mercredi 9 mars 2022

Tarn : Albi (septembre 2020) 4ème partie

 

Balade culturelle

Entre architecture, mode et peinture


* Le point rouge concerne cet article - Carte active




Nous avons profité du beau temps et du soleil pour visiter la ville (cf. les deux articles précédents) ; mais la venue de la pluie et du ciel gris est imminente ce qui est un temps parfait pour lambiner dans les musées.

Aussi, je vais vous emmener surtout à l'intérieur : au Musée de la Mode pour commencer puis au Musée Toulouse-Lautrec installé dans les murs du Palais de la Berbie. Et comme tous deux se trouvent dans le périmètre proche de la cathédrale, je vais aussi lambiner aux alentours entre deux gouttes.


Une retranscription s'impose pour vous faciliter la lecture.

"La temporalité

Le nom de cette rue rappelle l'emplacement du bâtiment de la Temporalité, tribunal des affaires civiles (vols, homicides, coups et blessures) qui permettaient à l'évêque, seigneur de la ville, de rendre la justice au nom de son pouvoir temporel.

En suivant son tracé, on longe le site de l'ancienne cathédrale avec son cloître et l'on peut mieux saisir les similitudes architecturales entre la cathédrale Sainte-Cécile et le palais de la Berbie."


Bien des photos de cet article montrent surtout ces petits détails qui par touches infimes et mis bout-à-bout font qu'une ville n'est pareille à nulle autre.  Je me suis attardée sur la beauté d'un encadrement de porte, sur la finesse d'une broderie, sur le blason de la ville au sol...


Quelques photos aux abords de la cathédrale pour commencer, elle est si majestueuse et imposante qu'on ne se lasse pas de l'admirer !


Passage entre le palais de la Berbie et la cathédrale :


Une porte percée dans la vertigineuse façade de la cathédrale : 


Les deux photos suivantes montrent les détails de la porte (photo ci-dessus) : 




Face à la cathédrale, une belle dame attend devant la galerie Dutilleul, elle est même au goût du jour...masquée. 😕😟




Nous foulons aux pieds le blason de la ville coulé dans la masse d'une dalle.


Beaucoup de tours se détachent au-dessus des toits et marquent l'emplacement d'un hôtel particulier, certaines sont plus ouvragées que d'autres mais je trouve que cette jolie verrière avec vue sur la cathédrale Sainte-Cécile n'a rien à leur envier.



Un "pâté de maisons" aux abords de la cathédrale :


" Le Castelnau

Le Castelnau désignait "le bourg nouveau" par opposition au Castelviel, qui constituait le site originel de la ville au début du Moyen Âge. Il s'est développé aux XIIe et XIIIe siècles entre la cathédrale Sainte-Cécile, au nord, et la fontaine de Verdusse, au sud.

Ce quartier s'est formé avec l'accord des trois puissances qui dominaient la ville : le comte de Toulouse, l'évêque d'Albi et le vicomte Trencavel. Le tracé régulier des rues révèle une volonté d'organisation de l'espace, visible dans les rues Saint-Clair et de la Croix blanche, plus droites et plus larges.

Aujourd'hui, c'est l'un des quartiers du centre ancien les mieux restaurés ; il conserve à la fois de belles demeures traditionnelles albigeoises, tout en offrant des points de vue remarquables sur la cathédrale Sainte-Cécile et la collégiale Saint-Salvi."





Les maisons à colombages de la place du cloître Saint-Salvy :


Toujours garés sur le parking Bondidou dans la partie réservée aux cc, nous nous trouvons juste en contrebas de la cathédrale. Du coup, en quelques enjambées nous sommes sur la place Sainte-Cécile.
Même si mes photos de nuit sont loin d'être parfaites, j'aime bien ces moments où l'on déambule dans les rues quasi désertes et plus ou moins exemptes de véhicules.
J'espère seulement que mes photos vous feront ressentir l'ambiance du moment.

De nouveau, mais de nuit, les vestiges des arcs du cloître de l'ancienne cathédrale : 



La place Sainte-Cécile : 





"La place Sainte-Cécile

Elle succède à une place étroite et étriquée entourée de couverts, appelée "place de la Pile" (du nom d'un édifice abritant des mesures en pierre) ou encore "place aux Herbes".

Au Moyen Âge, cette place jouait un rôle essentiel dans la vie albigeoise : échanges commerciaux, passage des processions, réunions des consuls, etc.

