du XVIe siècle, comptaient au moins cinq personnes chacune. Les Naucellois vivaient donc à l'étroit et les rues du bourg étaient certainement très animées, avec tous les aléas que cela comporte : bruit, insalubrité, odeurs... C'est d'ailleurs à cette époque qu'un pont sanitaire fut construit pour un notable de la ville. Possédant une maison de chaque côté de la rue, il fit construire ce pont pour passer plus aisément de l'une à l'autre.
LA RUE DU FOUR AU FIL DES SIÈCLES
Petit à petit, les habitants du centre ville, à la recherche de plus d'espace, construiront à l'extérieur de l'enceinte du bourg. Cette possibilité se présenta à eux grâce à la vente de terrains. "Mais un jour, la rue du Four n'eut que fantômes...sous les fossés comblés que de biens engloutis...". Le "reviscol" (le réveil) sonna en 1969 avec les stages "Vacances insolites en Rouergue". Pendant dix ans, des centaines de stagiaires, venus de toute la France et de l'étranger, viendront s'initier durant l'été aux métiers de la vannerie, du tissage, de la poterie. La rue moyenâgeuse connaîtra alors une animation extraordinaire.
*Four banal : on appelait autrefois four banal le four villageois. "Banal" est une lointaine référence au droit du moyen âge. "Ban" signifie "astreinte". Le four banal était celui que le seigneur avait fait construire et qui était obligatoire. On ne pouvait cuire son pain ailleurs. La raison principale en était la sécurité contre le feu, ce grand ennemi des temps passés." 

La rue du four :  



Nous arrivons à la place Marcellin Cazals située près de la porte Saint-Jean dite des Anglais.


Une petite Vierge est installée dans une niche au-dessus de la porte. Elle paraît de facture récente.



La suite :
"LA PORTE SAINT-JEAN DITE DES ANGLAIS
DES REMPARTS POUR SÉCURISER LA POPULATION
En 1424, malgré la retraite des Anglais, les exactions se poursuivent de la part de soudards : les routiers. Les villageois, réunis en l'église de Naucelle, demandent à leur coseigneurs, Hugues de Castelpers, abbé de Bonnecombe, et le Baron de Landorre, l'autorisation d'entourer leur cité de murailles et de fossés. Les coseigneurs firent donc constituer  une équipe de "valadièrs" (terrassiers" pour creuser des "valats" (fossés). Les habitants de Naucelle rédigent ce même jour une charte de coutumes, mœurs, usages, privilèges et libertés avec entre autres l'autorisation de prélever du bois de chauffage provenant de la forêt de la Garnasse et l'utilisation du four banal pour la cuisson du pain. Trois portes permettaient l'accès à la ville : "La Porta Nova de Galvan" située près du presbytère, "la Porta Sant Estropi" en direction de Rodez, située place Jean Boudou et surmontée d'une tour de défense, et "la Porta San-Joan" dite des Anglais. Cette dernière est la seule qu'il nous reste aujourd'hui. On distingue encore les deux logements des bras du pont-levis. Elle a été inscrite à l'inventaire des sites en 1975. Les fortifications ont été démolies sur l'ordre de l'intendant de Montauban en répression de la rébellion fiscale des Naucellois en 1658. Attenant à cette porte, se trouve la place Marcellin Cazals.
LA PLACE MARCELLIN CAZALS
Ce lieu, enceint dans le Naucelle historique, ne fut pas toujours la paisible placette que vous avez sous les yeux. Les Naucellois se souviennent encore de la "remise Issanchou" située au rez-de-chaussée d'un bâtiment maintenant disparu qui abritait, tous les soirs du 28 de chaque mois, les bals de fin de foire. Lieu de mémoire et de profond chagrin, ce bâtiment abrita avant la guerre de 39-45 de nombreux réfugiés espagnols en résidence temporaire. Mais il reste surtout attaché à l'exode des juifs fuyant, quelques années plus tard, la barbarie nazie. Assignées à résidence ou réfugiées volontaires, nombre de familles juives d'Europe Centrale vécurent à Naucelle. Le gouvernement de collaboration de Vichy et sa sinistre milice,  faisant preuve d'un zèle coupable, par un matin d'août 1942, raflèrent dans le Naucellois 29 d'entre eux qui finirent dans les chambres à gaz . Le bâtiment fut détruit. En 2000, sur l'emplacement du bâtiment détruit, fut aménagée la place actuelle. Elle est aujourd'hui un lieu d'hommage et de reconnaissance au courage de Marcellin Cazals, natif de Quins. Ce gendarme exemplaire, ne transigea jamais avec les principes républicains et humanistes. Engagé dès janvier 1943 dans la Résistance au Malzieu dans la Lozère voisine, où il était Chef de Brigade, il décida de "n'opérer aucune arrestation qu'il s'agisse de juifs, ou de personnes menacées d'internement comme les communistes ou les réfractaires au STO". Il fera preuve, durant cette période, de sang-froid et d'une immense bravoure, en dépit des risques encourus. Il est reconnu en 1993 par la prestigieuse institution israélienne Yad Vashem. "Juste parmi les nations" pour avoir au péril de sa vie, sauvé de nombreux juifs persécutés. Décédé à Naucelle le 21 octobre 2001, notre cité lui rend hommage en baptisant de son nom, cette placette, au cœur du bourg."



