mercredi 25 juillet 2018

Pyrénées-Orientales : Villefranche-de-Conflent (juillet 2018) 6ème partie


Un remarquable ensemble fortifié :

"Plus beau village de France"
Inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO


L'intégralité de notre parcours (liens actifs) :







Il est presque 20 heures lorsque nous arrivons à Villefranche-de-Conflent et nous rejoignons le parking situé rue Saint-Jean. Il est payant en journée et gratuit de 19 h à 9 h. Il y a bien celui de la gare, mais un peu éloigné pour visiter la ville à la lumière des réverbères.
Coordonnées GPS : N 42°35'10.3236''  E 2°21'52.668'' (Données Park4Night)


Capture d'écran (Via Michelin) et localisation de notre parking.

Nous sommes tout près de la porte d'Espagne.




Une première balade dans les rues où seuls nos pas résonnent.

Pyrénées-Orientales
Porte d'Espagne

Pyrénées-Orientales







Pyrénées-Orientales
Porte de France



Nous nous réveillons sous un soleil radieux mais nous n'avons pas si bien dormi que ça. Trop de passage, si c'était à refaire, nous essayerions le parking de la gare. Là, nous avons l'avantage d'être aux premières loges pour faire un tour aux premières heures du jour alors que le village est encore endormi.



Même si le pont-levis n'est plus là, les mécanismes existent toujours.

Pyrénées-Orientales


Tour d'En Solanell

Pyrénées-Orientales




Le fort Libéria vu de la placette

Au programme du jour : La visite des remparts et du fort Libéria mais pour le fort, nous avons encore le temps, il n'ouvre qu'à 9 h.
En attendant, nous savourons ce moment où l'on profite encore de la fraîcheur de la nuit alors que le village s'éveille doucement.

Les enseignes pullulent le long des deux rues principales et rythment la balade.











Pyrénées-Orientales










Non, non, non, elle n'est pas encore ouverte, mais l'avantage des photos c'est que l'on peut chambouler le programme et tant qu'à y être, je vous la présente : l'église Saint-Jacques.


Là, une retranscription s'impose :


"L'église Saint-Jacques est l'église paroissiale de la ville fondée par le comte Guillaume Raymond, en 1092 ; c'est l'évêque d'Elne, Artal, qui donne l'autorisation de la construction.
Cette église primitive, de la fin du XIe siècle était constituée de la petite nef à laquelle on accède par les deux portails de la façade ; la voûte d'origine était en berceau et soutenue par un arc doubleau.
Au XIe siècle, devenue trop petite, l'église est doublée, du côté du midi, par une nouvelle nef, plus large, mais de même longueur, contre le rempart de la cité ; le portail de cette 2ème nef se trouve sur la façade occidentale, sous la fenêtre actuelle.
Au XIIIe siècle, les deux églises sont prolongées vers la ruelle de la poterne, à l'est, et leur voûte est surélevée. Vraisemblablement, le clocher crénelé date de ce siècle. Des chapelles latérales sont ouvertes dans le mur méridional de la grande nef ; la fenêtre occidentale semble être un aménagement du XIVème siècle.
A l'intérieur comme à l'extérieur, c'est le marbre rose (ou la griotte) qui est utilisé comme matériau de construction ; des croix et des angles, gravés dans la pierre, sont les marques des tâcherons qui ont oeuvré pour les réalisations successives.
L'église comporte deux portails
Le portail aux deux colonnes (milieu du XIIème) était l'ouverture essentielle à l'origine ; tout autour, des marbres,  inscrits ou armoriés, servaient de fermeture à des cavités murales où on déposait une partie des ossements des défunts, pour la plupart des personnages importants du Conflent.
Le portail aux quatre colonnes a des chapiteaux comparables à ceux du cloître de Saint Michel de Cuxa et appartiennent certainement au même atelier. Sur les deux chapiteaux extérieurs, deux têtes de lion avec des expressions opposées (l'enfer ? le sauvetage des pêcheurs par l'Eglise ?)
Sur le mur entre les deux portails, les mesures officielles de la viguerie du conflent = la canne de Montpellier (1.987 m), l'aune de Cassel, en Flandres (1.61 m) et la double aune de Copenhague (1.25 m) ; la présence de ces mesure s'explique par l'importance qu'avait le marché de Villefranche de Conflent, au Moyen Âge."