Entre 1868 et 1880, les édifices qui enserraient la cathédrale ont été rasés pour en dégager les abords. Autour de la place Sainte-Cécile nouvellement créée, les façades se sont alignées dans un style néo-classique, d'après des dessins de J.F. Mariès. Les travaux d'aménagements urbains réalisés en 2004-2005 ont permis de renouer avec la mémoire historique du lieu."



Un peu plus loin, le palais de justice à l'allure de temple antique est joliment éclairé. Dans la visite de la ville (article antérieur), je vous ai montré sa façade opposée.
J'aurais bien aimé vous montrer la statue du navigateur Lapérouse qui trône devant le bâtiment mais pour tout dire, j'ai raté la photo. Un trépied m'aurait été plus qu'utile !


Un peu plus loin, sur l'avenue, lieu culturel par excellence, le Grand Théâtre des Cordeliers est comme coiffé d'un abat-jour où les mailles se jouent de la lumière.
Mais je doute que cela soit l'idée première de son créateur. Peut-être est-ce une référence à une voile en l'honneur de Lapérouse ?




Retour au cc. La nuit a été calme.
Les cosmos, rescapés de l'aire cc, se portent toujours bien et égaient d'une note fleurie notre petit intérieur.



C'est sous une pluie battante que je rejoins le musée de la mode, mon mari garde Guess qui en profite pour grapiller quelques heures de sieste.
Le premier dit qu'il n'est pas très "fanfreluches" et le second est interdit au musée.

Le musée est l'oeuvre d'un homme passionné qui a consacré une trentaine d'années à constituer et agrémenter sa collection. Je le remercie d'ailleurs pour son amabilité et sa gentillesse, en effet, il m'a "raconté" son musée et m'a permis de  poster des photos sur le blog.
"La boutique du musée" jouxte celui-ci et l'on y trouve de quoi faire le bonheur de bien des nostalgiques des années passées. Un peu bonbonnière, un brin malle au trésor, on y trouve autant des vêtements que des rubans ou des dentelles, des pinces à cheveux que des boutons et tant d'autres choses d'antan que l'on ne trouve nulle part ailleurs.


Il est temps de pénétrer dans le musée qui occupe une partie de l'ancien couvent des annonciades.
Le thème actuel en est la broderie et moi qui ai souvent tendance à broder quelques perles sur des vêtements que je trouve par trop "fades" quelquefois, je me régale par avance.


Il m'a fallu faire un tri sévère parmi toutes les pièces présentées.
Aussi, voici quelques photos de celles qui ont le plus retenu mon attention...






















Inutile de préciser que la montagne de travail effectué sur la robe suivante m'a éblouie. De la broderie sur du voile...














Les éventails n'ont pas échappé aux broderies de fil d'or, en voici un parmi les quelques spécimens présentés.



Grosso modo, la collection couvre quelques siècles (de la fin du XVIIIe siècle au début du XXIe siècle), elle met aussi à l'honneur quelques grands couturiers tels Nina Ricci, Maison Lapersonne, Stéphane Mathéas, Schiaparelli, Christian Dior, pour ne citer que ceux-là.
Perles, paillettes, sequins, fils de soie, d'or et d'argent ornent autant robes de soirée que tenue d'académicien. Les chaussures rivalisent avec les coiffes et les bretelles.
Le tout est présenté dans un cadre exceptionnel. J'ai adoré les superbes voûtes en briques, le plafond peint, une embrasure de porte, la présentation sobre et de très bon goût.
Cette visite a largement répondu à mes attentes et cerise sur le gâteau, le thème n'est pas immuable ce qui fait...qu'une visite ultérieure s'impose ! 😉



Nous voici de retour sur la place Sainte-Cécile mais cette fois pour visiter le palais de la Berbie qui abrite le Musée Toulouse-Lautrec.
Je ne m'étalerai ni sur le palais de la Berbie, ni sur le musée Toulouse-Lautrec, et pour cause, le site de l'office du tourisme d'Albi en parle bien mieux que je ne saurais le faire.


Quelques photos :
Sur la place Sainte-Cécile, la cathédrale et le palais de la Berbie se touchent presque.



Autre entrée du palais de la Berbie :




"Le palais de la Berbie

La construction

Le nom du palais vient du mot occitan "bisbia" devenue "verbie" puis "berbie" et qui signifie évêché.

L'édification du palais se déroule en de nombreuses étapes : la construction elle-même s'étale entre 1228 et 1306. Par la suite, et ce jusqu'au début du XXe siècle, le palais subira des aménagements multiples.