Et une fois de plus, nous sommes rattrapés par l'Histoire, les moments sombres de notre Histoire.


Le centre historique est petit, nous en avons vite fait le tour. Nous voici donc sur une autre place, la place Jean Boudou où l'Office du Tourisme occupe un des angles. Elle porte le nom d'un écrivain occitan : Jean Boudou


Un panneau en extra ?
"Office de Tourisme du Naucellois
SÉGALA NAUCELLOIS
Pays des cent vallées
C'est un territoire secret que ce Pays des cent vallées qui cache au fond de ses "travers" mille et une merveilles. Plateaux du Bas-Ségala où le Viaur et ses affluents ont creusé d'innombrables gorges sauvages et où se dressent encore châteaux et chapelles. Pays de légendes et de rêves où cohabitent l'Histoire et les histoires : du Drac malfaisant à l'énigmatique "Pape du Viaur" en passant par la peinture avec l'enfance de Toulouse-Lautrec ou bien la littérature avec Jean Boudou, écrivain occitan du XXe siècle. Pays propice aux promenades rêveuses, aux randonnées sportives, à l'imprévu de la découverte, au gré des chemins buissonniers.
A voir : viadur du Viaur, château de Taurines, château du Bosc, centre ancien de Naucelle...
A déguster : tripous, veau du Ségala, conserves de canard, échaudés... 
 [...] Au début du XXe siècle, la construction du célèbre viaduc du Viaur lui donne un nouvel essor. Un second viaduc (autoroutier celui-là) et la voie rapide sont porteurs d'un renouveau prometteur en ce XXIe siècle naissant."



Allez, le dernier panneau pour ce village !
"PLACE JEAN BOUDOU
Plaça Joan Bodon
Anciennement appelée place du Bassin - la fontaine publique ("Font del Grifol") érigée en 1849 est aujourd'hui démolie - elle a été rebaptisée en 2000 place Jean Boudou, en hommage à cet écrivain et poète occitan né à Crespin.
JEAN BOUDOU
1920, Crespin (Aveyron) - 1975, l'Arbatach (Algérie)
Un des écrivains majeurs de notre temps, méconnu du grand public, parce qu'il avait choisi d'écrire dans "la lenga de l'ostal" (la langue de la maison) : l'Occitan.  Né dans une famille de paysans très modestes, il deviendra instituteur, connaîtra le STO (Service de Travail Obligatoire durant l'occupation allemande 1943-1945). A son retour, il reprendra son métier d'enseignant le jour, et consacrera une bonne part de ses nuits à l'écriture. Instituteur itinérant agricole, il part en coopération en Algérie en 1969 à l'Arbatach où il mourra subitement le 24 février 1975. Il repose au cimetière de Crespin. Lecteur passionné de littérature contemporaine, il publie une série de Contes, dont les plus connus sont ceux du Drac, inspirés par sa mère, habile conteuse. Il est aussi poète, mais avant tout romancier. Un romancier de la modernité, enraciné et planétaire. Parmi ses romans les plus connus, citons La Grava sul camin, Lo libre de Catoia, Lo libre dels Grands Jorns. 
OCCITAN OU LANGUE D'OC
Langue minorisée d'Europe, langue naturelle de l'espace occitan : 32 départements du sud de la France, des vallées du Piémont italien et du Val d'Aran en Espagne (où elle est officielle). Langue des Troubadours et d'un prix Nobel de littérature : Frédéric Mistral. 
C'est sur la lisière (la marge) qu'est la liberté. Es sus la talvera* qu'es la libertat .Estiu de 1968 "La talvera es aquela lonja de tèrra que se laurava pas per poder far virar l'atelatge. Creat per Bodon, aquel imatge simbolico de la marginalitat se desvolopèt dins las annadas 70-80 e venguèt concèpt de contra-cultural e de resisténcia a l'uniformizacion.
"La Talvera" est une bande de terre qu'on ne labourait pas pour pouvoir tourner avec l'attelage. Boudou a créé ce concept de "la marge" en 1968, il fut adopté par les milieux occitans comme un symbole de contre-culture en résistance à l'uniformisation. 
 L'ERBA D'AGRAM
L'èrba d'agram, ieu l'ai culhida
Sus la crosa del paure mort.
Marrida grana, l'al brandida
Als quatre calres del meu ort.
E lo grand vent de la misèria
L'escampilha sus la mia tèrra.
Al vostre sègle de l'aram,
Que venga patz, que venga guèrra,
Semeni, ieu, l'èrba d'agram...
LE CHIENDENT
Le chiendent, moi je l'ai cueilli
Sur la fosse du pauvre mort.
Mauvaise graine je l'ai brandie
Aux quatre horizons de mon champ.
Et le grand vent de la misère
L'éparpillera sur ma terre,
Et dans votre siècle de fer,
Vienne la paix, vienne la guerre,
Moi, je sèmerai le chiendent... 
Jean Boudou

OSTAL JOAN BODON A CRESPIN
C'est à Crespin (6 km de Naucelle) que l'on peut visiter sa maison natale devenue aujourd'hui "maison d'écrivain". Mais plus que les souvenirs de sa vie, c'est son oeuvre que l'on découvre dans une visite ludique et surprenante entre mannequins, films, écrans tactiles, créations de plasticiens contemporains. Une visite commentée que l'on peut faire en famille et qui ne laissera personne indifférent." 


