Instantanés d'une journée de Transhumance
L'intégralité de notre parcours :
Saint-Chély-d'Aubrac (1ère partie) ⇒ Aubrac (2ème partie) ⇒ Nasbinals ¤ Fau de Peyre ¤ Aumont-Aubrac (3ème partie) ⇒ Marvejols (4ème partie) ⇒ Saint-Geniez d'Olt ¤ Laissac ¤ Le Vibal (5ème partie) ⇒ Cagnac-les-Mines (6ème partie)
Et voilà la bête !
Au matin, sur les conseils de nos deux visiteurs de la veille et après une nuit fort calme, nous bougeons le cc pour aller nous poser sur un parking ouvert sur la route de Laguiole, un autre pré en fait mais bien plus près de la fête.
Pendant que mon mari prend le relais pour photographier l'agitation de la place, je focalise mon attention sur les panneaux :
Pour une lecture plus facile :
Une retranscription s'impose :
Et le voici...
...et par chance, il emprunte la route de notre parking. Ne reste plus qu'à lui enjoindre le pas.
Que de circulation !
Entre les navettes, les bétaillères, les voitures et tout ce monde, il reste peu de place. Mais au final, les vaches préfèrent l'herbe des bas-côtés.
Les prés ont pour l'occasion été transformés en parking d'un jour.
Après la journée passée à Saint-Chély-d'Aubrac, nous voici sur le plateau à Aubrac.
Le village est petit mais déjà bien plein, cherchant à gagner notre bivouac pour la nuit, nous croisons un troupeau.
Capture d'écran "Via Michelin" et localisation de nos parkings. |
Sitôt posés près du lac des Moines, nous partons au village. La trottinette s'impose, à l'aller, le trajet entre le village et le lac nous a paru un peu long pour les 2 km mentionnés par un camping-cariste sur le net.
Les petits points blancs de l'autre côté du lac : les cc |
Effectivement, des 2 km annoncés, nous en sommes à presque 4, soit quasiment 8 km aller/retour.
Un panneau à l'entrée du village m'intrigue : "Domerie d'Aubrac". ???
Au retour, j'ai cherché le sens du mot domerie mais il apparaît que ce dernier est aux abonnés absents tant sur Mon "Petit Robert" (édition 2002) que sur mon dictionnaire "Hachette" (édition 1997).
Heureusement, internet est plus volubile, le mot apparaît sur le "Dictionnaire de la langue française" dans les éditions de 1762 à 1835 :
DOMERIE s.f. : Nom que prenaient autrefois certaines abbayes qui étaient des espèces d'hôpitaux.
En vue de rapprocher le cc, nous faisons le tour de l'aire qui nous est réservée (un pré en fait).
Espoir déçu, elle est archi pleine !
Tant pis, il va nous falloir marcher du lac jusqu'à l'embranchement et prendre la navette (mise à disposition demain seulement).
Peu lisible tout ça !
"Le village d'Aubrac
Un lieu surprenant, un nom évocateur. Vous êtes à Aubrac, le plus haut perché des villages du plateau (1 303 m). 10 habitants seulement et pourtant, la "capitale", un lieu de vie et d'échanges dans la splendide solitude du plateau auquel il a donné son nom. L'existence d'Aubrac commence au début du XIIe siècle, sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Un groupe de chevaliers s'y installe pour protéger les pèlerins des brigands. L'importance du pèlerinage allant croissant, un hospice y est construit. La Domerie d'Aubrac prospérera jusqu'à la fin du Moyen Âge, accueillant des milliers de pèlerins et de voyageurs, exploitant d'immenses domaines agricoles qui ont contribué à la mise en valeur du plateau...et des terres environnantes (comme la remarquable ferme des Bourines sur le causse, près de Laissac). La Révolution mettra à bas l'essentiel des bâtiments, mais pas l'assise agricole établie au fil des siècles. Situé à la limite de trois départements (Aveyron, Cantal, Lozère), Aubrac continuera à occuper une place stratégique pour ses foires aux bestiaux et lors de la transhumance. Les grandes bâtisses qui entourent la place datent du début du XXe siècle. Elles ont été construites pour accueillir les curistes venus respirer le grand air et faire une cure bénéfique de petit lait [gaspejaires]. Aujourd'hui, le village a développé sa vocation touristique autour de ce patrimoine particulièrement riche. Les aménagements réalisés dans le cadre de la valorisation du Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle vous permettront d'en découvrir les principaux éléments (voir plan). Ils s'ajoutent au Jardin botanique et à la Maison de l'Aubrac pour comprendre ce territoire."
