samedi 26 novembre 2022

Indre-et-Loire : Loches (septembre 2021) 3ème partie de cette balade

  


             LOCHES

          Cité Royale

         Une plongée dans l'Histoire de France


 

* Itinéraire de ce voyage - Carte active - Seul le point rouge fait l'objet de cette publication.





Oups ! Avant de gagner Loches, nous faisons un arrêt à Monsieur Bricolage qui se trouve à la sortie de Montrichard pour acheter un nouvel adaptateur afin d'être en mesure de remplir le réservoir d'eau, l'autre est resté sur l'aire de services de Mareuil-sur-Cher. Il a dû trouver un nouveau propriétaire à l'heure qu'il est !

Arrivés à Loches, nous avons mis plus d'une demi-heure pour rejoindre l'aire de services, notre GPS nous a fait prendre des petites rues en pleine heure d'affluence... Bref, cela nous a permis d'apprécier quelques rues de la ville basse en cc. Quelques moments de solitude et une belle galère !

Sur le parking où se trouve l'aire de services, les panneaux au nombre de trois mériteraient un peu plus de clarté, j'avoue que j'y perds un peu mon latin.


En haut et à gauche de la photo ci-dessus, panneau placé à gauche de l'entrée du parking :

"PAR ARRETE MUNICIPAL

Pas de stationnement de nuit sur ce parking"

En haut et à droite de la photo ci-dessus, panneau placé au niveau de l'entrée du parking :

"STATIONNEMENT INTERDIT SUR L'ENSEMBLE DU PARKING (Arrêté municipal en date du 16.07.2009) n° 20099/341"

En bas et à gauche de la photo ci-dessus, panneau situé au niveau de l'aire de services :

"INFORMATION CAMPING-CARS

Cette aire de services est réservée uniquement à la vidange sur les 2 emplacements matérialisés au sol.

Le stationnement est strictement interdit sur ce parking en nocturne.

Veuillez vous diriger vers les 4 zones de stationnement mentionnées sur le plan sous peine d'amende.

(Arrêté Municipal en date du 16 juillet 2009)"


Par précaution, nous déménageons donc sur le "parking 4" situé près de l'Espace Agnès Sorel, un grand parking gratuit et sans services en bordure d'une avenue assez passante. Nous y restons le temps d'une courte balade...

"

... et finissons par rejoindre l'aire cc "Parking 2" : stationnement gratuit limité à 24 heures, sans services.
L'aire cc est plutôt petite et jouxte la ligne de chemin de fer ce qui me fait appréhender quelques nuisances sonores mais au final nous n'avons pas été dérangés par les trains.


L'aire se trouve juste au-dessus de la Promenade et nous permet de relier le centre-ville en longeant la rive de l'Indre. Une dizaine de minutes en flânant et nous y sommes. Le centre-ville est aussi accessible côté rue.




Nous qui avons atterri à Loches simplement parce que la ville se trouvait sur notre route, nous découvrons après notre passage à l'office du tourisme que nous sommes entrés de plain-pied dans l'Histoire de France. Loches regorge encore de joyaux architecturaux, préservés depuis des siècles.

Et ce n'est pas pour nous déplaire !

Nous entamons donc une balade au gré des panneaux que je vous retranscrirai au fur-et-à mesure au cas où ceux-ci intéresseraient quelques-uns d'entre vous.

Les anciennes filatures :


"18- Les anciennes filatures

La présence de moulins sur l'Indre est très ancienne puisque l'historien Grégoire de Tours en fait remonter la première fondation aux alentours de l'an 500 par l'ermite saint Ours. A cet emplacement existait au Moyen Age le moulin des Bans propriété des chanoines de la collégiale du château. En 1813 le propriétaire du site vend l'ancien moulin à une Américaine, Mary Armfield, qui rase les bâtiments et fait édifier la construction à étages que l'on voit encore aujourd'hui : il s'agit d'une filature. Près de 130 ouvriers travaillaient alors à la confection de couvertures pour l'Armée et d'un drap appelé "trentin" qui servait à confectionner les boléros que mettaient les paysans le dimanche. Cela donna naissance dit-on à l'expression "se mettre sur son trente-et-un". La filature cessa son activité en 1900. Deux ans plus tard, le nouveau propriétaire y installa une minoterie, la seule de la commune, d'où son nom de "Minoteries Lochoises". En 1985, les Grands Moulins de Paris en deviennent propriétaire. L'activité cesse en 2000 transférée à Semblançay dans le nord du département. Le site a été aujourd'hui complètement rénové pour accueillir la résidence hôtelière de tourisme du groupe "Pierre et Vacances"."


Le couvent des Cordeliers :  


"20  Le Couvent des Cordeliers

L'ancien couvent des Cordeliers, qui donna son nom à la porte voisine, aurait été fondé en 1237 et consacré par l'archevêque de Tours. Il occupait autrefois tout l'emplacement compris entre l'Indre et le bief du Moulin du Chapitre, dont une grande partie forme l'emprise de la station de chemin de fer qui par sa construction amena la disparition de la chapelle en 1878. Les bâtiments, dont la reconstruction date du XVIIème siècle, s'ordonnent autour d'une cour carrée ouverte sur un portail monumental flanqué de colonnes ioniques supportant un fronton triangulaire. Au rez-de-chaussée de l'aile ouest, on peut observer six arcades murées. Celles-ci ont pu appartenir au cloître de jadis. Petite anecdote : l'ensemble des bâtiments fut acheté par la suite par Daniel Wilson, député de Loches et gendre du président de la République : Jules Grévy."


Le centre hospitalier : 


Juste à côté de l'Hôpital, le château d'Armaillé : 


"21 - Le château d'Armaillé, actuelle Sous-Préfecture

Ce château s'élève à l'emplacement du couvent des Capucins. A la Révolution, la maison, le jardin et l'enclos furent vendus comme bien national et démolis. Par la suite, Arthur de Marsay, acheta l'emplacement sur lequel fut bâti, par l'architecte lochois Ferdinand Collet, le château qui a conservé le nom de sa fille, Marie-Jeanne, vicomtesse d'Armaillé. Après la seconde guerre mondiale, son fils le céda au département qui y installa la Sous-Préfecture de Loches. Ce bâtiment élégant, en brique et pierre, est un bel exemple local d'architecture éclectique du XIXe siècle." 

 



"La rue des Ponts

L'actuelle rue des Ponts, qui relie la ville de Loches à celle de Beaulieu-lès-Loches, formait autrefois la route d'Espagne. A la fin du XVIIIe siècle, la déviation de cette route par Tours fut à l'origine du déclin de la ville qui se trouvait isolée des grands axes commerciaux. Autour de cette rue s'est construit le quartier des Ponts, à l'extérieur des enceintes protectrices des deux villes. Cet emplacement fut propice à l'implantation de nombreuses communautés religieuses. A partir du XVIe siècle, on y édifie également des hôtels particuliers, comme le manoir de Sansac dont la façade comprend l'un des plus fidèles portraits du roi François Ier. Le château d'Armaillé, du nom de son commanditaire, est construit à l'emplacement du couvent des Capucins à la fin du XIXe siècle. A proximité de la porte des Cordeliers est installé le moulin de la ville dès le Moyen Âge. Transformé en filature au XIXe siècle, puis en minoterie, cet ancien complexe industriel accueille depuis 2004 une résidence de vacances."


Annotation sous la photo : 

"Le 13 juin 1910, l'eau se mit à monter à une très grande rapidité, pour atteindre 1.97 m au pont de l'hôpital, hauteur jamais atteinte. La circulation était coupée entre Loches et Beaulieu  ; on installa une passerelle de fortune en face du château d'Armaillé - Frédy Richard, Collection Loches Autrefois" 

 

Nous faisons une pause au jardin public.


"Qui pourrait se lasser de la vue exceptionnelle qu'offre le jardin sur le Logis Royal, à droite, et l'église Saint-Ours ? D'ici, on voit que le Logis a été édifié en deux temps, à des époques différentes. La partie méridionale du bâtiment, édifiée au XIVème siècle, présente un aspect féodal, avec ses quatre tourelles, son chemin de ronde et sa tour. Une fonction défensive que vient asseoir la présence d'une échauguette que l'on aperçoit au niveau du pignon et qui permettait de surveiller les alentours. Quant à la partie septentrionale du Logis, datée du début du XVIème siècle, sa décoration annonce déjà la Renaissance. Trois belles lucarnes éclairent ainsi les combles dont on voit nettement que les toits ne se raccordent pas. A l'extrémité nord enfin, une gracieuse terrasse à balustrade de pierre donne sur la rue des Fossés Saint-Ours. A gauche du panorama, on peut apercevoir l'église Saint-Ours. Edifiée à la fin du Xème siècle, mais revue au XIIème siècle, elle présente une silhouette pour le moins insolite avec ses quatre pyramides dirigées vers le ciel. Les deux clochers d'abord. Celui qu'on observe à l'ouest, de forme octogonale et d'aspect sévère, a été posé au XIIème siècle. Le clocher oriental est plus élégant, étage supérieur ouvert de deux larges baies et flèche bordée de petits clochetons d'angle. Moins élevées mais non moins spectaculaires, les deux pyramides octogonales creuses, les fameuses "dubes", qui recouvrent la nef, font toute l'originalité de l'édifice."