Même si la lecture est un peu fastidieuse, elle n'en reste pas moins intéressante : 


"CHAPELLE DES FONTS BAPTISMAUX - Cette chapelle a dû être ouverte dans la muraille du XVIIIème siècle pour y placer la nouvelle cuve baptismale en marbre rose. A cette occasion, on recula cette muraille sur l'alignement extérieur des deux portes.
En Catalogne, le baptême s'administra par immersion jusqu'à la fin du XIVème siècle. C'est ce qui explique les grandes dimensions de nos cuves romanes d'une part, et par tradition, des cuves postérieures d'autre part. On connaît une constitution de l'Archevêque de Tarragone, de 1391, proscrivant le baptême des enfants par immersion (ne submergantur) à cause des ennuis, dit-elle, qui surviennent assez souvent, et ordonnant de les baigner seulement (tantummodo balneari). On en est arrivé maintenant à baptiser simplement "par infusion" selon l'expression canonique.
Ressuscité. Bois, XVIIème siècle. Le Ressuscité est toujours représenté muni d'une croix-étendard, l'étendard de la victoire sur la mort, et il y a là, c'est certain, le décalque du verset de l'hymne de Pâques : "Victor, subactis inferis, Trophaea Christus explicat" c'est à dire : Refoulant la mort, le Christ victorieux déploie l'étendard de son triomphe.
Grille en fer forgé d'inspiration romane, oeuvre de Bernard Delpech, 1978. 
On remarquera sur le pilier de droite, un trou percé dans une pierre d'angle, servant à retenir la corde d'un lustre, la même astuce se retrouve dans l'église voisine de Corneilla.
Bénitier en marbre, 1618. (contre ce même pilier). Dans la vasque nagent deux poissons.
Vierge assise. Bois. XVème siècle. (sur le pilier qui fait face à cette chapelle.
Sur le tambour de la porte voisine, actuellement consignée, on a placé la grande statue de Notre Dame des Anges (bois doré, XVIIème siècle, qui devait garnir la niche centrale d'un retable et qui a pu échapper aux destructions de la Révolution.
Le vocable de Nostra Senyora dels Angels a déjà cours à Villefranche de Conflent en 1575. Il s'agit de Notre Dame de l'Assomption."

Chapelle des fonts baptismaux




"CHAPELLE DU CHRIST - Cette chapelle a conservé tel quel son autel primitif en marbre (XIIIème siècle).
CHRIST EN CROIX, bois, XIVème siècle, magnifique échantillon de crucifix gothique de chez nous.  
L'épanchement de sang qui sort de la poitrine du Christ du fait du coup de lance, pourrait, de par sa forme et ses caillots, évoquer une grappe de raisin, et conséquemment constituer une allusion à la messe.
CHRIST AUX OUTRAGES, bois, XVIIème siècle. Cette statue pourrait bien être le "mystère de bois peint représentant le couronnement d'épines", qui appartenait à la corporation des maçons, serruriers, cordiers, maréchaux, potiers, menuisiers, bâtiers, charpentiers et mineurs, et dont parle un acte du XVIIIème siècle.
Le mot misteri qui désigne en catalan ces sortes de statues ou scènes de procession serait une contraction de ministeri (métier).
SAINTE RITA, bois, oeuvre de Vanczak, 1980.
VIERGE DES DOULEURS, bois, XVIIIème siècle. 
Les deux panneaux du chemin de la croix portent l'un des trois dés qui auraient servi au tirage au sort de la tunique du Christ, et l'autre écriteau que Pilate fait apposer au sommet de la croix et que voilà réduit aux simples initiales latines : Jésus Nazarenus Rex Iudaeorum." 