Des chapiteaux ont été montés pour la circonstance, et même s'il y a peu d'affluence en cette fin de journée, tout est prêt. Cela nous convient à merveille, ceux qui suivent le blog ont certainement compris que nous ne sommes pas particulièrement fans de bains de foule. 😉
De toutes façons, le grand boom est prévu pour demain...
Et voilà la bête !
Nous croisons Doudoune, née à Danton sur la commune de La Terrisse durant l'hiver 2005. La pancarte ne précise pas si Doudoune est la vache ou la velle.
Un peu excentriques, mais ô combien brillantes toutes deux au soleil couchant.
Quelle idée d'avoir pris un chemin de traverse pour rejoindre le cc sur la rive du lac !
Nous n'avons pas échappé à un passage très boueux, car traversé de par en par par un ruisseau, nous en serons quittes pour brosser chaussures et pantalons une fois secs.
Quel beau ballet de nuages que nous offre le ciel pour clore cette journée !
Même à presque 4 km du village, nous recevons en toute fin de journée, la visite de deux messieurs bien sympathiques venus récupérer le "droit de passage" (6 € par personne et 10 € par véhicule), en échange de notre écot, ils nous apposent un joli autocollant sur le rétroviseur et nous offrent un joli bracelet en film plastique à chacun.
Au matin, sur les conseils de nos deux visiteurs de la veille et après une nuit fort calme, nous bougeons le cc pour aller nous poser sur un parking ouvert sur la route de Laguiole, un autre pré en fait mais bien plus près de la fête.
J'ai bien aimé la symbolique de ce monument austère planté face au plateau.
Je vous retranscris (pour ceux que ça intéresse) ce petit panneau :
"La croix de Regimbal
Ce monument inauguré le 23 juin 2004, a été édifié à l'initiative de M. Germain SALTEL, avec le soutien des deux associations qu'il préside : "Terre d'Aubrac" et "Aubrac Echanges".
Les monuments religieux, comme les cathédrales, transmettent un enseignement. Les tympans, les chapiteaux, les vitraux expriment des messages. Ce monument se situe dans cette lignée.
La croix en granit de 1.40 m de haut surmonte un soubassement construit en granit et basalte, les deux principales pierres de l'Aubrac. Orientée vers Jérusalem, comme le monument, elle se détache avec sobriété sur un fond de verdure, face à l'immensité de l'Aubrac.
Deux pierres taillées en forme de flèche précisent du reste la direction de Jérusalem. Elles sont situées sur les côtés, sous les bancs.
Cette croix est scellée sur un chapiteau qui a appartenu à une chapelle. Une coquille a été sculptée dans la pierre, signifiant que la croix se situe sur le chemin de St. Jacques. Les nervures de la coquille évoquent, d'après certains, les doigts de la main, celle qui donne et qui reçoit.
Au dessous de la croix, sous l'assise terminale du monument, une petite série de pierres noires pointues indiquent la direction du chemin de St. Jacques.
Deux niches abritent deux statues. Elles représentent St. Jacques et St. Jean. La présence de St. Jacques accentue le symbolisme de la coquille. Celle de St. Jean fait référence à la longue tradition des buronniers qui avaient l'habitude de faire la fête sur l'Aubrac le 23 juin, veille de la nativité de St. Jean-Baptiste.
Entre les deux niches, sous la croix en granit, a été fixée une croix en fer forgé, la croix de St. Jacques. Cette croix présente la particularité d'évoquer la lame d'une épée, parce que St. Jacques a été décapité. Cette croix est accompagnée d'étoiles en fer, le nom de Compostelle signifiant champ d'étoiles.
De part et d'autre de la croix de St. Jacques, un galet en basalte du Bès a été scié par le milieu de façon à constituer les deux petits supports destinés à recevoir notamment des bouquets.
L'eau qui coule dans le bac en granit désaltérera pèlerins et marcheurs, qui pourront se reposer en s'asseyant sur les deux bancs en pierre de granit, situés de part et d'autre du bac. L'immensité et la splendeur du paysage qui s'offre à leurs yeux les inviteront à la réflexion et peut-être à la prière.
Sous chaque banc de pierre est sculpté un cœur. Ils symbolisent les qualités qui émanent du cœur : l'amour, l'amitié, la bonté, la générosité, la fraternité... Au dessous de chaque cœur a été scellée une pierre blanche pour préciser que ces cœurs nourrissent uniquement des sentiments purs.
Pour les pèlerins qui se rendent à Compostelle avec une monture, quatre anneaux ont été prévus pour attacher ânes et chevaux : deux à l'arrière et deux sur les côtés.
A proximité de ce monument ont été plantés des arbres pour représenter les principales régions traversées par le chemin de St. Jacques depuis l'Alsace jusqu'à Conques : ERABLE (Alsace) FRENE (Lyon) CEDRE (Le Puy) SORBIER (La Margeride) BOULEAU (Vallée du Bès) HETRE et ALISIER (Aubrac) TILLEUL (Vallée du Lot) SAPIN (Conques).