Au sol, de grands carreaux semblent reprendre une phrase de Jean Boudou dans diverses langues : quechua, grec ancien, latin, portugais, japonais, chinois, corse, russe, basque et quelques autres...



Comme bien souvent, nous allons prendre l'air du soir pour découvrir le village autrement.








Un chat espion !
Il doit se demander ce que nous fichons dans la rue alors que le village est plutôt désert.


Nous avons bien dormi, pas de bruit si ce n'est à partir de 7 h du matin. Que de passage ! 
Nous comprenons mieux lorsque nous retournons au centre acheter du pain dans la boutique d'un Maître-boulanger repérée hier.
Entre parenthèses, le pain était excellent même le lendemain.

Contrairement à ce qui était indiqué sur internet, nous sommes mercredi et c'est jour de marché ! Voilà pourquoi, les véhicules sont déviés et passent devant l'aire cc.

Si le village n'est pas très grand et le centre ancien plutôt petit, le tout est bien achalandé. Dans les quelques rues, on trouve plusieurs boutiques de vêtements, plusieurs boulangeries, boucheries, restaurants...
Il y a même un Intermarché Contact à quelques 200 mètres de l'aire cc avec à l'extérieur des lave-linge de grande capacité et même des bouteilles de gaz en libre-service 24 h/24 h. Choses utiles et non anodines pour nous camping-caristes !
Si l'on ajoute à cela des infrastructures telles une piscine municipale, un stade, un collège, Naucelle, village de 2216 habitants peut je crois se targuer de tenir la dragée haute à bien d'autres communes françaises.

Nous prenons le temps de déjeuner avant de rejoindre le Château du Bosc à quelques 6 km de là sur la commune de Camjac. Bien qu'en ce mois de juin il soit ouvert de 10 h à 18 h, il nous faut patienter pour intégrer les prochaines visites, Covid19  oblige ! 




Capture d'écran "Via Michelin" et localisation du site.

Le parking du château n'est pas très grand, nous nous garons le long d'un muret.
Coordonnées GPS :  N 44°9'53.7530''  -  E 2°22'46.1820''



En attendant notre tour de visite (à tour de rôle car les chiens sont interdits sur le site), un peu de lecture...


Je vous aide ?
"LE CHÂTEAU DU BOSC, L'ENFANCE DE TOULOUSE-LAUTREC
Demeure familiale du peintre Toulouse-Lautrec, le Bosc est une ancienne forteresse féodale mentionnée dès la fin du XIIe siècle. L'édifice actuel fut reconstruit à la fin du XVe puis modernisé au XIXe. Il est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Le Château du Bosc est ouvert au public depuis 1954.
LA FORTERESSE DU BOSC
Le château se présente sous forme d'un quadrilatère entourant la cour fermée par un porche avec une poterne crénelée. Dans la seconde moitié du XIXe, les fenêtres furent percées et les douves comblées. C'est la grand-mère paternelle du peintre qui entreprit de le rendre habitable. De l'ancienne forteresse édifiée par Béranger d'Imbert du Bosc en 1280, il demeure cette façade austère avec ses meurtrières. Comme tant d'autres châteaux, le Bosc connut des heures mouvementées. Déjà au Haut Moyen-Age, il subit l'invasion des "routiers" pillards bien entraînés. Puis il y eut la Guerre de Cent ans et les guerres de religion qui participèrent à la destruction de la forteresse qui fut reconstruite à la fin du XVe. Enfin, en 1790, attaqué par les révolutionnaires, le château fut défendu avec succès par ses paysans.
LE BOSC, UNE HISTOIRE DE FAMILLE
La terre du Bosc est restée, depuis ses origines dans la même famille : les d'Imbert du Bosc, officiers au service des rois de France : Famille éteinte au XIXe, elle reste présente par ses filles : l'aînée Gabrielle (1812-1902) épouse Raymond de Toulouse-Lautre, dit le Prince Noir. La cadette, Louise, se marie avec Léonce Tapié de Céleyran. De l'union de leurs enfants naquirent Henri (le peintre) et Richard mort en bas âge. Au décès du peintre (à 37 ans), son père offrira le Bosc à sa soeur Alix (mère de 14 enfants !) C'est grâce à cette alliance que le château restera dans la même famille Tapié de Céleyran (du côté maternel du peintre) et ceci jusqu'à nos jours.
LE BOSC ET L'ENFANCE DU PEINTRE
Au cours de son enfance le peintre Henri de Toulouse-Lautrec, passa de longs séjours au château du Bosc. Adulte, il venait s'y ressourcer. Aujourd'hui, c'est la petite fille de Raoul (l'aîné des enfants d'Alix) qui accueille les visiteurs.
LA VISITE
Dans ce château richement meublé, vous traverserez la bibliothèque, la salle à manger et l'imposante salle des gardes ornée de tapisseries de Felletin du XVIIe siècle. Vous découvrirez l'oratoire aménagé dans l'une des tours. Il fit office de Chapelle seigneuriale avant la construction de celle du jardin (1880). Vous pourrez également admirer le Grand salon et ses tapisseries d'Aubusson ("les verdures" du XVIIIe siècle), et dans la chambre d'Adèle de Toulouse-Lautrec, des copies des dessins d'enfants du peintre et ses jouets. Enfin au Musée familial, vous constaterez que l'art graphique était véritablement dans les gènes de cette famille. Trois générations d'artistes : père, tantes, oncles, cousins vous montrent comme le disait Lautrec qu'ils avaient tous le mal du crayon, mais seul Henri avait l'étincelle crayonneuse !
Anecdote : Adèle de Toulouse Lautrec offrit les oeuvres de son fils au Musée du Louvres qui les refusa. En 1923, avec l'accord de toute sa famille, elle décida d'en faire cadeau à la Mairie d'Albi qui put ainsi ouvrir l'actuel Musée."