"Histoire d'un séquoia

Le 15 août 1909, est inauguré le nouveau jardin public de Loches. A cette occasion, trois séquoias sont plantés ainsi que d'autres essences d'arbres.

Au fil du temps, ils deviennent les plus imposants du jardin. L'un d'entre eux meurt de vieillesse, le second a été abattu, ensuite pour cause de maladie. Ne restait que le troisième qui, du haut de ses 45 mètres, vit passer tout un siècle de promeneurs.

Le dimanche 2 avril 2011 à 17h40, la foudre s'abat sur lui et le fait exploser, causant de multiples désordres. Ayant songé dans un premier temps à le conserver, il s'avéra très vite que l'énorme tronc fendu en trois parties pourrait être dangereux. Il fut donc décidé de n'en laisser que la base pour garder le souvenir de ce dernier témoin centenaire d'une inauguration qui avait réjoui la population lochoise.

(photo de gauche) Le jardin public en 1909, les séquoias viennent d'être plantés.

(photo centrale) Le séquoia au XXIe siècle. 

(photo de droite) Le séquoia foudroyé le 24 avril 2011."



"BEAUX LIEUX
2017
ENTRE CIEL ET TERRE
Amandine BOCQUELET
Pocé sur Cisse (37)

"J'ai choisi la souche de séquoia, l'arbre coupé qui perd sa verticalité...

La posture du loup hurlant cherche à lui redonner cette verticalité et créer à nouveau un lien avec le ciel." 

 












Nous quittons la quiétude du jardin public pour gagner les petites rues de la cité historique.


La magnifique porte des Cordeliers, éclatante de blancheur après avoir fait l'objet d'une restauration :



"La Porte des Cordeliers

(1497-1498, Monument Historique)

La porte des Cordeliers, du nom du couvent qui se trouvait à proximité, s'ouvrait au Moyen Âge sur l'axe routier donnant accès à Amboise et à Paris. C'est sous cette porte que passait la célèbre route de Paris en Espagne, un itinéraire menant également à Saint-Jacques-de-Compostelle. Grâce à l'analyse dendrochronologique de sa charpente (datation par les cernes de bois), elle est datée des années 1497-1498. Il s'agit de la dernière des quatre portes construite pour protéger l'enceinte de la ville basse. A l'aube de la Renaissance, cette porte à vocation essentiellement défensive est rehaussée d'éléments décoratifs. Elle est flanquée de tourelles d'angle en encorbellement, coiffée d'un haut toit éclairé par une lucarne de style gothique, flamboyant et couronné d'un chemin de ronde crénelé muni de mâchicoulis finement sculptés. Pour répondre aux besoins militaires, deux pont-levis précédant des portes charretières et piétonnières venaient autrefois s'abattre sur le principal bras de l'Indre." 

 


"La place de la Marne

Installée en bordure de l'Indre, la place de la Marne forme un large triangle offrant une vue panoramique sur la ville basse, le promontoire rocheux de la Cité royale et les bords de l'Indre. Elle se situe au débouché de la rue de Tours et d'une ancienne promenade qui longeait l'Indre.

D'abord dénommée Place de la Tour, en référence à la Tour Saint-Antoine (XVIe siècle) dont la silhouette Renaissance se détache avec élégance, elle reçoit l'appellation Place de la Marne après la Première Guerre mondiale, au même titre que la place du Palais de justice qui devient la Place de Verdun.

A la fin du XIXe siècle, cette place s'ouvre à l'est, avec un pont sur l'Indre placé dans l'axe de la rue de la République. Cet ouvrage permet de rejoindre la gare ferroviaire ouverte en 1878. Depuis 1909, la statue réalisée par le sculpteur François Sicard rend hommage à l'écrivain Alfred de Vigny né à Loches en 1797."

Annotation sous la photo : 

"La place de la Marne au début du XXe siècle. Au fond à gauche, la gare de Loches dessert depuis son inauguration en 1878 la ligne Châteauroux-Tours.

Frédy Richard, Collection Loches Autrefois" 

 


"La rue de la République

La rue de la République est créée au XVIIe siècle, lorsque la Grande route royale de Paris en Espagne, qui traversait la ville basse, est déviée vers les nouveaux faubourgs. Au départ, cet axe se nommait rue de la Grenouillère, en référence à la zone humide qui longeait la muraille urbaine.

Rebaptisée à la fin du XIXe siècle, cette rue comprend de nombreuses demeures édifiées au cours de ce siècle. Elle constitue une artère commerciale importante entre la place du Marché et la place de la Marne située derrière vous.

Sur votre gauche, la rue Agnès Sorel est ouverte au début du XIXe siècle à travers la muraille urbaine encore présente à l'arrière de plusieurs habitations. Son nom fait référence à la favorite de Charles VII, l'une des grandes figures féminines de l'histoire de Loches.

Annotation sous la photo : "L'entrée de la rue de la République au début du XXe siècle. La statue du poète Alfred de Vigny, tout juste inaugurée sur cette photo, est dissimulée durant la Seconde Guerre mondiale, avant d'être installée en 1971 sur la Place de Verdun. Elle retrouve sa place d'origine en 1998.

Frédy Richard, Collection Loches Autrefois"


Nous arrivons devant le "Centre d'affaires Alfred de Vigny" dont je ne sais la fonction actuelle mais qui était à l'origine la Caisse d'Epargne, les panneaux sur les murs en témoignent. 



Publicités d'antan ? Cela ferait un bon sujet de philo !

Panneau de gauche : 
"Avec une sage lenteur l'épargne prépare l'abondance

avec une folle vitesse la dissipation mène à l'indigence

L'épargne enfante la paix le gaspillage la tue"

Panneau central :

"L'épargne est la source de la richesse nationale

Elle est aussi une source de bonheur pour celui qui la pratique"

Panneau de droite :

"L'épargne combat deux fléaux la misère et la maladie elle donne par surcroît l'indépendance et la liberté" 

 


"L'église Saint-Antoine

(XVIIe et XIXe siècles, Monument historique)

Sous le Consulat, l'ancienne collégiale Notre-Dame du Château devenue église Saint-Ours, fut choisie comme église paroissiale. En raison de son accès difficile, on chercha à établir une succursale dans la ville basse. Une nouvelle église fut aménagée dans les anciens dortoir et réfectoire du couvent des Ursulines (1627) qui servaient alors d'écurie à la Gendarmerie, installée à la place de la Poste actuelle. Consacrée en 1812, elle devient église Saint-Antoine. La chapelle du Sacré-Cœur est bâtie en 1822, celle de la Vierge en 1835 et le clocher en 1836. Elle conserve un rare décor de la Restauration, ainsi qu'un ensemble de peintures et sculptures de grande qualité. Elle a fait l'objet d'une rénovation intégrale entre juin 2009 et juin 2011. A l'intérieur y sont exposées des peintures de Jean  Boucher, Pierre de Cortone, des statues d'Avisseau, des vitraux de Lobin..."


Annotation sous la photo :

"L'église Saint-Antoine et la place du champ de foire, actuelle place de Verdun, au XIXe siècle. - Frédy Richard, Collection Loches Autrefois"


Croix dressée devant l'église : 


L'église comprend outre la nef, deux chapelles de part et d'autre du chœur. Celle du Sacré-Cœur à gauche et celle de la Vierge à droite.
Je suis agréablement surprise par l'intérieur qui, chose rare présente une belle unité. En effet, retables et boiseries forment un ensemble agréable à regarder.
Je vous laisse en juger.
Les tableaux et les statues sont souvent des œuvres d'artistes locaux.
Par exemple, les 6 statues en terre cuite sont de Charles-Jean d'Avisseau, céramiste tourangeau ; les toiles pour la plupart proviennent de sites religieux nationalisés à la Révolution française.



"La Vierge adorée par les anges

Auteur anonyme d'après Pierre DE CORTONE (1596-1669)

XVIIe siècle, huile sur toile

Inscrit au titre des Monuments historiques en 1976

Restauré en 2004-2005 avec le concours de la Ville de Loches, de la Direction régionale des affaires culturelles Centre-Val de Loire et du Conseil départemental d'Indre-et-Loire." 



"Annonciation

Auteur anonyme

XVIIe siècle, huile sur toile

Inscrit au titre des Monuments historiques en 2006

Restauré en 2001 avec le concours de la Ville de Loches, de la Direction régionale des affaires culturelles Centre-Val de Loire, du Conseil départemental d'Indre-et-Loire et du Fonds de dotation "Loches Patrimoine et Culture"."


Le tableau derrière l'autel "Descente de Croix" est de Jean Boucher, 1626. 