L'Aubrac est une terre de tradition où les moines ont ancré le sens religieux et initié un développement économique orienté vers l'élevage.
G.S."
Wouah ! Quelle différence entre hier soir et aujourd'hui !
Vu ma grande taille, je ne suis pas prête de voir grand chose de ce qui se passe sur la place. Heureusement, les troupeaux sont censés y stationner à tour de rôle et peut-être que d'ici ce soir...pourrais-je tenter une percée, qui sait ?
Pendant que mon mari prend le relais pour photographier l'agitation de la place, je focalise mon attention sur les panneaux :
Allez, je vous aide :
"...UN TOURISME DE CURE
En 1895, la thèse du docteur Saunal Asepsie pulmonaire et aérothérapie met à la mode les séjours en altitude pour soigner les maladies pulmonaires et respiratoires.
Les hôtels d'Aubrac en profitent.
En 1902, le premier sanatorium français d'altitude est construit sur une hauteur dominant Aubrac. Un modèle de confort et de modernisme, très en avance sur son époque. Dix ans plus tard, il devient l'Hôtel Royal*, succursale de l'Astoria Hôtel et de l'International de Vichy. Rapidement les cures de petit lait sont associées à celles de grand air. Ce résidu de la préparation du fromage, abondamment produit dans les burons environnants, a un effet laxatif incontestable. Santé, amaigrissement ? Les effets obtenus sont incertains. Toujours est-il que les touristes de la première moitié du XXe siècle se rendaient en nombre dans les burons pour y boire le petit lait. On les appelait ironiquement les gaspejaires (gaspa signifiant petit lait en occitan).
* Aujourd'hui appelé Royal Aubrac."
Pour une lecture plus facile :
"UN TOURISME DE PARISIENS...
Deux phénomènes sont à l'origine des grands hôtels d'Aubrac : les cures de santé et le retour, en vacances, des Aveyronnais de Paris.
Au XIXe siècle, l'Aveyron souffre de sa démographie. Le travail de la terre et les migrations saisonnières ne sont plus suffisants pour faire vivre les familles. Les Nord-Aveyronnais émigrent massivement, surtout sur Paris. D'abord porteurs d'eau, puis livreurs de charbon, ils tiennent ensuite un petit "café-charbon" et enfin un café-brasserie ou un tabac.
La réussite sociale et financière des "bougnats" est bien souvent au rendez-vous. "Le retour au pays" a fourni un apport important à l'économie locale et, en particulier au tourisme. A Aubrac même, six grands hôtels ont ainsi été construits peu avant 1900, accompagnant l'expansion du sanatorium, pour accueillir les premiers touristes qui venaient en cure. Parmi les centaines de vacanciers, les plus grands cafetiers de Paris s'y retrouvaient pour profiter du bon air de l'Aubrac."
Vers l'église, la foule est bien moins dense...
Une retranscription s'impose :
"L'EGLISE NOTRE-DAME DES PAUVRES
On retrouve, dans ce bâtiment, des traces importantes de ce que fut l'ancien hospice d'accueil (1198), transformé en église entre 1332 et 1356. Au fond de la nef, une fontaine devait servir au symbolique lavage des pieds des pèlerins. L'architecture romane, très dépouillée, est en totale harmonie avec la sobriété des lieux.
Elle comporte une voûte en berceau brisé aux pierres taillées, parfaitement jointées, soutenue par des arcs simples, faiblement ogivés ; pas de transept, un choeur fermé par un mur au lieu d'être prolongé par une abside.
C'est le seul ouvrage hospitalier du XIIe siècle qui nous soit parvenu dans un tel état de conservation. Le clocher, rajouté au XVe siècle, comporte la trace d'une ogive de raccordement de l'ancien cloître à deux étages. Il abrite la célèbre "cloche des perdus" [campana dels perduts] et une curiosité : le logement du sonneur avec un four à pain intérieur.
LA CLOCHE DES PERDUS
"Deo jubila, Clero canta, Demones fuge, Errantes revoca, Maria" ("Crie de joie pour Dieu, Chante pour le clerc, Chasse les démons, Rappelle les égarés, Marie").
L'inscription moulée sur cette cloche, dite des perdus, fait bien sûr référence aux égarés spirituels. Il n'est pas à exclure qu'elle ait aussi été sonnée pour guider les personnes perdues dans le mauvais temps.
C'est le seul ouvrage hospitalier du XIIe siècle qui nous soit parvenu dans un tel état de conservation, celui de Roncevaux, conçu sur le même modèle, ayant vu sa voûte s'effondrer sous le poids de la neige. On doit cette solidité à l'utilisation d'un tuf volcanique léger pour cette partie de l'ouvrage."