J'adore l'austérité de la façade juste revigorée par la teinte bordeaux des volets et j'adore peut-être encore plus le paysage alentour qui incite à méditer, rêver et créer.








Les bouches-à-feu des tours témoignent du caractère défensif de la bâtisse dans le passé.


La cour intérieure. C'est là que je range mon APN, les photos sont interdites à l'intérieur du château.



La visite (uniquement guidée) est une plongée dans l'univers de Toulouse-Lautrec. J'ai particulièrement aimé une anecdote : Il paraît que lorsqu'il recevait au château ses amis parisiens, le peintre mettait des poissons vivants dans tous les pichets d'eau afin que ses hôtes ne boivent que les boissons alcoolisées et fassent honneur au vin.

Quelques photos des extérieurs avant de laisser la place à mon mari et prendre mon tour de garde.







En attendant la fin de la visite, j'ai même eu droit au passage d'un troupeau près du cc.



Le site du château présente des photos des intérieurs - cf. ICI

Nous quittons Camjac et le château du Bosc...



...dépassons Rodez pour rejoindre Salles-la-Source.






Capture d'écran "Via Michelin" et localisation du parking.


Nous nous garons sur un parking intermédiaire entre la partie haute du village et celle du bas. Il est plat, gratuit mais de nombreux engins de chantier et un panneau d'interdiction de stationner bizarrement placé nous font douter de l'ouverture actuelle du parking.
Ce dernier est assez grand et désert, nous nous y posons car nous sommes hors les heures de travaux mais du coup nous ne dormirons pas là comme prévu.
Coordonnées GPS : N 44°26'9.3230''  -  E 2°30'49.4690''

Du parking, nous voyons la cascade.




Au pied d'un escalier, un des accès qui mène à la cascade, un premier panneau :
"LO VILATGE DELS TRES CANTON (OC.)
LE VILLAGE AUX 3 QUARTIERS
Salles-la-Source s'organise autour de 3 quartiers anciens, chacun avec ses châteaux, son église...et ses vieilles rivalités. Nous sommes ici sur un espace intermédiaire qui ne s'est créé qu'au XIXe siècle, avec l'essor manufacturier et le développement des transports : le faubourg. 
LE LONG DE LA NOUVELLE ROUTE, L'EXCEPTION DU FAUBOURG (lo barri)
Avant le XIXe siècle, la rota de la valada, reliant Rodez à Marcillac, n'existait pas. Les marchandises passaient par le causse, au nord, ou par le sud de la vallée. Une desserte archaïque, sans rapport avec la vision de progrès portée par les industriels locaux à partir de 1825. La nouvelle route est alors créée. Salles-la-Source devient la porte du Vallon et toute une activité économique voit le jour le long de cet axe. Ce faubourg sera très vivant jusqu'au milieu du XXe siècle.
1 SAINT-LAURENT ET LE ROC DU COMTE (Sant-Laurenç e lo roc del Comte)
Le Château-Majeur (Xe siècle ?) s'appuyait contre l'éperon rocheux du roc du Comte qui domine cet étage central du village. Il a été au cœur de luttes d'influence entre la famille de Panat et les comtes de Rodez. Le bâti castral et les maisons étaient dispersés dans le chaos rocheux, formant un dédale de caves, de rues et d'escaliers. L'église dont il ne reste que le chevet roman et une partie de la nef, était la chapelle du Château-Majeur. Les châteaux de La Calmontie et de La Tour (remanié à la Renaissance...au point de perdre sa tour !) sont le témoignage des maisons nobles qui se sont établies autour du château central à partir du XIIe siècle. D'autres n'ont laissé que leur nom dans les archives. La configuration particulière des lieux nous livre un bâti semi-troglodytique, des maisons perchées et un dédale de caves naturelles qui ont fixé l'activité viticole. Ouvrez l’œil !
2 SAINT-LOUP (Sant-Lop)
A l'étage supérieur du cirque, au pied des falaises du causse et du Roc fenier*, se trouve  le quartier Saint-Loup. Son Château-Mineur (ou château des Ondes) constituait une dépendance du Château-Majeur, même si sa situation et son agrément lui ont conféré une importance certaine. Le site des Ondes (Undas) est le plus ancien dont il est fait mention, à Salles-la-Source, en 910. L'église,  dédiée à  Saint-Loup, a été entièrement reconstruite en 1886. C'est sur ce quartier que Salles-la-Source s'est développé après la Révolution, avec l'école publique, l'école des sœurs, l'école des frères !), la mairie... L'habitat y forme essentiellement un cordon en bordure du 2e rang de falaises.
* Du haut de cette falaise, les paysans faisaient dévaler le foin récolté sur le causse pour le stocker dans leurs granges.
3 SAINT-PAUL, LE BOURG (Sant-Paul)
Entre la route départementale et la confluence du Crénau avec le Favi, se trouve le quartier Saint-Paul. Son église, dépendant du chapitre de la cathédrale, rappelait aux comtes de Rodez l'importance des évêques qui tenaient l'autre rive. Ce superbe édifice roman est dans son état de construction initial, il renferme, en particulier, un Christ en bois polychrome du XIIe siècle. Le château de Saint-Paul est lui aussi un "repaire", l'une de ces maisons nobles  provenant des éclatements successoraux caractéristiques de l'ancien Salles-Comtaux. Tombé en ruine, il a été en grande partie reconstruit vers 1770. On raconte qu'un souterrain reliait cet édifice à l'église."