Les vitraux du chœur et des chapelles (XIXe siècle) proviennent essentiellement de l'atelier Lobin de Tours. Ceux de la nef ont été réalisés par Armand Clément au XIXe siècle également.



"Vitrail de l'Annonciation

Atelier Julien-Léopold LOBIN (1814-1864), Tours

Vers 1849

Restauré en 2010-2011" 







Contiguë à la nef, la galerie Saint-Antoine sert d'écrin aux œuvres qui appartenaient jadis à la Chartreuse du Liget.


Les tableaux d'un côté, les panneaux explicatifs de l'autre.


Et quelques petites statues :








"Retable du Liget

Portement de croix, crucifixion et mise au tombeau

Jean Poyer (documenté 1465-1498 à Tours - mort avant 1504)

Huile sur bois (chêne)

Classé Monument Historique 17 juin 1901

Ce tableau a été commandé par Jean Béreau, prieur de la chartreuse du Liget. Il est représenté sur la partie droite du retable, derrière son saint patron. L'iconographie de la crucifixion est unique par la représentation d'une quatrième croix, brisée, symbolisant sans doute la douleur de Marie qui semble évanouie. Durant la Révolution française et le pillage de la chartreuse, le tableau est vendu à un marchand de Loches qui en fit don à l'église Saint-Antoine vers 1812." 



"La Cène à Emmaüs

L'original ci-dessus : LE CARAVAGE, La Cène à Emmaüs, 1601, huile sur toile, 141x196.2 cm, National Gallery, Londres.

Photo  : Wikimédia

Commandée par Ciriaco MATTEI, riche aristocrate romain et collectionneur, l'œuvre est vendue ensuite à deux reprises, puis arrive en Angleterre où elle intègre la National Gallery en 1839.

La scène  figure les disciples du Christ ressuscité qui, après avoir marché avec lui toute la journée sans le reconnaître, l'invitent à souper avec eux à Emmaüs. Le Christ bénit et rompt le pain et c'est alors qu'ils le reconnaissent : "Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l'ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards." (Evangile selon saint Luc, chapitre XXIV, versets 29-31).

LE CARAVAGE se focalise avec audace sur l'instant critique de la reconnaissance qui renverse le cours des événements. Il combine ainsi trois moments : avant, pendant et après la reconnaissance. Le Christ, représenté presque juvénile, est difficilement identifiable et n'a pas encore rompu le pain. Pourtant, les gestes et les expressions suspendus manifestent la stupeur de son entourage qui vient de le reconnaître. Enfin, la main levée du Christ évoque déjà celle du Jugement dernier." 




"L'histoire des deux toiles de Loches

Ambassadeur de France à Rome, Philippe DE BETHUNE rencontre LE CARAVAGE entre 1601 et 1605. Il agit pour faire sortir l'artiste de prison en 1603. Grand collectionneur, il lui achète quatre tableaux qu'il rapporte à Paris, dont ces deux toiles qui suivent probablement leur propriétaire jusqu'à Selles-sur-Cher. On suppose ensuite que son fils, protecteur de la Chartreuse du Liget, y fait accrocher les deux tableaux. Ils sont saisis lors de la Révolution et stockés dans un dépôt à Loches. A partir de 1813, ils sont conservés dans l'église Saint-Antoine. Arrivés en France en 1605, ces deux tableaux sont ainsi les premiers à diffuser l'art du maître italien au-delà des Alpes, avant d'être rapidement reproduits par la gravure.

Oeuvres originales ou copies ? 

Indiqués comme des originaux dans l'inventaire des biens de Philippe DE BETHUNE, les deux tableaux portent dans leur facture des caractères du style Caravage ; la toile utilisée, les deux couches de préparation appliquées et leurs incisions ou les pigments employés. La comparaison avec les versions considérées comme originales met néanmoins en avant des différences dans le rendu du clair-obscur, des expressions et dans la précision des détails.

Faut-il parler de copies, d'oeuvres originales ou d'oeuvres en partie de la main du maître ? LE CARAVAGE participe-t-il à certaines étapes de la réalisation de ses tableaux, tout en laissant à un proche le soin de les terminer ? De récentes recherches confirment de possibles collaborations entre LE CARAVAGE et d'autres artistes dans l'exécution de copies. Ceci expliquerait-il les similitudes troublantes pour les techniques de préparation de la toile ? Les contemporains du CARAVAGE considèrent-ils les copies du maître comme des oeuvres originales du fait qu'elles sont achetées au maître lui-même ? On sait que LE CARAVAGE cautionne la réalisation de copies de ses toiles par plusieurs de ses amis, qui les commercialisent en son nom. Ceci expliquerait-il la mention "oeuvres originales" dans l'inventaire de Philippe DE BETHUNE ?

L'énigme perdure quant à l'histoire de ces deux toiles. Toutefois, on peut ici conclure que ces deux tableaux, qu'ils soient partiellement ou non de la main du maître, ont très probablement été réalisés avec son consentement, en signe de reconnaissance de l'artiste pour son ami Philippe DE BETHUNE. Et vous, qu'en pensez-vous ?" 

 


"L'Incrédulité de saint Thomas

L'original ci-dessus : LE CARAVAGE, l'Incrédulité de saint Thomas, 1603, huile sur toile, 107x146 cm, Palais de Sanssouci, Bildergalerie, Potsdam.

Photo C BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais/Gerhard Murza

Le tableau est inscrit dès 1606 dans l'inventaire de Vincenzo GIUSTINIANI, collectionneur hors pair connu pour son goût et ses intérêts culturels très larges autour duquel gravitaient de nombreux artistes. Ses descendants mettent sa collection aux enchères à Paris en 1812 et le roi de Prusse achète ce tableau en 1815. Il transite ensuite par plusieurs villes d'Allemagne et jusqu'en Union soviétique de 1945 à 1948, avant d'être exposé à la Bildergalerie de Potsdam.

Ce tableau représente une scène de l'évangile durant laquelle saint Thomas met en doute la résurrection du Christ après sa mort sur la croix. Saint Jean la transcrit ainsi : " [...] Il leur déclara : Si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point [...] Le Christ dit à Thomas : Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-là dans mon côté ; cesse d'être incrédule et sois croyant." (Evangile selon saint Jean, Chapitre XX, versets 24-27).

LE CARAVAGE fait le choix de représenter crument cette scène d'une manière inconnue jusqu'alors : Jésus guide lui-même la main de Thomas qui s'étonne et résiste, puis voit son doigt s'enfoncer dans la plaie. Cette main du Christ, qui semble détachée de son propre corps, bouleverse l'apôtre absorbé dans une expérience intérieure et canalise l'attention de tous les personnages présents."

 



"L'Incrédulité de Saint Thomas

La scène est tirée de l'évangile de Saint Jean (XX, 24-29). Le Caravage nous montre l'apôtre Thomas qui avait déclaré à ses camarades qu'il ne croirait à la Résurrection du Christ que lorsqu'il pourrait glisser ses doigts dans ses blessures, invité par l'intéressé, apparu aux disciples pour la deuxième fois, à effectuer ce geste.

La scène est beaucoup plus intimiste que le Pèlerinage à Emmaüs. Sous le regard intense et presque incrédule de deux autres apôtres - qui sait, le Christ ressuscité, ce pourrait être aussi bien un rêve ! - la main du Seigneur guide doucement celle du disciple bouleversé parce qu'il est en train de toucher alors même que, quelques instants plus tôt, il doutait encore...

Par une composition très serrée magnifiée par un spectaculaire clair-obscur où les regards se focalisent sur cette plaie au flanc dans laquelle Thomas introduit sa main, le Caravage nous signifie, à sa manière bouleversante et profondément mystique, que deux mondes se côtoient l'humain, celui des apôtres aux visages ridés, usés par la vie, et le divin, auquel appartient déjà le Christ "ressuscité d'entre les morts" dont l'ineffable - et presque insolente - jeunesse éclate au grand jour.

Par rapport à l'autre version de l'incrédulité de Saint Thomas (musée de Postdam) dont l'identité du premier propriétaire demeure assez obscure, celle de Loches présente une importante variante dans le traitement de la chemise du dernier apôtre à droite (doté d'un col bleu à Loches alors qu'il est dépourvu de col à Postdam) qui amène  à la même réflexion que pour le tableau précédent."  



"Un puissant protecteur

Au cœur du monde des puissants qui entouraient le Caravage, se trouve un ambassadeur célèbre :

Philippe de Béthune, Comte de Selles, frère cadet de Sully, le ministre d'Henri IV.

Issu  d'une grande famille aristocratique, Philippe de Béthune naît en 1565. C'est un homme brillant, érudit et fin politique.

Les rois Henri IV et Louis XIII en font l'un des diplomates les plus accomplis et lui confient de nombreuses missions à travers l'Europe.