Durand de Beaucaire (1228-1254)

Jusqu'au début du XIIIe siècle, les évêques d'Albi habitent un groupe de maisons proche de la cathédrale romane prêté par les chanoines. Les évêques vont profiter de la déchéance des vicomtes d'Albi, les Trencavel, lors de la croisade des Albigeois, pour réorganiser à leur profit la perception des impôts. Cet enrichissement soudain permet à l'évêque Durand de Beaucaire de marquer sa puissance au travers d'une nouvelle résidence. Elle se compose d'une salle féodale (aula) à laquelle est accolée une tour ; à l'ouest est édifiée la tour Saint-Michel (à deux niveaux) destinée au tribunal et aux prisons ecclésiastiques.

Bernard de Combret (1254-1271)

Cet évêque va terminer les travaux de son prédécesseur en donnant au palais son aspect de citadelle : il relie entre eux les anciens bâtiments. L'évêque craint pour sa sécurité  à cause du pouvoir royal qui soutient les revendications d'Albi et à cause des révoltes populaires, les murailles sont donc beaucoup plus sophistiquées du côté de la Ville, principal adversaire de l'évêque, que du coté Tarn, "rempart" naturel. Par ailleurs, afin d'éviter tout risque d'incendie, il réalise le couvrement en voûte d'ogives de toutes les salles de la forteresse.

Bernard de Castanet (1277-1306)

Ces travaux se font en parallèle avec l'édification de la nouvelle cathédrale Sainte-Cécile. Le caractère ambitieux, autoritaire de l'évêque déchaîne contre lui la colère royale et la haine des Albigeois. Craignant pour sa sécurité, il renforce à nouveau le bâtiment.

Il élabore un double-donjon, la tour Mage, qui se compose :

  • De l'ancienne tour Saint-Michel, surélevée d'un étage qui accueille la chapelle privée de l'évêque et la salle officielle. 

  • D'une nouvelle tour, la tour Sainte-Catherine, dans laquelle réside désormais l'évêque.

L'ancienne résidence, la Vieille Berbie, devient le tribunal ecclésiastique. La courtine de Bernard de Castanet est renforcée par des contreforts hémisphériques (côté jardins). Enfin, il lance deux courtines* à l'ouest et à l'est, qui dévalent les escarpements vers le fleuve, créant ainsi de nouveaux espaces dépendants du palais et permettant une fuite éventuelle vers le Tarn."


* Courtine : mur joignant les flancs de deux bastions voisins.






Je ne pouvais pas manquer ces belles gargouilles, 😉je suppose qu'elles sont les copies conformes de celles qui étaient là à l'origine.



Je vous aide pour lire ce panneau gravé également en braille ?

"Les jardins de la Berbie

Entre  1687 et 1708, Hyacinthe Serroni, premier archevêque d'Albi, aménage un lieu d'agrément dans l'ancienne basse-cour de la Berbie et transforme la muraille en promenoir. La Berbie perd ainsi son côté défensif et la vie du palais s'oriente vers les rives du Tarn, en accord avec le goût pour la nature et le pittoresque qui se répandait à cette époque. Les buis finement taillés qui composent le jardin classique dessinent des broderies végétales qui sont agrémentées de plantations colorées."



Autre face du panneau :
"Le palais de la Berbie

Le nom du palais vient de l'occitan bisbla signifiant "évêché", référence à sa fonction de résidence épiscopale. Le bâtiment fut érigé entre le XIIIe et le XIVe siècle et connut quelques modifications jusqu'au XVIIIe siècle. Il forme avec la cathédrale un ensemble monumental de briques exceptionnel. Cette architecture militaire témoigne de la volonté de l'évêque d'affirmer sa puissance et son autorité en réponse à la dissidence cathare. Les nombreux contreforts hémicylindriques, les énormes tours et l'épaisseur des murs manifestent un type de défense passive, fondée sur la hauteur et sur la masse."






"Le palais de la Berbie

Les aménagements et l'embellissement

Le XVe siècle

Louis d'Amboise (1474-1503) introduit dans le palais l'esthétique Renaissance. Il édifie sa résidence sur la muraille de Castanet.

Comprend : 

  • Une série d'appartements, 

  •  La tour d'Amboise remaniée, 

  • Une galerie édifiée sur la courtine.

Il facilite l'accès à la tour Mage par la création d'un escalier à vis.


Le XVIIe siècle

Le rôle de forteresse donné au palais s'efface peu à peu. En 1598, le Gouverneur militaire d'Albi ordonne de raser les fortifications et défenses. Le caractère ruiniforme des parties supérieures du donjon date de cette époque.