Chapelle du Christ
Christ au tombeau - Bois de noyer. XIVème siècle. C'est le Christ Gisant le plus ancien de la région ; on remarquera notamment sa position des bras croisés, et ses cheveux "tortillés" de part et d'autre selon la coutume juive. Traditionnellement, le coup de lance se situe au côté droit, la symbolique chrétienne considérant ce côté-là comme supérieur au côté gauche. Saint Bonaventure (XIIIème siècle) en témoigne dans la leçon de l'ancien bréviaire, au 17 septembre. (cf. l'antienne pascale : Vidi aquam egredientem de templo a latere dextro, inspirée d'Ezéchiel : XLVII-1-2).



Encore ...

"CHAPELLE SAINT ANTOINE. Cette chapelle était originairement dédiée à Saint Michel, ainsi qu'en fait foi, sur le mur de gauche, l'inscription funéraire d'Arnaud de Bandoll (+ 1263).
Une restauration récente nous a permis de constater que notre Arnaud de Bandoll avait été emmuré debout, les dimensions de la cavité creusée dans la muraille étant bien celles d'un corps humain.
La chapelle est dédiée maintenant à Saint Antoine de Padoue. La toile, datée de 1631, est attribuée à Barthélémy Gonzalez, où le Saint est représenté avec l'enfant Jésus, évoque la scène qu'un vieux texte raconte ainsi : "Le Saint étant seul dans une chambre, l'hôte qui l'avait reçu en sa maison, y alla par occasion, y vit une grande clarté, et en même temps il aperçut un très bel enfant, et extrêmement agréable qui était dessus son livre, lequel se mettait après entre les bras de Saint Antoine qui l'embrassait et se consolait avec lui, sans pouvoir ôter ses yeux de dessus sa divine face".
Le Saint est environné d'anges musiciens à la Fra Angelico. Au bas de la toile, le peintre a présenté à l'arrière plan, les tours et les remparts d'une ville fortifiée à l'image de Villefranche, alors qu'au premier plan se déroulent des scènes de la vie champêtre : à gauche, coule une cascade, puis c'est un berger largement chapeauté qui mène son troupeau à la pâture au son de la cornemuse ; sur la droite, un marchand part à ses affaires, le bissac sur l'épaule, tandis que l'oiseau sur la branche chante le beau temps au-dessus de la Chapelle : un parterre de fleurs diverses encadre le tout.
Dans le livre ouvert que porte Saint Antoine, on lit la devise "Deus meus et omnia" que le Pape Pie XII interprète ainsi "Voir en Dieu tous et tout aimer en Lui et pour Lui tous et tout, être heureux de tous et de tout, en étant heureux de Dieu" Allocution du 01-07-1956.
Un spécialiste nous a permis de donner des noms aux instruments de musique dont s'accompagnent les anges : 
Guiterne - Orgue positif - Psaltérion - Harpe médiévale - Saquebute - Luth - Cornet à bouquin - Viole
Quant au globe tenu par l'Enfant Jésus, il y a une allusion au vers de l'hymne liturgique : Mundum pugillo continens (enfermant le monde dans sa main).
Il est plaisant de remarquer que les donateurs du retable, mari et femme sont représentés, tous en bas, sous forme de cariatides, à moins que ce ne soit le portrait collectif de tous les dévots et dévotes qui ont contribué à son financement.
* Tabernacle. XVIIème siècle. Le Christ ressuscité qui figure sur la porte évoque comme identique réalité le Christ eucharistique de l'intérieur.
* Sur le pilier de gauche, Saint Etienne, bois doré, XVème siècle. Il porte sur la tête les pierres de sa lapidation.
* Sur le pilier de droite : Armoiries de Raymond de Saint Sauveur, sculpture sur marbre, 1784. Une inscription, placée en dessous, dit en effet : "Ecusson de Raymond de Saint Sauveur, Intendant du Roussillon. Premier essai de l'Enfance de l'Artiste François Boher, natif de Villefranche. Sa veuve, Elisabeth Boher-Arnaud le recommande aux prières des habitants et fonde pour son repos un service annuel, 1825". Raymond de Saint Sauveur fut Intendant du Roussillon de 1778 à 1789."