Et un second, juste à côté : 


Un bout de la partie foncée du panneau :
"DE SALLES-COMTAUX A SALLES-LA-SOURCE
VISITE D'UN VILLAGE HORS NORMES
SALAS-COMTALS, VISITA D'UN VILATGE MERAVILHOS (OC.)
"Au nord-ouest [...], on trouve le vallon romantique de Salles, qu'on pourrait comparer à tout ce que l'Italie peut offrir de plus beau en son genre. Sur presque tous les points, ses côtés sont coupés à pic. Au premier abord, on recule épouvanté après avoir aperçu à une profondeur effrayante, de beaux vergers, des cascades, de riantes prairies, comme des lieux enchantés d'où l'on ne peut approcher [...]. A l'extrémité méridionale de ce vallon, est un massif de pierre calcaire, sur lequel on a bâti le village de Salles. Du haut de cette élévation se précipite un ruisseau qui se divise en deux cascades de 40 pieds de haut [...]. La fraîcheur des eaux, les parfums des prairies pénètrent l'air de volupté. Tous les sens sont émus à l'aspect de ces beaux lieux ; l'imagination y amène les objets qu'elle chérit le plus : elle y fixe leur demeure [...]."
C'est ainsi qu'Alexis Monteil* présentait Salles-la-Source dans sa Description du département de l'Aveiron, en 1802. La réalité n'est pas moins belle. Elle nous raconte une histoire qui nous emmène des temps géologiques à nos jours, de Salles-Comtaux des seigneurs du Moyen-Âge, à Salles-la Source des paysans du Vallon et des premiers industriels. Le fil conducteur, l'ordonnateur de tout cela ? L'eau et la roche, avec l'homme pour spectateur actif...et attentif. L'aiga, lo roc e l'ome. Bonne découverte, bon Salles-Comtaux !
*Amans-Alexis Monteil (Rodez 1769-Cély 1850) est un historien qui a, en particulier, œuvré à la conservation du patrimoine écrit national mis à mal par la Révolution. Un lycée porte son nom à Rodez."

Un autre bout du panneau présente des informations pratiques. Entre autres, un itinéraire de découverte, la visite du Musée départemental (fermé en ce moment pour raison de pandémie, conformément aux prescriptions du gouvernement).



La partie claire du panneau :
"UN PEU D'HISTOIRE 
UN PAUC D'ISTORIA (OC.)
Les grottes (baumas) des falaises proches de Salles-la-Source ont été ponctuellement occupées dès le Paléolithique, mais c'est sur le causse que l'activité humaine a laissé le plus de traces, avec la concentration de peiras levadas (dolmens) du Néolithique la plus importante de l'Aveyron. C'est tout près, sur le secteur de Souvri, que passait la grande draia vers l'Aubrac. L'élevage ovin et la culture des céréales sur le causse, constitueront l'un des piliers d'une économie agricole qui a perduré jusqu'au XXe siècle. Les gallo-romains ont laissé d'importants vestiges à proximité*. La configuration naturelle du site a amené le développement de Salles-Comtaux** (nom de Salles-la-Source avant la Révolution) au Moyen Âge ! Autour du château initial, la roca, les maisons fortes, les salas, se sont développées, constituant un exemple marquant des coseigneuries de l'Aveyron. Elles résultent de partages et d'unions successives, amenant une multiplication des maisons nobles autour d'un château central. Cette fragmentation du pouvoir local a été ici entretenue par les comtes de Rodez, afin d'affaiblir l'influence des grandes familles et de renforcer la puissance comtale face aux évêques de Rodez. Le mécanisme se répétera, avec une multiplication de "repaires" sur les zones proches du causse (châteaux du Colombier, Solsac, Cadayrac, Billorgues...). La commune a gardé cette configuration. Son territoire englobe les anciens châteaux et les paroisses de la coseigneurie, soit 8 villages, 9 église et autant de cimetières. Deux autres facteurs ont contribué à l'organisation sociale et économique de Salles-Comtaux : 
- le développement de la viticulture, initié sous l'influence des grandes abbayes médiévales (vers l'an mille en Aveyron) ; 
- la force motrice de la grande chute d'eau du Créneau (lo Crenau)***. Elle a permis l'implantation d'une série de moulins et une activité économique qui rayonnera jusqu'au XXe siècle. Mais ceci est une autre histoire, que vous découvrirez un peu plus loin !
* Les villae (les fermes, dont on retrouve la trace dans la toponymie avec les terminaisons en ac) et surtout le site de Cadayrac (atelier de tuilerie, temple, théâtre).
**Salas-Comtals en occitan était propriété des Comtes de Rodez, d'où son nom. Jusqu'à une période récente, c'était essentiellement le diminutif de Salas qui était employé.
***Graphie originale du Créneau. C'est celle que nous utiliserons dans cet aménagement ! Il en va de même pour le Favi, aujourd'hui écrit Favy ou Faby...ou l'Aveyron, qui s'écrivait Avairon. Ah, les géographes parisiens..."