Il est par ailleurs passionné par l'art. Sa collection de peintures, sculptures, manuscrits historiques est célèbre. Ses collections que la Reine Christine de Suède voulait lui acheter sont finalement offertes à Louis XIV. 

Ses manuscrits et portraits au crayon sont depuis les joyaux du Cabinet des Manuscrits et Estampes de la Bibliothèque Nationale.

Le sort  de ses peintures est autre...

Il fut notamment Ambassadeur de France à Rome à plusieurs reprises : de septembre 1601 à juin 1605, en 1624 de 1627 à 1629 et en Piémont de 1616 à 1618.

Amateur d'art célèbre en son temps, il y fit la connaissance du Caravage et noua des liens forts avec les principaux mécènes du peintre, dont le Cardinal Del Monte et le Marquis Ciriaco Mattei.

En 1603, après le procès intenté contre le Caravage, il intervient pour que la peine de prison infligée à l'artiste soit commuée en peine de bannissement.

Mort à Selles sur Cher en 1649, il laisse derrière lui l'une des plus importantes collections d'oeuvres d'art du début du XVIIe siècle."

 

Il y a bien d'autres panneaux explicatifs dans la galerie, mais je vous fais grâce de leur lecture...  😉


Face à l'église Saint-Antoine, l'Hôtel de la Cité Royale.

L'ancien tribunal a fait peau neuve en devenant un établissement quatre étoiles. On y trouve aujourd'hui bar, restaurant, spa et piscine intérieure, salles de séminaire et chambres, le tout avec vue imprenable sur la cité médiévale.



L'ancienne gendarmerie impériale : 


L'ancienne école de garçons : 


"Jacques VILLERET 

Comédien

Lochois d'origine fut élève de cette ancienne école primaire de 1956 à 1960"


L'Hôtel Nau :  


"3 L'Hôtel Nau

Charmante demeure du XVIème siècle, l'Hôtel Nau tire son nom d'une famille de magistrats qui l'acheta en 1757 à la veuve de Jean Jacques Guesbin de Rassay, président et lieutenant général au baillage et siège royal de Loches. Les Nau s'y succédèrent durant trois générations. Vendu en 1843, l'Hôtel Nau devint par la suite un café puis un hôtel au sens commercial du mot, sous l'enseigne : "Hôtel de Saint Antoine. Une tour d'escalier occupe l'angle rentrant formé par les bâtiments. Les fenêtres sont encadrées de pilastres doriques. A sa gauche, la tour est flanquée de trois étages de loggias de la Renaissance italienne." 



Porte des Cordeliers vue de l'intérieur : 



"La ville basse

Totalement close, la ville basse s'étend au pied de l'éperon rocheux dominé par le château. Elle est protégée au nord par une enceinte dont la construction est autorisée en 1447 par Charles VII, après un violent incendie. Ce dernier détruit la quasi-totalité des maisons à pans de bois qui formaient probablement le bourg commercial. La reconstruction des habitations et de l'enceinte s'effectue avec la pierre locale, le tuffeau, jusque-là réservé aux édifices nobles. Le rempart, flanqué d'une dizaine de tours, est percé de quatre portes : Poitevine, Quintefol, Cordeliers et Picois. Seules, les deux dernières sont encore visibles. En son sein, hôtels particuliers et maisons Renaissance y côtoient des édifices publics, comme l'hôtel de ville ou la tour Saint-Antoine. Face à vous se trouve l'ancienne halle aux grains où se percevait le droit de "minage" prélevé sur les grains mis en vente lors du marché au blé qui se tenait sur cette place jusqu'en 1790. La restauration de cet édifice a permis de retrouver les arcades du rez-de-chaussée et l'encorbellement décoré de trilobes."

Annotation sous la photo : "La place de l'Hôtel de Ville au début du XXe siècle, un jour de marché - Frédy Richard, Collection Loches Autrefois"  



"L'hôtel de ville

(1534-1543, XIXe siècle, Monument Historique)

En 1519, les Lochois demandent au roi François Ier l'autorisation d'édifier un bâtiment qui permettrait d'accueillir à la fois les fonctions liées au pouvoir royal (grenier à sel, auditoire de la justice royale) et celles dépendant du pouvoir communal (chambre de conseil, espace pour stocker les papiers des greffes, etc.). Le souverain accepte cette construction qui devra se trouver "près du portal Picoys". Le chantier ne débute qu'en 1534 selon une architecture dite de la Première Renaissance : le quadrillage de sa façade, sa frise aux formes géométriques et ses chapiteaux sculptés de têtes de putt ou d'animaux fantastiques en témoignent. Les décors des deux fenêtres hautes représentent respectivement la salamandre de François 1er et le blason de la ville , symboles des deux pouvoirs en place; La tour rectangulaire, qui se détache sur la place, accueille l'un des premiers grands escaliers droit rampe sur rampe du XVIe siècle. Avec l'hôtel de ville de Beaugency, celui de Loches est le seul du Val de Loire à abriter la même fonction depuis près de 500 ans."

Annotation sous la photo : "Vue de la porte Picois et de l'hôtel de ville, après sa restauration à la fin du XIXe siècle. Les travaux débutés en 1897, ne s'achèvent qu'en 1903 avec la reprise des frontons des lucarnes restés sans bas-relief jusqu'à cette date - Frédy Richard, Collection Loches Autrefois"


L'hôtel de ville et la porte picois : 





Nous poursuivons la balade en remontant la Grande Rue...


...passons devant la Chancellerie et la Maison du Centaure sans y pénétrer. D'une part, les chiens y sont interdits, d'autre part, nous sommes un peu pris par le temps et avons dû faire un tri tant les lieux à visiter sont nombreux.

Nous avons jeté notre dévolu sur la Cité Royale même si les chiens y sont là aussi malvenus. Tant pis, ce sera une visite à tour de rôle.


"La maison du Centaure

(Années 1530, Monument Historique)

L'hôtel particulier situé derrière vous, contemporain de l'hôtel de ville, est construit pendant la Première Renaissance. Frises à disques et losanges, niches à coquilles et pilastres composent son décor. Il doit son nom au bas-relief visible sur son pignon et situé à l'origine sur le manteau de l'une des cheminées, décorée également du F de François Ier.

Cette représentation mythologique est issue du livre des Métamorphoses d'Ovide : Hercule, portant une peau du lion, transperce d'une flèche le centaure Nessus enlevant son épouse Déjanire. Cet ouvrage, qui se diffuse largement dans les milieux cultivés grâce à l'imprimerie au début du XVIe siècle, devait être connu par le commanditaire. C'est là un témoignage du niveau social et culturel élevé de ce dernier, mais aussi de son souhait de rendre hommage au roi, souvent comparé à Hercule."


Annotation sous la photo : "Carte postale représentant la rue du Château, vue depuis la Maison du centaure, vers 1910 - Fredy Richard, Collection Loches Autrefois"


"La Chancellerie

(XVe, 1551, Monument Historique)

Cet hôtel particulier, dt de "La Chancellerie", offre aux passants une étonnante façade. Cette dernière, plaquée sur une maison du XVe siècle, présente un décor caractéristique de la Seconde Renaissance, avec des chapiteaux doriques et composites, ainsi qu'une frise ornée de bucranes et têtes de taureaux. Par la disposition des pilastres, en retrait par rapport aux fenêtres, cette façade constitue l'une des œuvres de l'architecture française les plus novatrices de son temps, inspirée du travail contemporain de Michel-Ange pour la Bibliothèque laurentienne de Florence.

Le monogramme du roi Henri II, au-dessus de la colonne d'angle droit du premier étage, indique la volonté du commanditaire de faire allégeance à son souverain. Un cartouche visible en haut à droite de la façade porte la date de 1551 et une devise "Prudentia nutrisco - Justicia regno" (Je me nourris de prudence - Je règne par la justice). L'interprétation de cette devise a sans doute été à l'origine de la dénomination erronée du bâtiment, Loches n'ayant pas d'office de chancelier à cette époque. Dans la cour, un corps de bâtiment ajouté au XVIIe siècle joint l'ancien rempart du XVe siècle."

Annotation sous la photo : "Carte postale représentant la Chancellerie et la Maison du Centaure, vers 1910 - Fredy Richard, Collection Loches Autrefois"


La Chancellerie et la Maison du Centaure en haut de la Grande Rue :  



"La rue du château

Située dans le prolongement de la Grande rue, la rue du château permettait d'aboutir à une barbacane précédant le pont-levis qui défendait l'entrée principale du château du côté ouest, nommée "Porte Royale". Au-delà, la rue de la Poterie est devenue un mail arboré après le comblement des fossés au XIXe siècle. Il permet de rejoindre l'ancienne Porte poitevine où aboutissait la Grande route de Paris en Espagne.

Sous le jardin de la Maison-Musée du peintre Emmanuel Lansyer, les remparts comportent une série de meurtrières desservies par une galerie de défense, aménagée dans la roche à la fin du XIIe siècle. Ce système défensif était complété par de profonds fossés secs. A partir du XVIIe siècle, ces fossés sont investis par des maisons, dont la marque des toitures est encore visible."