Gaspard Daillon du Lude (1635-1676)

  • Complète dans le goût classique l'aile d'Amboise, qu'il double de deux galeries superposées, surmontées d'une terrasse. 

  •  Il fait orner somptueusement les salons de l'aile d'Amboise.


Hyacinthe Serroni (1678-1687)

  • Décore la chapelle de la Vieille Berbie de stucs faux marbre en 1685.


Le Goux de la Berchère (1687-1703)

  • Elève contre la muraille du grand donjon des galeries superposées symétriques à celles de l'est.
  • Aménage :
    • Les appartements de l'aile des Suffragants, une terrasse au pied des contreforts du XIIIe siècle,
    •  Des jardins.


Le XVIIIe siècle

La forteresse s'ouvre vers la ville un portail est percé sous l'aile d 'Amboise.


Choiseul Stainville (1759-1764)

  • Lance perpendiculairement à l'aile d'Amboise une galerie et une bibliothèque.


Le cardinal de Bernis (1764-1794)

  • Creuse dans la tour nord-ouest un petit salon donnant sur le point de vue le plus lointain du Tarn.

  •  Place dans le jardin des statues à l'antique. CK8150071Z9


Le XIXe siècle

Après la Révolution, les bâtiments sont rattachés au domine de l'Etat.

  • En 1807, Napoléon transfèe au département du Tarn, la propriété du palais de la Berbie. 

  •  En 1823, le diocèse d'Albi est reconstitué. Des travaux de restauration sont entrepris.
  • 1862, classement de la chapelle Notre-Dame et des salons du Lude et de Bernis.


Le XXe siècle 

  • 1905, séparation des biens de l'Eglise et de l'Etat, le palais perd définitivement sa destination religieuse. 

  • 1909-1922, restitution des états antérieurs.

  • 1922, inauguration des galeries consacrées au peintre Henri de Toulouse-Lautrec. 

  • 1989-1996, réflexion et étude d'un projet d'agrandissement et de restructuration du musée validée par la direction des musées de France. 

  • 1997, lancement d'un concours international d'architectes remporté par le cabinet Philippe Dubois et associés. 


Le XXIe siècle

Les travaux sont réalisés par un syndicat mixte regroupant le Conseil général - toujours propriétaire du palais de la Berbie et la Ville d'Albi.

  • 2002-2004, Ière phase des travaux : réalisation des nouveaux espaces accueil et boutique, inauguration des salles basses médiévales.

  • 2006-2008, 2ème phase des travaux : construction des salles d'exposition temporaire sous la terrasse de Bernis, aménagement de l'auditorium et de son atrium sous la cour d'Honneur, réalisation de locaux techniques et de service. 

  • La 3ème et dernière phase concerne le réaménagemet des étages 1 et 2 pour les collections permanentes et les bureaux de la conservation. 

  •  L'ensemble des travaux permettent au musée Toulouse-Lautrec d'affirmer son positionnement comme équipement culturel contemporain."

 

 
























Détails du plafond : 







L'auditorium : 


Même si j'ai l'impression d'avoir été quelque peu brouillonne dans ma présentation, j'espère néanmoins que cette visite vous a plu.

Cette balade axée autour de la Cité épiscopale classée au patrimoine mondial fait l'objet de 4 articles :

·       https://baladesmv.blogspot.com/2021/08/tarn-montdragon-realmont-septembre-2020.html


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3 commentaires:

  1. Bonjour Brigitte,
    Alors moi j'ai adoré toutes "ces franfreluches" ces ornements en fil d'or et surtout ces broderies sur voile, vraiment sublime ! J'adore cette ville d'Albi, nous y sommes déjà allés 3 fois et à chaque fois, le même plaisir. Par contre et pour raisons très personnelles nous avons toujours fait l'impasse sur le musée Toulouse Lautrec et peut-être qu'une prochaine fois je ferai une grosse entorse car l'intérieur est sublime et aussi que cet homme mérite qu'on aille voir son œuvre. Merci beaucoup pour cet article et bise charentaise. Marie

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    1. Bonjour Marie,
      Outre les peintures de Toulouse-Lautrec, d'autres peintres sont exposés mais il est vrai que le palais de la Berbie vaut la visite à lui seul. Quant au musée de la Mode, j'ai vu sur le site du musée que l'exposition allait changer prochainement.
      Bises
      Brigitte

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    2. Mon impasse sur le musée,ne concerne pas personnellement Toulouse-Lautrec, mais la peinture en général. Mais je pense que la prochaine visite à Albi, je me laisserai tenter.

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