Je vous aide ?
"LES CASCADES DE SALLES-LA-SOURCE (los sauts)
Les cascades, sources et ruisseaux de Salles-la-Source sont formés par plusieurs exsurgences du réseau hydrologique souterrain le plus important du Causse Comtal. Trois d'entre elles (la Grande fontaine, la Gachette, la Source) sont permanentes. Elles se situent, au pied du rang supérieur des falaises du causse, à 485 mètres d'altitude. Elles forment le Créneau qui traverse la partie haute du village, avant la chute de la "Grande cascade" que vous voyez devant vous. Le ruisseau continue sa course, de saut en saut, jusqu'à la cascade de la Crouzie, 60 mètres plus bas. Il est rejoint, au fond de la vallée (la valada) par le Favi, venant de Souyri, à 350 mètres d'altitude. Deux exutoires distincts des premiers, le Trou Marite et la Gorge du loup constituent des trop pleins qui s'écoulent du réseau souterrain supérieur à l'issue des longs épisodes pluvieux. Ils forment un deuxième riu, le "Ruisseau de la Gorge du Loup", qui passe sous la route départementale, avant de tomber en cascade au Cirque de l'Arnus et de poursuivre par le ruisseau de Cransac. Il vient grossir le Créneau sur la terrasse inférieure du village (Saint-Paul). Un ruisseau, disparu au XIXe siècle, coulait sous la falaise supérieure d'ouest en est. Il reliait la source permanente au ruisseau de la Gorge du Loup et assurait l'alimentation hydraulique de cette zone.
Salles-la-Source compte donc 3 cascades...et chacune mérite le détour ! Attention : accès non aménagé difficile à la cascade de l'Arnus."




Un peu d'aide ?
"LO BOCAL SOSTERRANH (OC.)
UN DELTA SOUTERRAIN
Le système hydrologique le plus important du Causse Comtal est celui du Tindoul de La Vayssière* (55 km²). Il draine un réseau souterrain qui débute près de Lioujas, à environ 12 km et trouve son principal exutoire à Salles-la-Source. La rivière souterraine s'y subdivise du fait de la faible pente, formant le "delta" des spéléologues. Selon leur niveau, l'eau de ces galeries va s'écouler toute l'année (points les plus bas), ou se déverser comme un trop-plein à partir des points les plus hauts.
*Le Tindoul de La Vayssière est un regard naturel sur la rivière souterraine qui traverse le Causse Comtal. Cet effondrement mesure 67 mètres de profondeur. C'est l'abbé Carnus, au XVIIIe siècle, qui a effectué la première descente du gouffre, avant son exploration, en  1892, par Edouard-Alfred Martel. C'est l'une des curiosités naturelles du Causse-Comtal, avec les cascades de Salles-la-Source et le célèbre Trou de Bozouls...deux symboles incontournables de l'Aveyron.
Vous connaissez Edouard-Alfred Martel (1859-1938) ?
Géographe et juriste, il est considéré comme le père de la spéléologie. Il commence par s'intéresser aux plateaux des causses et aux gorges qui les découpent. On lui doit d'ailleurs la première escalade du célèbre Vase de Sèvres, sur la Jonte. Sa carrière de spéléologue débutera en 1888, sur l'Abîme de Bramabiau (Aigoual), suivi de Dargilan (Lozère), du Gouffre de Padirac, dans le Lot...De 1888 à 1895, il explore et répertorie 250 cavités et reconnaît 250 km de galeries ! Il parcourt le monde avec son inséparable ami Louis Armand, mais sa priorité demeure le monde souterrain des causses. Après avoir basé ses observations sur le Tindoul de La Vayssière, il explore et cartographie le système de résurgence de Salles-la-Source, jusque-là connu sur quelques centaines de mètres."