Annotation sous la photo : "Au début du XXe siècle, l'actuel parking du Fou du Roy est encore occupé par des habitations. Frédy Richard, Collection Loches Autrefois"


Ce joli minet profite de quelques rayons de soleil, pas du tout impressionné par ma présence. 



Nous longeons les remparts et arrivons devant la porte Royale.
Et là, nous faisons un grand saut dans le passé en côtoyant soudain de hauts personnages qui chacun à leur manière ont influé sur l'histoire de Loches et plus largement pour certains sur l'histoire de France :
Foulques III Nera, Foulques IV, Foulques V, Henri II Plantagenêt, Aliénor d'Aquitaine, Philippe II dit Philippe-Auguste, Charles VII, Richard I d'Angleterre dit "Richard Cœur de Lion", Louis XI, Anne de Bretagne, Agnès Sorel et Jeanne d'Arc.



La Porte royale : 


La Porte royale vue de l'intérieur : 


"La Porte royale (XIIIe-XVe siècle, Monument historique)

Cette porte défensive constitue aujourd'hui le seul accès à la forteresse médiévale. Trois édifices majeurs s'y trouvent encore : le donjon comtal (XIe siècle, l'ancienne collégiale Notre-Dame (XIe-XIIe siècles) et le logis royal (XIVe-XVe siècles). Au Moyen Âge et à la Renaissance, ce vaste ensemble forme ce que l'on appelle le château. Une première porte défensive est édifiée au XIe siècle. Cette porte est remplacée à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle par un châtelet d'entrée composé de deux tours rondes percées d'archères. Un profond fossé, comblé au XVIIe siècle, renforçait la protection. Au XVe siècle, l'apparition de l'artillerie à poudre amène des réaménagements. Le toit et le chemin de ronde sont supprimés au profit d'une terrasse à feu, délimitée par des mâchicoulis sur consoles. Cent ans plus tard, la Porte royale est transformée en prison, comme en témoignent de nombreux graffitis. Tout au long du XXe siècle, un musée du terroir et du folklore local y était installé.


Annotation sous la photo : "Le Porte royale au début du XXe siècle, encore appelée "L'entrée du château". Frédy Richard, Collection Loches Autrefois" 




Le jardin Saint-Louis borde une des façades de la collégiale Saint-Ours : 



Nous ne verrons que partiellement la collégiale car elle subit un grand lifting.
Nous nous contenterons donc des nombreux panneaux concernant son histoire et la restauration en cours.







"Corps majestueux

Mihaïl Chemiaking, Pierre le Grand

1989, Bronze (cire perdue)

Cette sculpture réalisée par Mihaïl Chemiakin, est identique à celle que la ville de Saint-Pétersbourg a acquis en 1991, toujours visible aujourd'hui dans la forteresse Pierre et Paul.

Pierre le Grand, tsar de Russie de 1682 à 1725, fut le fondateur de Saint-Pétersbourg. Ce Tsar (1672-1725), qui a tourné la Russie vers l'Europe et la modernisation au XVIIe siècle,, est ici représenté de manière très statique, dépourvu de chapeau ou de perruque, bien loin de l'image héroïque qu'il incarne habituellement. Son physique est volontairement exagéré : personnage immense, aux doigts longs et fins, affublé d'une tête très petite proportionnellement à sa stature. C'est l'image tout à la fois majestueuse et terrifiante d'un tsar solitaire et fatigué.

La première fonte de cette sculpture de Mihaïl Chemiakin se trouve à Saint-Pétersbourg." 

 



"12 La Collégiale Saint-Ours

Fondée vers 965 par le comte d'Anjou Geoffroy Grisegonelle, le père de Foulques Nerra, la collégiale Notre-Dame du Château, desservie alors par un chapitre de douze chanoines, fut construite pour abriter une précieuse relique : la ceinture de la Vierge. A la Révolution, la collégiale devint l'église paroissiale Saint-Ours, reprenant le statut et le vocable d'une église aujourd'hui détruite, située en contrebas. Véritable "splendeur romane", l'édifice tel qu'on le connaît aujourd'hui est l'œuvre du prieur Thomas Pactius et date principalement du XIIème siècle. Son architecture est marquée par un portail polychrome sculpté de personnages et d'animaux fantastiques tirés des bestiaires du Moyen Age. La Collégiale présente également une particularité unique en France : sa nef est recouverte de deux pyramides octogonales creuses appelées "dubes", élevées vers 1165. Celles-ci ont sans doute contribué à révéler "l'étrange et sauvage beauté" du monument dont parlait Viollet-le-Duc. Depuis le 2 avril 2005, le tombeau d'Agnès Sorel y a été replacé."


Le porche de la collégiale :  



Les sculptures de part et d'autre à l'extérieur du porche : 



Les sculptures de part et d'autre à l'intérieur du porche : 




Du portail, nous ne verrons pas grand-chose d'autant plus qu'il est obstrué par un immense panneau de triply. Il semble faire l'objet d'une attention toute particulière mais j'aimerais bien le voir une fois "remis à neuf".




"Un peu d'histoire

Le porche d'entrée de la Collégiale Saint-Ours abrite un portail sculpté polychrome exceptionnel pour son état de conservation et son étonnante représentation des arts libéraux, c'est-à-dire les matières enseignées dans les écoles monastiques et canoniales au Moyen Âge. La présence de chanoines enseignants au sein de la collégiale explique ce motif. Mais celui-ci est rare dans les églises romanes. On le retrouve plus fréquemment à l'époque gothique." 



Quelques détails du portail : 







Nous ne verrons pas plus l'orgue.





Bref, la visite a été vite faite, seul le gisant d'Agnès Sorel est bien visible.


"LE TOMBEAU D'AGNES SOREL

Agnès Sorel, la première favorite

Née vers 1422, Agnès Sorel est issue d'une famille de la petite noblesse picarde. Placée comme demoiselle de compagnie de la duchesse Isabelle de Lorraine, l'épouse du roi René d'Anjou, elle fait la connaissance du roi de France Charles VII en 1443. Séduit par sa beauté et son éclat, celui-ci en fait sa maîtresse et s'affiche publiquement en sa compagnie. Accédant au statut de favorite, Agnès exerce une forte influence sur le roi et dispose d'importants revenus. Trois filles naissent de leur relation : Marie, Charlotte et Jeanne, richement dotées par le roi ; une quatrième ne survit pas à sa naissance.

Charles et Agnès séjournent régulièrement à Loches. Vouant un culte à la Vierge, la favorite comble de présents la collégiale Notre-Dame, dédiée de nos jours à Saint-Ours. Elle meurt prématurément au Mesnil-sous-Jumièges le 9 février 1450 (1449 selon le calendrier ancien), des suites de son dernier accouchement, alors que le roi est engagé dans la reconquête de la Normandie. Une étude de paléopathologie, effectuée sur ses restes présumés en 2004, a imputé son décès à une surdose de mercure. Aussi l'hypothèse d'un empoisonnement criminel a-t-elle été avancée. Cependant, l'étude a également révélé qu'Agnès souffrait d'ascaridiose (tube digestif infesté d'œufs d'ascaris), infection qui était traitée, à l'époque avec des médications à base de mercure. Le doute subsiste donc sur les circonstances précises de sa mort.


Un tombeau de rang royal

Selon une pratique répandue à l'époque, le cœur d'Agnès Sorel est déposé dans l'abbatiale de Jumièges, et son corps inhumé au milieu du chœur de la collégiale de Loches, où elle a souhaité reposer. Comme à Jumièges, un somptueux tombeau y est érigé, sans doute à l'initiative de Charles VII. On ignore tout des artistes qui contribuent à sa réalisation. Sur le coffre et la dalle, de marbre noir, repose le gisant, en albâtre. La défunte est représentée les yeux mi-clos, dans l'attitude de la prière, suivant les canons alors en vigueur. Protégée par un dais, sa tête repose sur un coussin soutenu par deux angelots. A ses pieds se tiennent deux agneaux qui évoquent sa douceur et rappellent son prénom.

L'épitaphe sur le pourtour de la dalle détaille les seigneuries dont la favorite a été pourvue, et la générosité dont elle a fait preuve afin d'assurer le salut de son âme : "Cy gist noble damoyselle Agnès Seurelle, en son vivant dame de Beaulté, de Roquesserière, d'Issouldun et de Vernon-sur-Seine, piteuse envers toutes gens, et qui largement donnoit de ses biens aux églyses et aux pauvres, laquelle trespassa le IXe jour de fevrier, l'an de grâce MCCCC XLIX. Priiés Dieu pour l'âme d'elle. Amen." Derrière le  dais, une plaque porte un poème en latin à  la louange de la défunte. Un autre, à l'arrière du coffre, rend hommage à la généreuse donatrice. A l'avant, une inscription commémore la restauration du début du XIXe siècle. Une dernière épitaphe courait à la base d'un bas-relief en bronze. Accroché, à l'origine, non loin du tombeau, celui-ci figurait Agnès, en prière, entre la Vierge et sa patronne (disparu).


