jeudi 7 novembre 2019

Aveyron : Decazeville (août 2019) 6ème partie


Le charbon, "La Découverte" c'est fini !


* Le point rouge concerne cet article.

Le début de la balade - cf. ICI



Aveyron



Capture d'écran "Via Michelin" et localisation de notre parking et de l'aire de services


Nous nous garons sur un très grand parking gratuit près de "La Découverte" (l'ancienne mine à ciel ouvert), pas très éloigné du centre-ville. Il suffit de traverser la route pour aller au supermarché.
L'aire de services se trouve juste avant l'entrée du parking, une borne payante permet de faire l'eau.
Coordonnées GPS de l'aire : N 44°33'15.5630''  -  E 2°15'29.5430''






Après passage à l'Office du Tourisme, nous avons quelques "munitions" pour visiter la ville et aussi l'embarras du choix. Nous décidons de faire un melting-pot entre le "Parcours du Patrimoine" et celui du "Festival Street Art", en négligeant cependant tout ce qui est trop excentré avec en point d'orgue pour cet après-midi, la visite du Musée du Patrimoine Industriel et Minier.  Ce programme nous paraît alléchant en espérant qu'il remplisse ses promesses...

Documentation fournie à l'Office du Tourisme

Dès la sortie du parking, nous pouvons admirer l'oeuvre d'ARDIF.
Ainsi décrit sur notre dépliant :
"Ardif donne vie à des créations, mi-animales, mi-mécaniques au travers de tracés à la précision déconcertante. De ces rouages, il dit lui-même faire ensuite "de la dentelle", soulignant les mécanismes de ces sujets grâce à la texture des murs. Son travail retient l'attention par les interrogations qu'il laisse en suspens, montrant l'équilibre précaire existant entre l'Homme et la Nature."



Nous passons devant l'Hôtel de Ville coiffé d'un beau clocheton. Terminé en 1892, les travaux ont été stoppés pendant trois ans suite à un accident mortel.



Cette balade surtout axée sur l'art mural, nous fait délaisser (pour une fois) les statues. Celle du Duc Decazes  par exemple (ancien ministre de la Police de l'Intérieur, président du Conseil, pair de France, ambassadeur et surtout créateur de la "Compagnie des houillères et fonderies de l'Aveyron") et celle de Jules Cayrade (médecin, maire de Decazeville puis député de l'Aveyron).

Nous descendons la rue bordée de bâtisses de styles très différents en direction de l'église  ...


...Guess y trouve même un beau félin qui ne semble pas apprécier la rencontre. Fort heureusement, la vitrine les sépare !






Dommage, le ciel jusque-là bien gris commence à nous faire signe et se déleste de quelques gouttes alors que nous arrivons sur le parvis de l'église Notre-Dame.
C'est Mgr Crozier, alors évêque de Rodez qui en a posé la première pierre en 1847.



Retranscription du texte sous forme de PDF - cf. ICI








L'église est de belles proportions, mais outre quelques très beaux vitraux, c'est surtout le Chemin de croix de Gustave Moreau et l'orgue de Cavaillé-Coll qui la distinguent.

Pour le Chemin de croix, le dépliant précise :
"Les 14 tableaux du chemin de croix de l'église Notre-Dame ont été composés en 1863 par le grand peintre français Gustave MOREAU. Il s'agit du seul chemin de croix symboliste qui existe au monde. Il fut classé Monument Historique en 1965. Dans cette oeuvre artistique unique, les compositions savamment équilibrées, le raffinement des couleurs, les décors rocheux et les profils gracieux des personnages se côtoient dans une lisse et belle facture."




Cela mériterait un cours sur le symbolisme...
Eh bien, j'avoue avoir été plus intéressée par les stalles reléguées sous le chemin de croix que par le chemin de croix lui-même.








Au fond de la nef, se trouve l'orgue d'Aristide Cavaillé-Coll, très grand facteur d'orgue du XIXème siècle. Inauguré en 1874, l'orgue a été classé au titre des Monuments Historiques en 1994.



En face de l'église, le monument aux morts sort un peu des sentiers battus. Construit sur une plate forme à laquelle on accède de part et d'autre par quelques marches il s'orne d'une lampe de mineur sur sa face avant alors que les côtés portent des bas-reliefs traitant entre autre de la guerre et de la paix. Ce sont des oeuvres d'André Galtier (Grand Prix de Rome). Mais il se met à pleuvoir un peu plus fort...et je ne m'attarde pas plus que de raison.