Chapelle Saint Antoine

Détails de la chapelle Saint-Antoine


C'est pas top, je vous aide :
"MAÎTRE-AUTEL - Tout le mobilier de l'église, les stalles exceptées, fut livré aux flammes à la Révolution.
A la restauration du culte, on recueillit les quelques pièces qui avaient été sauvées par des fidèles prudents, et on retira de l'église des franciscains et des chapelles des environs qui avaient été respectées parce ... ... comme bien nationaux, les statues et retables qui pouvaient encore convenir à ... de l'église paroissiale.
Le retable actuel du maître-autel fut construit en 1823 par Paday, peintre et sculpteur, "en remplacement de celui ... pendant la Révolution."
SAINT PIERRE    SAINT JACQUES LE MAJEUR   SAINT  JEAN-BAPTISTE
Pour être son tombeau de Compostelle l'un des grands rendez-vous de dévotion du Moyen Âge, saint Jacques est devenu le patron des pèlerins : d'où son bourdon à la main avec la calebasse remplie d'eau pour la traversée des déserts ; la calebasse de notre saint Jacques est ici munie du galet pour boire à la régalade. Quant aux coquilles qui ornent sa pèlerine, il faut sans doute y voir les souvenirs pieux les plus habituels que les pèlerins de Compostelle recueillaient sur les bords de l'océan avant de repartir chez eux, pour les distribuer aux parents et amis.
Saint Jean-Baptiste, qui "était vêtu de poil de chameau", nous précise l’Évangile, a eu pour mission d'annoncer aux Juifs l'arrivée imminente du Messie, ce qu'il fit notamment par cette parole célèbre : "Voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde". Voilà pourquoi cet agneau symbolique accompagne toujours notre Saint dans ses représentations.
 Habituellement saint Jean-Baptiste désigne l'agneau de l'index de sa main droite ; ce geste est la transposition exacte dans l'art, des vers de l'hymne de matines du 24 juin :
Tu quidem mundi scelus auferéntem   Indice prodis (Toi, tu désignes de ton index celui qui enlève le péché du monde).
Saint Pierre, qui fut le premier chef de l'église, porte toujours à la main une paire de clés, symbole du pouvoir suprême que Notre-Seigneur lui avait promis en ces termes : "je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux".
Deux angelots potelés surmontent le retable de chaque côté : l'un porte une gerbe de blé, l'autre présente une grappe de raisin, objets évoquant le pain et le vin qui constituent la matière de la messe, selon la terminologie théologique.
* L'armoire murale voûtée en plein cintre que l'on aperçoit du côté de l'Evangile, devait sans doute garder l'argenterie. On y a placé la statue de Saint Pierre (bois, XIVème siècle) qui provient de la niche de la Porte Saint Pierre et qui est l'oeuvre d'un très grand maître.
* La fenêtre du chevet, que le retable obstrue malheureusement aux 3/4, est un chef-d'oeuvre d'architecture et de grâce : deux lancettes surmontées d'un oculus.
* Grille du sanctuaire ou table de communion, 1853.
* A la table de communion : CHANDELIERS en fer forgé (XIIIème et XIVème siècles).
* On lit la date de 1780 sur les degrés du sanctuaire, et de 1781 sur les degrés de l'autel. 
* A la voûte du sanctuaire on distingue une demi-douzaine de petits trous ronds qui ne sont que des orifices de pots encastrés verticalement dans la maçonnerie dès l'origine : nous pensons qu'ils servaient à recevoir le croisillon de suspension des lampes de dévotion si communes dans notre pays au Moyen Âge." 