Les vicissitudes du tombeau

Le tombeau d'Agnès Sorel a connu cinq emplacements successifs. Dès 1468, les chanoines sollicitent du roi de France l'autorisation de l'enlever du chœur, arguant de la gêne occasionnée pour la célébration des offices. Après avoir essuyé un refus de Louis XI, ils renouvellent leur requête à plusieurs reprises. L'accord est finalement donné par Louis XVI en 1777. Le 5 mars, notables et religieux s'assemblent et procèdent à l'ouverture de la tombe. Les ossements sont regroupés dans une urne en terre cuite et le tombeau est déplacé dans une chapelle latérale de la nef.

Pendant la Révolution, le tombeau est vandalisé. Les fragments du gisant sont dispersés et l'urne jetée dans le cimetière jouxtant la collégiale. En 1801, le préfet d'Indre-et-Loire engage la restauration du tombeau achevée en 1809. Celle du gisant est confiée, à Paris, au sculpteur Pierre-Nicolas Beauvallet. Le tombeau est remonté dans la tour dite d'Agnès Sorel de l'ancien logis royal, alors sous-préfecture. Il bénéficie d'une mesure de classement au titre des Monuments historiques en 1892. L'intérêt croissant des visiteurs conduit à son transfert en 1970 à l'étage du logis. Il réintègre la collégiale en 2005, conformément aux dernières volontés de la défunte.


Les restaurations successives

La restauration conduite au début du XIXe siècle n'a pas totalement rétabli le tombeau dans ses dispositions d'origine. Dans l'ignorance probable de son état premier, le sculpteur Beauvallet a pris quelques libertés avec le gisant dans les restitutions en plâtre auxquelles il s'est livré. Les cornes des agneaux ont été agrandies. Le petit livre de prières qu'Agnès tenait entre ses mains a disparu, de même que le dais contre lequel s'appuyait la plaque gravée. Le gisant est fixé sur une semelle en pierre calcaire, maintenue après son retour à Loches.

Des réparations consécutives à des dégradations sont opérées en 1903, 1947 et 1970. L'oxydation des fers employés par Beauvallet pour assurer la cohésion des fragments du gisant provoque fissures et éclatements de l'albâtre ou du plâtre. Aussi sont-ils progressivement extraits et remplacés par des goujons inoxydables. Une nouvelle restauration est entreprise en 2015. Les fers encore présents sont éliminés. Désormais inutile, la semelle en pierre supportant le gisant est supprimée. Le contraste originel entre le gisant d'albâtre blanc et le socle en marbre noir est ainsi rétabli. Un dais en pierre est restitué afin de rééquilibrer le positionnement du gisant sur la dalle et de permettre la remise en place de la plaque gravée qui lui était adossée. Enfin, le gisant est soigneusement nettoyé, redonnant ainsi à la "dame de Beauté" tout son lustre."

 





Il y a de quoi visiter dans la cité royale - la collégiale Saint-Ours, le donjon, le logis royal, la maison Lansyer - mais dans aucun de ces lieux les chiens sont acceptés, même pas dans un sac. Aussi, le manque de temps nous contraint à faire un choix et nous prenons 2 billets jumelés pour visiter le donjon et le logis royal à tour de rôle.


"La Maison-Musée Lansyer (XIe, XVe et XIXe siècles)

Cette Maison-Musée occupe la demeure familiale du peintre paysagiste Emmanuel Lansyer (1835-1893). Léguée par testament, elle est aménagée en musée dès 1902, selon la volonté de l'artiste : "Je donne et lègue à la Ville de Loches tous mes tableaux et dessins existant au jour de mon décès, tant dans ma maison de la rue Charles VII, que dans mon appartement à Paris [...]. Il sera créé dans ma maison sus indiquée, un musée qui portera le nom de Musée Lansyer". Cette maison, accolée aux vestiges de l'ancien palais comtal du XIe siècle, est composée d'un pavillon datant du XVe siècle, flanqué d'un corps de logis du XIXe siècle. Son jardin, traité à la manière d'un jardin de peintre, offre un accès direct à la Porte royale. Le puits situé devant le mur de la maison présente une pierre de remploi aux formes trilobées de style gothique."


Annotation sous la photo : "La Porte royale, accessible depuis le jardin du musée Lansyer, abritait jusqu'en 2000 le musée du terroir et du folklore - Frédy Richard, Collection Loches Autrefois" 

 



Nous commençons par la visite du donjon qui est en fait la seule partie du site qui ne se visite plus par mesure de sécurité. Mais la Tour neuve et la tour du Martelet nous occupent un bon moment.




Dans la tour Neuve : 




"Tour neuve

La construction de cette nouvelle tour maîtresse est ordonnée par Charles VII. Clairement tournée vers la ville, elle réaffirme le pouvoir du roi à Loches, suite à la révolte nobiliaire de la Praguerie (1440). Elle est appelée "neuve" par opposition au vieux donjon. Elle est encadrée de deux ailes, aux murs percés d'archères canonnières. A son sommet, une terrasse d'artillerie couvre tout le front sud-ouest du château ainsi que l'accès à la ville. Sous cette terrasse, quatre niveaux. Outre sa fonction défensive, la tour neuve est aménagée pour servir de refuge au roi en cas d'attaque ou de logement pour l'officier commandant la place-forte. Dès le règne de Louis XI, la tour est transformée en prison. Ici, la barre d'entrave fixée au sol laisse supposer que cette salle a fait fonction de dépôt de la maison d'arrêt départementale (1801-1926). L'aile sud de la tour s'effondre en 1815." 




"Salle "murmures des murs"

Cet édifice propose de découvrir les documents qui rendent compte de l'histoire de la prison royale de la fin du XVe siècle au début du XVIIIe siècle. Ces messages, citations et vers, écrits, peints ou gravés en latin et en français nous renseignent sur l'identité et le statut des prisonniers, membres de l'aristocratie, parfois, même sur les raisons de leur enfermement, et enfin sur les émotions de ces mêmes prisonniers. Ces témoignages révèlent une culture lettrée qui renvoie à un idéal élitiste selon lequel seule la maîtrise d'un savoir académique peut façonner un homme "noble".


On ne peut pas entrer mais rien n'empêche de faire un petit coucou ! 




"Chambre

Les caractéristiques de cette pièce dotée d'une grande fenêtre, d'une cheminée et de latrines, révèlent le statut résidentiel d'origine de la tour neuve. Elle servait certainement d'espace annexe à la salle précédente, comme petite chambre de retrait ou garde-robe. Ses éléments de confort expliquent le choix de ce lieu pour incarcérer les détenus de haut rang à la suite du changement de fonction de la tour. Le cloisonnement, la multiplication et la spécialisation des pièces témoignent de l'évolution de l'architecture, plus élaborée à la fin du Moyen Âge."


"Les excentriques

A la fin du XVIIe siècle et jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, une lettre de cachet "De par le Roy" permet d'incarcérer, à la demande des familles, des nobles accusés de crimes de droit commun ou d'affaires de moeurs.

Julie de Castelnau, comtesse de Murat, adepte du jeu et de l'amour des femmes, scandalise le public qui a "peine à voir une dame de cette naissance dans un dérèglement aussi honteux et aussi déclaré". Elle fait deux séjours en résidence surveillée à Loches, à partir de 1701.

Jean-Baptiste de Vonnes, vicomte d'Azay, menace, insulte, tire des coups de fusil, enfonce les portes, brise les vitres, escalade les murailles et tente de mettre le feu au couvent où s'est réfugiée celle qu'il prétend épouser. En 1704, il est enfermé pour trois ans au donjon.

Paul-Alexis Barjot, marquis de Roncé, est pris de manie, accuse ses proches de vouloir l'empoisonner puis sous l'emprise de la jalousie, règle ses différends à coups d'épée et de pistolet. Il est incarcéré en 1770 au donjon de Loches."


Graffiti

Des graffiti datés de la fin du XIXe siècle sont visibles sur le mur nord de ce cachot, à proximité de l'entrée des latrines. La maison, le moulin, le phare sont attribués aux occupants de la maison d'arrêt départementale.

L'inscription "Savonnières" sur le dessus de la cheminée a un lien, sans doute, avec l'incarcération de Marie de Savonnières. Epouse d'un conseiller en la grande chambre du Parlement de Paris, elle est enfermée pour adultère à la prison royale de Loches en avril 1690. 

Relevé D. Burgart/V. Legoux, 2015." 

 




"Salle "du duel"

Face aux troubles liés aux affrontements entre armée royale, ligueurs - catholiques - et huguenots - protestants - qui agitent le pays à partir des années 1560, ordre est donné à la forteresse de Loches de se mettre en "état de défense".