Et nous y sommes !  La Grande cascade s'écrase dans un petit bassin et produit un nuage de brume qui rafraîchit l'air pour notre plus grande satisfaction.





Je connais un curieux qui n'a pu s'empêcher d'aller découvrir la cavité qui se trouve au pied de la cascade...😀 





Et voilà pour les querelles de clocher :
"ISTORIAS DE AIGA (OC.)
HISTOIRES D'EAU
Les moulins de Salles-la-Source avaient un fonctionnement très particulier du fait de leur nombre sur un linéaire réduit de cours d'eau et de la configuration escarpée du site, réduisant les possibilités de stockage de l'eau*. Chaque moulin était donc totalement dépendant de ceux situés en amont et du bon vouloir de leurs propriétaires. Lorsqu'un molinier voulait faire une réparation, il "coupait l'eau" à tous ceux qui se trouvaient en aval, les empêchant de travailler. En relâchant l'eau, il pouvait aussi occasionner des dégâts. Cela a été la source d'une longue suite de litiges et de procès.
*Chaque moulin était alimenté par un bief relié par un déversoir à la dérivation principale commune à tous les moulins.
AUJOURD'HUI AUSSI !
En 1931, les époux Vidal, propriétaires de la manufacture, vont acquérir les moulins subsistants et créer la SHVSS (Société Hydroélectrique de la Vallée de Salles-la-Source) pour construire une usine hydroélectrique sur le Crénau. Elle sera sans commune mesure avec la petite centrale existante. Un barrage est établi en amont des exsurgences dans la partie souterraine du ruisseau du Tindoul de La Vayssière. Une conduite forcée capte l'eau et la conduit jusqu'à la centrale située sous la cascade de la Clouzié, tout en bas du village. Cette installation a eu un impact immédiat sur le réseau hydrologique :
- disparition des biefs, des moulins (canaux d'amenée les illisible et d'évacuation de l'eau les illisible)
- réduction, voire assèchement ponctuel du cours du créneau, 
- diminution du débit des cascades,
- tarissement des exsurgences secondaires.
Depuis les litiges se sont succédés, ils concernent aussi bien l'utilisation des eaux rendue impossible pour les autres usagers que l'impact sur le paysage et l'environnement (site inscrit depuis 1945...du fait de sa Grande cascade. Depuis 2010, l'association illisible porte le combat pour que la cascade - et plus largement tout le précieux réseau hydrographique du site puissent retrouver leur état naturel...et redonner toute sa vie à Salles-la-Source."


Et le dernier panneau avant de grimper au sommet du village par la calade : 
 

"LOS MOLINS (OC.)
LES MOULINS
Jusqu'à une période récente, l'eau a été la principale force motrice disponible, avant de décliner devant la vapeur, le charbon et l'électricité. En Aveyron, où les rivières sont abondantes - et moins capricieuses que le vent - on a utilisé presque exclusivement les moulins hydrauliques. Leur particularité : une roue motrice horizontale (lo rodet), à l'inverse des moulins à roue verticale du nord de la France. Le Xe siècle marque l'essor de l'activité économique dans la société médiévale...et, avec elle, celui des moulins. Un premier est attesté sur le site dès 910*. La force de la chute du Crénau, de son exsurgence à sa confluence avec le Favi (environ 20 % sur 500 mètres), a amené la mise en place d'une "série" de moulins sans équivalent en Aveyron. Les historiens en ont relevé 13 dans le cadastre de 1376, 16 à 17 (en marche ou en ruine) en 1424. En 1564, on comptait au moins 8 moulins à farine, 4 à draps, 4 à huile, pour 16 couples de molas (meules). On note aussi, au fil des siècles des foulons, un moulin à poudre, un tornal (moulin à aiguiser), une rèssa (scierie), probablement un martinet à battre le cuivre... En 1906, une petite usine hydroélectrique est construite dans la partie haute de Salles-la-Source pour les besoins de la manufacture. Elle permettra au village de bénéficier de l'électricité bien avant l'heure.
*Cartulaire de l'abbaye de Conques rapportant le legs de moulins "d'au-dessus des Ondes". (actuellement Saint-Loup) d'une dame Sénégonde à son fils." 







En espérant que la réparation tienne le coup...détail de la photo ci-dessus :


La partie basse du village...


...au zoom : 



Le ruisseau juste avant qu'il ne s'engouffre sous la maison et ne se jette dans le vide pour former la Grande cascade.





Plutôt étonnée de trouver l'église ouverte. 





Les vitraux du chœur représentent de gauche à droite : Saint-Joseph, Saint-Loup et Saint-Pierre.






L'église présente une belle harmonie par son style relativement dépouillé, ses tons plutôt clairs. 

Une stèle pour les morts des première et deuxième guerres mondiales entourée du chemin de croix sous forme de tableaux dans des tons ocrés.


Les fonts baptismaux : 





Le haut du village s'ouvre aux abords de l'église sur un bel espace où se trouvent une fontaine, le monument aux morts, le château et quelques belles bâtisses.


Le château est privé et ne se visite apparemment pas. 






Nous attaquons la descente par une rue cette fois.

Une fontaine que l'eau ne fait que traverser.