Le maître-autel



Technique mais intéressant pour certains : 
"Historique
Ce retable  se trouvait jusqu'à la révolution dans la chapelle de l'ermitage de Notre-Dame-de-Vie, anciennement Saint-Pierre-de-la-Roca, situé au-dessus de Villefranche-de-Conflent. Il fut ensuite racheté par cette commune et placé dans son église.
Etat de conservation
L'attaque des insectes xylophages est très active et a déjà grandement fragilisé l'ensemble. La partie du soubassement avec la table d'autel n'existe plus et le retable a dû être un peu remanié lors de son remontage. De petits reliefs manquent également. La polychromie est très encrassée mais peu soulevée, avec relativement peu de lacunes. Un vernis, devenu jaune, a été appliqué sur la statue de la Vierge et sur celle de Dieu Le Père. Les couleurs du sgraffito sont devenues plus transparentes (altération du liant) et les carrés de feuilles d'or en dessous sont maintenant visibles.
Etude
Le bois du retable est majoritairement du pin sylvestre et celui de la Vierge est de l'aulne. Les yeux sont en verre et ont été incrustés par l'intérieur en creusant une cavité dans chaque tête (visible au scanner) refermée ensuite et rendue invisible. L'Enfant est assemblé à la Vierge par un clou et son bras gauche par une cheville en bois. Au niveau du retable les assemblages sont par tenons et mortaises, queues d'aronde, clous, colle animale et taquets pivotants à l'arrière. La polychromie de la Vierge, qui est la seule de qualité, présente un beau sgraffito sur or très semblable à celui de la statue de Notre Dame des Anges de Collioure (présentée dans l'exposition) ; une couche translucide rouge, probablement une laque, orne le périzonium de l'Enfant. On ne sait pas de quand date la polychromie du reste du retable et pourquoi elle est différente.
Traitements effectués
Après démontage et un premier dépoussiérage in situ, toutes les pièces du retable ont été désinsectisées par anoxie au Centre. Après refixage de la polychromie, un premier nettoyage mécanique par gommage a été réalisé puis un nettoyage plus poussé ponctuellement, à l'aide de solvants, pour les zones plus encrassées : malgré tout des crasses sont restées incrustées dans la polychromie, pauvre en liant. La statue de la Vierge a été dévernie et nettoyée. Le bois a été consolidé par injection de résine puis masticage. La tête de Dieu Le Père, totalement vidée par les insectes a été comblée par un matériau léger, (granules de liège liées). Quelques trous d'insectes sur les carnations ont été rebouchés pour redonner de l'homogénéité  aux visages et compléter la consolidation ; toutefois l'attaque des xylophages a volontairement été laissée visible car l'ensemble reste très fragile. Les éléments branlants ont été fixés et quelques assemblages structurels renforcés au revers par des pattes. La retouche dans les lacunes est de type non illusionniste, faite à l'aquarelle. Une structure métallique au revers permet de positionner le retable en hauteur et de maintenir l'ensemble vertical." 

Retable de Notre-Dame de Vie

Retable de Notre-Dame de Vie

Autre texte (toujours au sujet de ce retable entre autres) mais photo très/trop "pourrie" :