La garnison est dotée d'un petit arsenal composé de plusieurs pièces d'artillerie, de piques, d'arquebuses et d'une provision de poudre. Alors que celle-ci ne comportait depuis les années 1550 guère plus d'une dizaine de soldats, elle reçoit le renfort d'hommes d'armes, prélevés sur deux compagnies de l'armée royale, qui se sont mis en scène dans cette salle." 

 



"Garde-Robe

Dans sa fonction originelle, ce niveau de la tour ronde est l'étage d'apparat. L'ensemble de l'étage est pourvu de grandes fenêtres à meneaux et traverses équipées de coussièges. Il est aussi muni de larges cheminées à manteaux moulurés et de grandes voûtes d'ogives. En raison d'un effondrement en 1815, on ne retrouve dans la salle principale que les départs de ces voûtes.

Cette petite chambre, qui sert de retrait ou de garde-robe, est dotée d'une cheminée et de latrines. Deux autres chambres se situaient dans l'aile sud effondrée. Il s'agit ainsi d'un étage noble, confortable, accueillant dans sa fonction primaire le logis de l'officier royal gouverneur de la place, voire un refuge sécurisé pour le roi en cas d'attaque."

 




Du haut de la tour neuve, nous avons une belle vue sur les toits de Loches et le regard porte loin.





La cour intérieure et le logis du gouverneur : 



La tour du Martelet : 


"Tour du Martelet

Cette tour est bâtie au XVe siècle, sous le règne de Louis XI, à l'emplacement d'un ancien fossé. Dès sa construction elle est destinée à servir de prison, du moins partiellement. A l'étage supérieur, la salle de garde était une pièce voûtée d'ogive. Jadis on entrait, depuis la cour, à ce niveau de la tour par une porte condamnée au XVIe siècle suite à l'apport d'un remblai. Sur le mur est subsiste la trace d'une fenêtre bouchée. Cet ancien vestibule a servi de cachot du XVIIIe siècle au début du XXe siècle. Les graffiti sont nombreux et variés. Ce sont des dessins, des inscriptions au crayon dont l'une reprend un psaume. Les gravures représentent un crucifix, une église, un navire, des visages, des profils, des croix et des outils. Deux niveaux de cachots souterrains creusés dans la roche sont accessibles par un escalier à vis qui conduit plus bas vers d'anciennes carrières."







"Sous-sol

La forteresse de Loches a été essentiellement construite avec un matériau abondant dans le sous-sol de la région : le tuffeau. C'est un calcaire facile à exploiter et propice à la taille. Les pierres sont extraites en aire ouverte lors du creusement des fossés du château, mais la plupart des carrières sont souterraines. Ce boyau sous la tour du Martelet représente une infime partie d'un réseau de plusieurs kilomètres de galeries qui s'étend au sud de la forteresse, sous les coteaux de Vignemont." 



Et pour finir le jardin !


"Jardin d'inspiration médiévale

Ce jardin clos de 700 m² a été conçu en 1998 par l'architecte paysagiste Sylvie Crépeau. Son plan s'inspire des enluminures et de la disposition des jardins au Moyen-Âge. Les plantes médicinales, potagères et tinctoriales - dont on extrait des colorants - sont distribuées dans huit carrés bordés de branches de châtaignier tressé. Elles sont classées selon la couleur de leurs fleurs. Depuis la création du jardin, certaines plantes ont prospéré et d'autres, qui ne se sont pas adaptées, ont été remplacées. Des arbres et arbustes fruitiers, pommiers, poiriers, framboisiers, groseilliers et cassis, complètent le décor. A l'entrée du jardin, une antichambre accueille un mûrier et un pré-haut, banquette où l'herbe pousse à l'ombre d'un treillage de vigne."


Les sculptures sont chacune une "oeuvre originale créée dans le cadre de l'exposition "Animalis, Animaux royaux et fantastiques" par Jérome et Laurent GARREAU, Galerie Le Terrier, Loches, 2020." 



"Tours à bec

A la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle, alors que les guerres opposent les rois Capétiens et Plantagenêts, les fortifications du château sont renforcées sur le front sud, le plus exposé aux attaques. Sur l'enceinte du XIIe siècle équipée de tourelles semi-circulaires, on greffe trois tours à bec d'une hauteur de 23 m et d'un diamètre de 9 m. Leur forme en amande, innovation de l'époque, permet de faire ricocher les projectiles d'artillerie et de limiter leurs impacts. Les deux niveaux de salles voûtées en berceau et la terrasse qui les surmonte sont tous dotés d'archères aménagées à la fois dans la porte ainsi que sur les côtés. Elles protègent les murailles en stoppant l'approche des assaillants. Le fossé est aussi approfondi et élargi. Ces travaux, engagés sous Richard Cœur de Lion, furent sans doute achevés après la conquête du château en 1204 par Philippe Auguste." 











J'ai bien aimé l'histoire de Foulquette, petite chatte errante, recueillie mal en point et remise sur pied par le personnel du donjon. Libre de ses mouvements, elle a pourtant décidé d'élire domicile au donjon.


Le donjon : 


Content d'être à nouveau trois, Guess fait le ramasse-poussière...


La visite suivante est consacrée au logis royal.


"Le logis royal

De la résidence ducale...au logis royal

Louis 1er, frère du roi Charles V, comte puis duc d'Anjou, fait construire vers 1377 une résidence à la pointe nord de l'éperon rocheux.

Du XVe au début du XVIe siècle, plusieurs rois de la dynastie Valois font de ce logis leur résidence favorite, en raison de sa situation géographique au sein du domaine royal et des chasses dans la forêt avoisinante. Un logis neuf, bâti entre la fin du règne de Charles VII (1483-1498) et le début de celui de Louis XII (1498-1515) vient s'accoler au logis ancien." 

 











Les initiales A et S pour Agnès Sorel : 






"Les chiens des lucarnes

Logis XVème siècle

Les six chiens statufiés que l'on peut observer de part et d'autre des trois lucarnes du logis du XVème siècle, sont contemporains de la construction de celui-ci. Dégradés ou disparus au fil des siècles, ils ont été restaurés au XIXème siècle.

Figés dans différentes postures, leur regard et leur truffe pointent en direction de la forêt de Loches. Au-delà de leur fonction décorative, ils signifient l'importance à la cour du roi et évoquent les chasses royales. Selon une tradition lochoise, les chiens de pierre se seraient animés et auraient aboyé à la vue d'un groupe de cerfs pour le signaler au roi !" 

 









"Grande salle

Elle est le principal espace de la vie publique du souverain et de sa cour. Au XIVe siècle, sa charpente à berceau lambrissé était apparente, d'une hauteur de 15 m. L'insertion d'un plafond au XVe siècle, a réduit le volume d'origine de moitié. Dans cette salle d'apparat qui exprime richesse, pouvoir et prestige, le roi tient sa cour, dîne avec ses invités et les membres de sa maison. Pour dispenser la justice et administrer son domaine, le roi se tient dos à la cheminée, face à l'entrée d'honneur. L'accès originel à cette salle se faisait par un escalier extérieur perpendiculaire au logis. Cinq grandes fenêtres dotées de coussièges ouvraient à l'est, à l'ouest et au nord. Les baies situées au nord ont été bouchées lors de la construction du logis du XVe siècle. Les murs de la grande salle étaient ornés d'un décor peint de faux appareil de pierre de taille rose à joints blancs et rouges."


"Les dissidents

Dans l'entourage du roi gravitent des personnages dont les alliances fluctuent au gré de leur fortune. Antoine de Chabannes sert dans l'armée de Charles VII mais se laisse entraîner par le dauphin Louis dans la révolte nobiliaire de la Praguerie (1440) puis dans des complots qu'il révèle au monarque. A l'avènement de Louis XI, il est d'abord emprisonné mais se rallie au roi.

Otto Castellani, originaire de Florence et trésorier de Charles VII, est, avec Chabannes, un des accusateurs de Jacques Coeur. Il se voit ainsi remettre la charge d'argentier à la chute de son prédécesseur. En 1459, il est accusé de "malversations et sortilèges", et destitué.

Guillaume Mariette, "Maître des requêtes de l'hôtel du dauphin", joue double jeu et, par ailleurs informe le duc de Bourgogne de tout ce qui se trame à la cour de France. Emprisonné au donjon de Loches en 1448, il s'enfuit. Il est arrêté, soumis à la question puis "décapité et écartelé pour ses démérites"." 



"Les cerfs ailés de la grande salle

Logis XIVème siècle

La hotte de la cheminée de la grande salle modifiée au XVème siècle et restaurée au XXème, est recouverte d'un enduit peint. Celui-ci représente, sur un semi de lys, les armes de Charles VII tenues par deux cerfs ailés portant sur leur épaule des phylactères où l'on peut lire une sentence à la gloire du roi Valois : "Ci sont les armes de hault pris et de grant excellence du  tres hault roy de France Charles Septiesme de ce nom"." 