Aveyron



Un peu plus loin, alors que la pluie va et revient, nous trouvons deux fresques sur le thème de la mine sur le parking en contrebas de la médiathèque :



La médiathèque, si l'on se fie au plan.



J'ai encore recours au dépliant "Festival Street Art" :
"ILJIN
Son style est reconnaissable à sa palette de couleurs bleuâtres et à ses élégantes figures féminines, une combinaison entre l'abstrait et le portrait avec une touche de mélancolie... Son art reste le reflet de ses racines polonaises. Iljin prépare en amont des pochoirs qui viendront donner vie à ses oeuvres sur les murs.


Aveyron


Et une fois de plus :

"KINMX
Elle utilise une gamme variée de techniques et de supports : peintures aérosols, collages de journaux, marqueurs, pochoirs, etc. Elle est influencée par ses racines mexicaines et aborde les problèmes sociaux tels que la pollution, la discrimination, l'injustice, etc. Ses portraits de femmes, dynamiques et inspirants, sont visibles dans les galeries et les festivals du monde entier.



Là, l'artiste a investi les deux façades latérales de cet immeuble. Et comme l'on voit une oeuvre différemment avec quelques explications, voici ce qu'en dit le dépliant :
"ASTRO
Son travail initial sur le lettrage se transforme en calligraphie ornementale et son goût pour le monumental l'emmène vers des trompe-l’œil abyssaux ! Grâce au tracé spontané et impulsif qui le caractérise, Astro joue avec les perspectives et les lignes de fuite et trompe l’œil du spectateur en déformant la planéité des façades, créant ainsi des illusions d'optique impressionnantes !




L'Hôtel de France a perdu un peu de sa majesté mais reste un beau bâtiment.

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La statue de François Cabrol avec son texte peu lisible.

Un autre bel hôtel

Vous aimez les p'tits oiseaux ? Moi oui !
"BISHOP PARIGO
Spécialisé dans l'univers contemporain urbain, il évolue dans un monde coloré où le sourire y est roi et l'insouciance le maître. Il a fait de ses petits oiseaux sa marque de fabrique, incitant ses admirateurs à redécouvrir leur âme d'enfant.




En bout de rue, deux autres fresques.



Celle de Monkey Bird tout d'abord.

"MONKEY BIRD
S'inspirant à la fois des traités de géométrie, de mécanique et d'astronomie, ce duo de street-artistes sont reconnus pour la précision de leur trait et de la découpe, entièrement réalisée à la main. Ils ont l'obsession de réintroduire, sur les murs des villes, une présence animale qui renvoient à nos propres préoccupations humaines : entre désir de liberté et d'élévation (l'Oiseau) et obsessions matérielles (le Singe)." 


Et celle de MTO, je suppose, du moins si je m'en tiens au plan fourni.

"MTO 
Si la couleur apparaît progressivement dans son process manuel de reproduction photographique, le noir et blanc reste la base de son expression artistique. L'autre principale caractéristique de son style est l'hyper-réalisme de ses créations. Une oeuvre de MTO peut parfois nous faire croire au collage d'une photo géante tant la qualité des détails, des contrastes et des traits est précise et expressive."

Aveyron


La façade arrière de l'Hôtel de Ville

Et la dernière fresque de ce parcours en ce qui nous concerne, les autres sont plus excentrées et plus éparpillées et nous pas très vaillants aujourd'hui, d'autant plus que le temps plus qu'incertain n'incite pas à la balade...

"COLLAB STOUL & DOUDOU'STYLE
Alors que Stoul évolue au travers d'une géométrie semi-abstraite très personnelle mêlant lignes horizontales, verticales et diagonales, Doudou'Style est influencée par la BD et les mangas. Cette dernière propose un large choix de créations  : portraits, décorations d'ambiance, trompe l'oeil, installations, etc...qui souvent mettent en scène son animal favori : le panda.





Mais pour faire bonne mesure, voici les autres participants à ce festival : 
Kouka, Al, Jo Di Bona, Sifat, Seb Toussaint, Alber, Vinie, Lady M, Stéphane Opera, Jokolor, Romain Froquet et Hopare.

Sur ce, retour au cc pour déjeuner avant de découvrir au bout du parking "La Découverte" et son chevalement de mine.


Aveyron

Au loin, se détache une autre fresque, reste d'un autre Festival Street-Art ?


Aveyron



Un p'tit coup de zoom ?




Encore ?





Un peu de zoom encore ?