Le Jardin Botanique est gratuit semble-t-il aujourd'hui, je vais y faire un tour mais le temps de ce début de printemps n'a pas été très favorable aux plantes et elles affichent un certain retard de croissance.
Outre ces espèces, tant d'autres sont protégées mais seuls les panneaux indiquent leur présence pour l'instant.
Ainsi, ne cueillez pas : Sur le territoire national : la Ligulaire de Sibérie (Ligularia sibirica) ; en Aveyron : la Grassette commune (Pinguicula vulgaris), l'Orpin velu (Sedum villosum) ; en Auvergne : la Grassette à grandes fleurs (Pinguicula grandiflora) ; en Midi-Pyrénées et en Auvergne : la Canneberge à petits fruits (Vaccinium microcarpum).
Qui dit transhumance, dit tradition et qui est mieux placé pour honorer cette fête qu'un groupe folklorique. Et celui-ci a la relève assurée !
Un troupeau arrive au village au son des clarines :
Le ciel prend un aspect peu engageant, d'ensoleillé il devient soudainement gris, aussi nous décidons de nous rapprocher du chapiteau. Il est vrai que notre météo nationale a prévu orages et averses de grêle.
Les artisans rivalisent de talent et de sourires pour nous présenter les spécialités, toutes plus alléchantes les unes que les autres.
Des forces de l'ordre d'époque ! |
Ce ne sont pas les pèlerins mais les visiteurs qui empruntent aujourd'hui les nombreux chemins du plateau pour rejoindre le village.
Quant à Guess, il profite d'un arrêt près de la croix de Regimbal pour faire un petit somme. Nous, nous attendons le prochain troupeau avant de rejoindre le cc. Il devrait bientôt quitter la place.
Et le voici...
...et par chance, il emprunte la route de notre parking. Ne reste plus qu'à lui enjoindre le pas.
Que de circulation !
Entre les navettes, les bétaillères, les voitures et tout ce monde, il reste peu de place. Mais au final, les vaches préfèrent l'herbe des bas-côtés.
Les prés ont pour l'occasion été transformés en parking d'un jour.
Retour sous la pluie (notre parking est à 800 m du centre), alors qu'un troupeau quitte la place du village.
Les troupeaux alternent sur la place mais l'estrade n'est jamais vide.
Dernier troupeau de la journée avec la Reine de la Fête : Haute, l'égérie du Salon International de l'Agriculture en 2018.
Pas très encline à venir de notre côté, nous ne la verrons que très brièvement.
Bien que très fatigué par tout ce brouhaha, ce rythme qui ne lui est pas coutumier (Monsieur est un grand adepte du divan), Guess n'en perd cependant pas une miette !
Les petits veaux prennent même le temps de têter, le lait au bord des lèvres.
Trop fatigués pour rejoindre le parking, nous prenons la navette qui nous attend en contrebas du "Royal Aubrac" et ce n'est pas Guess qui va nous contredire.
Malgré quelques gouttes, une courte mais forte averse, le ciel s'est bien tenu dans l'ensemble.
Nous voulions voir des vaches, nous avons été servis. Nous en avons vu !
Et nous quittons Aubrac sous le ciel qui se lâche enfin, histoire de déverser son trop plein d'humidité sur le plateau en train de se vider de toute cette foule.
Merci aux membres du forum DCS pour le kit de scrapbooking utilisé "100% globe-trotter" et plus précisément :
Merliop, Alinamaria, Flolinette et Sabyne.
Merci aux membres du forum DCS pour le kit de scrapbooking utilisé "100% globe-trotter" et plus précisément :
Merliop, Alinamaria, Flolinette et Sabyne.
un beau reportage, j'adore.
RépondreSupprimermerci beaucoup pour cette belle journée
bises à bientôt
SUPERBE, j'ai A-DO-RÉ !!!!!!!!!!!!!
RépondreSupprimerMerci pour ce beau reportage, comme si j'y étais, génial !
ça doit vraiment valoir le coup d'oeil de vivre ça une fois ;-)
J'ai trouvé Doudoune réussie.
Guess en a bien profité aussi malgré j'imagine, le bruit et l'agitation !
Bref, un vrai plaisir pour moi avec ces belles images réussies de belles bêtes !!
Cath
Joli reportage qui donne envie d'y aller malgré la foule....
RépondreSupprimerBelles photos, beaux scraps, belle fresque dans l'église, beaux vitraux, l'oeil du photographe a encore su capturer de beaux moments et les embellir pour mon plus grand plaisir. Merci.
RépondreSupprimerEve