 


""Chambre du roi"

Cette chambre fait partie du logis bâti au XIVe siècle, sous Louis Ier d'Anjou, duc de Touraine. Ses dimensions et sa configuration laissent penser qu'elle sert au seigneur à la fois de lieu de repos et de pièce de réception à huis-clos. Elle est vaste et confortable, éclairée par deux larges fenêtres à coussièges. Côté sud, elle est à l'origine équipée d'une cheminée aujourd'hui disparue. Le décor peint de faux appareil de pierre, à fond rose et joints blancs, sert de fond à une frise aux armes de Louis Ier d'Anjou, dissimulée au-dessus du plafond actuel : il s'agit bien d'un espace de représentation. Autour d'une chaire ou du "lit royal", symbole de pouvoir, le roi tient des conseils restreints et reçoit en petit comité. Cette chambre offre une transition avec les espaces rigoureusement privés de la tour Agnès Sorel."


"Lit d'apparat - ou lit royal

Meuble de prestige, il est tendu de tissus précieux et garni de coussins. Le lit est symbole de pouvoir celui qui est couché manifeste son statut supérieur. Le roi y reçoit ses conseillers à demi-étendu, comme l'illustre une miniature qui présente Charles VI en audience avec son secrétaire Pierre Salmon dans sa "chambre de retrait". Le roi siège également comme juge suprême, lors de la tenue de "lits de justice"*, dans un espace surélevé en forme de châlit** et surmonté d'un dais. Ainsi est représenté Charles VII lors du procès de Jean d'Alençon à Vendôme (1458).

* Lit de justice : séance solennelle où le roi rassemble les magistrats du royaume pour une affaire d'Etat, en particulier pour le jugement des grands officiers royaux.

** Châlit : jusqu'au XVIIe siècle, le mot synonyme de lit. Aujourd'hui, cadre en bois ou structure métallique de lit."


Le procès de Jeanne d'Arc : 



Une belle fenêtre à coussièges :



"Portrait d'Agnès Sorel, dite Vierge de Melun

(France, anonyme, XXème, d'après Jean Fouquet, vers 1452-1455)

Peinture à l'huile sur bois, 128x114 cm)

Ciré royale de Loches/Conseil départemental d'Indre-et-Loire" 

 




"La Musica

(Flandres, Audernade, fin XVIème)

Laine et soie, 205x510 cm

Dépôt de la Ville de Loches" 

 


"Statuette de Sainte-Agnès

Flandres, anonyme, XVIe

Chêne, H. 28 cm

Dépôt de la Société Archéologique de Touraine" 

 


"Grandes Heures

A partir de 1508, sur la commande d'Anne de Bretagne, Jean Bourdichon (1457-1521), "peintre et valet de chambre du roi", réalise ce chef d'oeuvre composé de 476 pages et de 337 enluminures marginales. Il s'agit de deux "codex" en un : un livre spirituel représentant des scènes bibliques et une encyclopédie naturelle. A la fois Livre d'Heures et traité de botanique. L'herbier nomme et illustre plus de 330 plantes. Des insectes et de petits mammifères habitent ses pages. Des miniatures représentent mois après mois, les occupations habituelles des Tourangeaux, Anne y figure elle-même, au mois d'avril, dans le jardin du château de Blois. Chaque élément revêt une dimension symbolique et métaphorique : le lys la royauté, les violettes l'humilité, les roses l'amour, les fraisiers la Trinité, les marguerites l'immortalité." 

 


"Horae ad usu Romanu, dites Grandes Heures d'Anne de Bretagne

Par Jean Bourdichon (1457-1521), 1505-1510

Copie (édition de 1848)

Cité royale de Loches/Conseil départemental d'Indre-et-Loire" 

 


"Oratoire

A l'emplacement prévu pour installer des latrines à l'extrémité du logis du XVe siècle, Anne, la reine-duchesse, fait bâtir un oratoire entre 1498 et 1500. Ce lieu intime de prière réalisé dans le style gothique flamboyant fait écho à la piété de l'épouse royale. Sur presque tous les murs couverts d'un appareil losangé, le décor évoque la symbolique bretonne ; les mouchetures d'hermines peintes en noir, se détachent sur un fond tapissé à la feuille d'argent. Des représentations de la Cordelière, emblème de l'Ordre d'inspiration franciscaine dont la branche féminine est fondée par la reine, y sont associées Enfin, la devise ducale Potius mori quamfoedari - Plutôt mourir que de se souiller - , figure en toutes lettres sur la fenêtre à remplace, armature en pierre taillée. Le décor sculpté de l'oratoire associe à la symbolique chrétienne, d'autres références plus terrestres."


"Retrait

Le retrait s'apparente à la petite pièce qu'on appelle "cabinet" à la Renaissance. Les retraits du logis de Loches sont équipés d'une cheminée et d'une alcôve où pourrait avoir été entreposée la vaisselle d'Anne de Bretagne. Situé entre la garde-robe et l'oratoire, ce retrait indique la permanence du lien fonctionnel entre les différentes pièces.

D'après les sources, Charles de Lorraine, duc d'Elbeuf, est enfermé ici en 1589 après l'assassinat de son cousin Henry de Guise au château de Blois. L'officier de marine Jean-Pierre de Vigny - oncle de l'écrivain - condamné en 1783 par le conseil de guerre pour avoir livré sa frégate aux Anglais lors de la guerre d'indépendance américaine, y aurait été détenu lui aussi "par ordre du roi". Il aurait peint ces inscriptions."


"Garde-robe

Cet espace serait la garde-robe, où sont rangés les atours, vêtements, tentures et linge mentionnés dans les inventaires royaux, ainsi que les couchettes pour les pages et les demoiselles de l'hôtel du roi. Cette pièce est aussi un lieu de passage qui s'ouvre sur l'escalier à vis de la loggia et descend vers le jardin d'agrément. Une porte transformée en niche devait, à l'origine, donner sur les latrines qui complètent le confort et l'hygiène du logis; Anne de Bretagne fait modifier le projet initial de Charles VIII, et, au lieu de latrines, décide de faire aménager un oratoire." 



"Buste de Charles VIII

France, anonyme, XIXe, d'après Antonio Pallaiuolo, XVe

Bronze, H. 41 cm ; l. 46 cm ; P. 25 cm

Cité royale de Loches/Conseil départemental d'Indre-et-Loire" 

 



"Les chiens et singes du retrait

Logis XVème siècle

Ces sculptures de chiens et de singes qui décorent les culots* sont significatives de l'importance accordé à ces animaux dans cet ensemble décoratif. Si les singes sont figurés "au naturel", agrippés à une branche, le chien est quant à lui doté d'un instrument à vent (cornemuse), soulignant, au-delà de son aspect drolatique, sa proximité avec la cour royale accueillie en ces lieux.

* Culot : Console soutenant la retombée d'une voûte." 

 







Du logis royal, nous avons surtout vu de grandes pièces, la visite débouche sur la loggia d'où nous avons une vue sur une autre partie du parc.











Nous reprenons la direction de la ville basse et de l'aire cc.


"La rue des Fossés Saint-Ours

La rue des Fossés Saint-Ours est bordée de belles demeures dont les plus anciennes datent du XVe siècle. Elle longe le puissant rempart protégeant la Cité royale. Des maisons sont construites contre ce rempart entre le XVIIe et le XIXe siècle. Démolies au XXe siècle, elles possédaient des caves creusées dans le massif rocheux.

Le mur de rempart surplombant la rue date de la fin du XIIe siècle. Il était renforcé par des fossés secs,  aujourd'hui largement comblés. Ce mur, constitue une "braie", doublant une première enceinte disparue. Celle-ci était située quelques mètres à l'intérieur et fut démolie au XVe siècle. Derrière cette portion de rempart se trouvait l'ancien palais comtal angevin des XIe et XIIe siècles."

 










"La promenade des remparts de la forteresse

Aménagé au début du XXe siècle, à l'emplacement des anciens fossés, ce chemin piétonnier appelé "boulevard Philippe Auguste", permet de découvrir le front sud de la forteresse médiévale. Particulièrement exposée aux attaques, et notamment à celles du roi Philippe Auguste qui mena un siège en 1205 pour récupérer la ville aux comtes d'Anjou, cette zone constitue un témoignage exceptionnel de l'évolution de l'architecture militaire du XIe au XVIe siècle. Les trois colossales tours à bec, ajoutées lors des affrontements entre la maison Plantagenêt et les Capétiens à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle, forment un élément remarquable de cet ensemble.

La promenade débute au pied de la tour ronde du XVe siècle, dont une partie s'est effondrée. On découvre ensuite, plusieurs mètres au-dessus du sol, l'ancienne porte du Martelet percée au XIIe siècle. Le circuit se prolonge jusqu'à la rue Quintefol et permet de faire le tour complet de la forteresse."


Le temps se gâte, nous faisons l'impasse sur la promenade des remparts mais nous ferons demain une balade jusqu'à Beaulieu-lès-Loches (prochain article du blog).


A bientôt !  😊 



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