Quelques centaines de mètres plus loin, Saint-Laurent et le roc du Comte, un des trois quartiers de Salles-la-Source.







La façade, côté rue, de la grande bâtisse au pied de laquelle nous sommes garés : 


Pour celles et ceux que je n'ai pas perdus en route et qui ont résisté à tant de lecture 😉 :
"AL TEMPS DE TOTES LOS PROGRESSES (OC.)
 AU TEMPS DE TOUS LES PROGRÈS
Ce grand bâtiment est une ancienne maison de retraite, "la plus belle du pays", au temps où elle fut construite. Elle est devenue une maison de repos en 1951, avant d'être délaissée...et d'attendre des jours meilleurs.
Au début du XIXe siècle, lorsque Carcenac (industriel, futur maire de Rodez), Tarayre (lieutenant-général et baron d'Empire), Panassié (négociant) et Carrère (lui aussi futur maire de Rodez) décident de tirer profit du site des moulins de la Tieyra* en y implantant un complexe manufacturier moderne (voir suite de l'itinéraire). Ils sont empreints d'idées progressistes, profondément humanistes. L'ère industrielle, toute neuve, est pour eux synonyme d'une autre société. Leurs idées s'appuient sur le saint-simonisme**, dont l'oeuvre brosse les traits - un peu utopiques - d'un nouveau monde industriel et d'une société tout entière tournée vers l'amélioration des conditions d'existence des plus pauvres. Certains y verront une société libérale empreinte de paternalisme...d'autres une première esquisse du socialisme. Les deux n'étaient pas opposés dans le saint-simonisme !   Le projet industriel de Salles-la-Source, avec sa grande filature qui a employé jusqu'à 150 personnes, s'est inscrit dans cette pensée. Il a permis à un monde d'agriculteurs et d'éleveurs d'accéder à un relatif confort matériel - tout en conservant leur structure familiale - grâce à l'usine. Les femmes ont pu accéder à l'emploi, les enfants à l'escola (bien avant qu'elle ne soit rendue obligatoire et gratuite par Jules Ferry) et ceux qui avaient fait leur temps à une maison de retraite pour finir dignement leurs jours.
*Trois moulins très anciens (Alganc, Barreyrie, Cantaranne), plus ou moins interdépendants, situés sur la partie du bief parallèle à la chute de la cascade.
**De Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon (1760-1825), inspirateur de ce courant idéologique.
ZOOM HENRI CARCENAC
Henri Carcenac, manufacturier issu d'une famille anciennement et honorablement connue dans le commerce, naquit à Rodez le 1er novembre 1790 [...]. De concert avec un de ses frères, il introduisit à Rodez; vers 1832, le peignage des laines. Il fut un des premiers fondateurs de ces usines qui fécondent et vivifient les bords de l'Aveyron. Mais c'est surtout à Salles-la-Source qu'il déploya toutes ses ressources et toute la fertilité de son génie industriel. Il créa une papeterie, puis une minoterie, auxquelles succéda enfin un des principaux établissements manufacturiers du département. Sous sa main créatrice, ce village fut complètement transformé. Il ouvrit la belle route qui y conduit, y appela une population nombreuse, décupla la valeur du sol [...]. Salles-la-Source lui est, en outre, redevable d'un de ces asiles dans lesquels l'indigence et la douleur trouvent consolations et secours et qui seront l'éternel honneur du christianisme [...]. M. Carcenac mourut à Rodez le 17 mai 1855."
Henri Affre, Biographie aveyronnaise, Rodez, 1881" 


Une jolie minette en balade sur le parking me fournit ma photo du jour ! 😀



Par crainte de nous faire virer par les ouvriers demain matin, nous préférons quitter le parking et le village. Du coup, nous n'aurons visité que le quartier Saint-Paul, le bourg, soit un tiers du village.
Cela nous donnera l'occasion de revenir ultérieurement, à un moment où le musée sera ouvert et peut-être découvrir les deux autres cascades ?
Mais pour l'heure, nous partons rejoindre les terres rouges de Clairvaux d'Aveyron en espérant trouver un endroit où passer la nuit.




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7 commentaires:

  1. Belles cascades dans des jolis villages.

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  2. Un coin que je ne connais pas du tout. Je note.
    Comment fais tu pour recopier tant de pancartes. Quel courage!

    Gros bisous
    Lavandine

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    1. Bonjour Lavandine,
      Merci pour ton passage sur le blog. :-)
      Comment je fais ? Je prends le temps de photographier les panneaux. Après, j'ai quelques facilités car je tape très très vite sur le clavier. Et ce qui me motive, c'est de donner des infos à ceux qui lisent le blog, infos que l'on ne trouve pas toujours aussi facilement que l'on pourrait croire sur le net.
      Bisous
      Brigitte

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  3. Bonjour

    Sympa ces villages, noté pour un prochain voyage.

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  4. Mèze est jumelé avec Naucelle et pourtant je ne connais pas..ton CR comblera en partie cette lacune.
    Merci pour toutes vos balades Aveyronnaises!

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  5. Bonjour,
    Merci Charisma45 et Daniel pour votre visite.

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