Une autre fresque :




Nous nous sommes mis dans l'ambiance au site de "La Découverte" et  aussi grâce aux panneaux explicatifs installés sous le chevalement de mine, nous sommes fin prêts à découvrir le Musée du Patrimoine industriel et minier.

Aveyron

Nous sommes accueillis par une fresque murale qui n'a rien à voir avec le Festival Street-Art.



Hou, que c'est petit !
Je vous aide : 

"Sandra Lorenzi questionne autant notre relation à l'histoire et à la mémoire, qu'à la nature et à l'environnement. A travers l'art, elle veut redonner des repères à un monde contemporain fracturé et désorienté. Dans son oeuvre réparatrice, elle réinvente littéralement les outils et les concepts de cette reconstruction en s'inspirant de l'énergétique du souffle vital de la forge, de la mine et du minerai. A l'image de la materia prima du forgeron ou de l'alchimiste dont elle revisite les cultures, les symboliques et les recettes, tout en reliant les mondes souterrains à la surface et aux dimensions célestes. Sous le titre Des profondeurs, elle propose une oeuvre en plusieurs tableaux reliant l'extérieur à l'intérieur du Musée du Patrimoine Industriel et Minier dans une sorte de parcours initiatique.
Talisman  #1 est la première peinture monumentale de Sandra Lorenzi à l'extérieur. Il s'agit d'une fresque talismanique, c'est à dire active en permanence comme un outil au travail. Ici, le talisman a un double usage de soin et de protection. Cela se noue dans le parcours du regard à l'intérieur de la trame du dessin. L'artiste lui a attribué une valeur de soin avec une charge Yang, dotée d'une douceur guerrière et résiliente. Par sa dynamique propre et sa géométrie, le dessin suggère la remontée des âmes (les petits cercles) emprisonnées dans la terre jusqu'à une étoile qui est le sceau de Salomon. L'idée est d'activer cette remontée en une élévation rayonnante et vibrante. Sur le talisman est écrit : "XXIe siècle du charbon". Maxime que l'on peut interpréter de différentes manières. L'artiste précise : "Charbon pouvant être compris ici aux deux sens du terme, le minerai et le travail. L'enjeu pour moi, c'est le travail en pleine conscience du charbon...Et il y a du boulot !"

😕 Heu..................😟 

En l’occurrence, c'est moi qui ai du boulot !
Immense moment de solitude !
Suis-je normale ? Inculte ? Trop terre à terre ? Devant une telle prose, j'ai comme l'impression de n'avoir pas coché toutes les cases...
Sans vouloir en insulter l'auteur, je n'ai absolument rien compris à ce texte qui pour moi n'est que charabia. Mais la peinture est plaisante à regarder. 😉

Le musée est l'oeuvre de l'Association de Sauvegarde du Patrimoine Industriel du Bassin Decazeville Aubin (ASPIBD) créée en 1997, 10 ans après l'arrêt de l'activité sidéro-métallurgique de la région. Il est d'ailleurs installé dans une ancienne usine et présente sur 600 m² matériels, photographies et plans...patiemment recueillis par les membres de l'association au fil des années.


Le tarif d'entrée du musée est au bon vouloir de chacun. Nous rattrapons la visite guidée qui a commencé il y a peu. 


Le vestiaire du mineur : ce panier dans lequel il déposait ses affaires pour enfiler sa tenue de travail qu'il y avait laissé la veille. Le panier était remonté au plafond.


Pompes destinées à évacuer les eaux d'infiltrations.

Skip d'évacuation de déblais

Je vous aide ?
"Skip d'évacuation de déblais
 Le skip était constitué de 2 grandes bennes à 4 roues circulant sur des rails inclinés, et manoeuvrées par un treuil. Tandis que l'une montait remplie de stériles de mine ou d'usine, l'autre descendait à vide. Au sommet du terril la benne pleine se vidait automatiquement."





Quelques moules où l'on coulait le métal liquide pour en faire divers objets : 


Ce que j'ai bien moins aimé, c'est la découverte du travail des chevaux à la mine. On les descendait ficelés comme des saucissons pour les faire tirer les bennes, ils vivaient en moyenne six mois  dans les profondeurs de la mine et n'en sortaient généralement que pour prendre le chemin de l'abattoir.  
Notre guide nous affirme qu'ils y étaient bien traités tout le temps où ils étaient au fond, du moins aussi bien qu'ils pouvaient l'être au vu des conditions. 
Et quand bien même ils y étaient bien nourris, bien parés...je doute qu'ils y étaient bien. 


Le maréchal-ferrant œuvrait lui-aussi au fond de la mine.


"Canon de 1870 - Obus fabriqués par la Société Commentry-Fourchambault Decazeville durant la 1ère et la 2e guerre mondiale pour l'artillerie lourde pour les canons "Filloux" de calibre 200 mm."

Les lampes, incontournables pour y voir dans la mine, étaient plus ou moins travaillées selon le statut hiérarchique des ouvriers. Certaines s'ornaient de coqs en laiton ou en bronze. Elles étaient le plus souvent à 8 pans, mais les ingénieurs pouvaient en avoir à 16 pans.
Les premières lampes avaient la flamme non protégée, en contact direct avec l'extérieur ce qui était un facteur très dangereux dans les mines à fort risque de grisou.
Elles ont évolué au cours des années améliorant sécurité et luminosité grâce à l'ingéniosité des ingénieurs.
Et aux premières lampes à flamme nue  de type "Rave" ou "Crézieu" du XIXème siècle ont succédé des lampes à flamme protégée de type "Davy", "Marsaut", "Wolf", "Clanny" et "Mueseler".
Toutes ces lampes plus sécures permettaient à un œil exercé de déterminer le pourcentage de grisou dans la galerie selon la couleur et la hauteur de la flamme.




Bien avant l'ascenseur, ce tonneau métallique a servi à descendre et remonter des mineurs et du matériel dans les puits de mine.


Ce n'était pas tout de creuser, il fallait ensuite évacuer le minerai. Cela se faisait via des couloirs transporteurs équipés de chaînes.

Couloir transporteur équipé d'une chaîne de type "Caïman"


Les femmes ne descendaient pas dans la mine mais cela ne les empêchaient pas d'y travailler à l'extérieur.



Une benne en bois

Quelques Unes de journaux retraçant les émeutes, les revendications, et par là même la vie et le déclin de la mine.


Bloc de houille de "La Découverte"


La visite se termine devant cet énorme camion Euclide n°5 de 1947 devant lequel nous ne pesons pas bien lourd. 
Victime d'une chute lors d'un déchargement, il a été récupéré par l'association en assez mauvais état et a fait l'objet d'une grosse réparation.


En sortant du musée, nous jetons suivant le conseil de notre guide un regard vers le sommet de la colline où trône encore un terril.



Nous avons énormément apprécié cette visite, grâce aux explications intéressantes de notre guide qui maîtrisait parfaitement son sujet. Un grand merci aux membres de cette association, tous bénévoles qui consacrent tant de temps et d'énergie à faire connaître l'histoire de ce bassin minier et des hommes et femmes qui y ont si rudement travaillé et vécu.

Le site du musée - cf. ICI
Attention, le musée n'est pas ouvert toute l'année.

Nous avons fait l'impasse sur la chapelle Saint Roch (à 2 km), le mausolée de François Cabrol, le buste de Paul Ramadier et les soufflantes Corliss.

Nous poursuivons vers Cransac qui est à moins d'une dizaine de kilomètres, espérant encore à cette heure y trouver une place sur l'aire cc. cf. ICI

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2 commentaires:

  1. Coucou,

    Dans les stalles ce qui m'intéresse avant tout ce sont les miséricordes et ici elles en sont bien pourvues.

    J'ai un petit problème de mémoire quand à la mine de Decazeville. Ce n'est pas exactement ce qui me reste comme souvenir; je ne suis pas sûre que nous avions visité la découverte; il me semblait que le trou était bien plus occupé par des tyrolienne et des jeux d'eau. Il va falloir que je mène mon enquête.
    Excellente journée et gros bisous

    Lavandine

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  2. Et bien je me suis laissée emportée de bout en bout dans ce reportage, MERCI !
    J'ai beaucoup aimé le début avec la ville et ses fresques superbes, pour tous les goûts, j'en ai vu de sublimes ! De la finesse, de la couleur ;-)
    Ahhhhh tu mets de la mauvaise volonté Brigitte LOL les âmes remontent vers l'étoile MDR, c'est visible hihihi, trêve de plaisanterie, l'esprit d'artiste est souvent bien compliqué à décrypter, preuve en est ici ;-)

    ENsuite j'ai suivi vos pas dans les explications minières et ohhhhhhh déjà voir l'ambulance occupée ça fait drôle mais alors je suis un peu choquée par une chose apprise là, celle des chevaux, j'en suis toute retournée bouhhhhhhhhhhhhhh
    Ceci mis à part, les explications de la mine sont fort intéressantes, merci ;-)

    J'ai bien aimé cet article, comme d'hab, si je puis dire ;-)
    Cath

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