"CHEVET DE LA PETITE NEF - Notre Dame de Vie, dans sa niche. Bois, 1715.
Joseph Sunyer, en 1715, fit pour l'une des Chapelles latérales de l'église Sant-Pere de la Roca, une Vierge avec son petit retable à laquelle on donne le vocable de Notre Dame de Vie.
Ce grand artiste baroque a laissé une abondante production dans la Catalogne française, en Conflent notamment, on lui doit l'immense Retable du Maître-Autel de Prada (1697/1699) et le Retable du Rosaire de l'église de Vinça (1710) dont la Vierge est une réplique de celle de Villefranche. Egalement une Vierge à l'Enfant, appelée Notre Dame de Bon Secours, à Ria, rappelle les précédentes.
En 1791, lors de la mise en vente de l'Ermitage de Sant-Pere de la Roca, "tous les ornements d'église, de même que les images des autels", dont le Retable de Notre Dame de Vie, furent accordés par le Directoire de Prada à l'église paroissiale de Villefranche.
Ce petit Retable est un parfait modèle de ce que l'on appelle le "baroque roussillonnais", avec ses colonnes torsadées, ses volutes qui l'entourent entièrement, sa profusion de motifs sculptés, fleurs, feuilles de fruits, ne laissant nulle place libre, sa statue aux vêtements fouillés à l'extrême, pleine de mouvement et caressée par le vent.
On remarquera, au fronton, le geste de Dieu le Père appuyant négligemment son avant-bras sur la boule du monde.
Le vocable de Notre Dame de Vie vient de l'Evangile : "Je suis la Vie", a proclamé le Christ et, comme le Christ est "le fruit de ses entrailles", la Vierge Marie est mère de la Vie en étant la mère de Jésus.
* Christ en croix. Bois, XVIIème siècle.
*ça et là, quelques ex-voto à N.D de Vie, datés de 1754, 1777 (Inès), 1820, 1825 et 1856 (époux Berjoan-Vilarem).
* Autel romain. On remarquera, du côté de l'épître, la piscine faisant corps avec la muraille, et donc du XIIIème siècle, destinée à l'évacuation des eaux du lavement des mains rituels.
* Le vitrail représentant Saint Antoine de Padoue (1864) et qui garnissait la fenêtre de ce chevet, à l'intérieur, s'est installé au sol sur la droite, pour raison de disparité chronologique." 






Ouf ! Beaucoup de lecture, mais si l'on reprenait le fil de la balade, hein !
Donc, direction le Fort Libéria et l'entrée du souterrain qui est soit dit en passant le plus long souterrain du monde.







Copie de la statue en bois de Saint-Pierre du XIVeme siècle.


Sur le pont Saint-Pierre

Du pont Saint-Pierre

Attention ! Passage du petit train jaune...


9 h 30 - Porte du souterrain fermée, pourtant le fort ouvre à 9 heures. Nous rebroussons chemin et  allons chercher quelques infos auprès de l'office du tourisme. Le fort ouvre bien à 9 heures mais le souterrain à 10 h seulement. Cherchez l'erreur !

10 heures passées, tickets en poche (2x6 € tarif réduit avec le Pass Patrimoine 66), le souterrain est enfin ouvert...ce n'est que...combien au fait ? ... 734 marches à gravir !
Guess dans le sac à dos, c'est parti !


Pyrénées-Orientales





Nous arrivons à la batterie intermédiaire, soit plus ou moins le tiers du souterrain.












Il est temps de poursuivre la montée...






Il nous attend bien sagement, presque tout seul !



Là, ça commence à tirer sérieusement, on sent les muscles de nos cuisses, ceux de nos mollets. Ce n'est pas l'endroit idéal pour avoir un malaise, l'on ne capte rien. Et je n'ose imaginer la mine déconfite des pompiers s'ils devaient intervenir ici...


OUF ! Cela sent l'arrivée.




Après plus de 45 minutes de montée...Enfin ! 

Nous sommes abordés par une jeune dame étonnée de nous voir sortir du souterrain. Et nous apprenons qu'en général les touristes abordent le souterrain seulement au moment de la descente. Nous apprenons également qu'il y a peu ou prou 420 marches supplémentaires dans le fort. Une paille !!!

Quelques mots sur le fort :
Dressée depuis le XVIIème siècle  sur l'éperon rocheux qui domine Villefranche, la forteresse, est née du génie de Vauban pour parer à la vulnérabilité du lieu suite au Traité des Pyrénées en 1659 qui établit enfin une frontière entre l'Espagne et la France. Trois niveaux le composent.
Le fort est aujourd'hui une propriété privée.


Un verre de jus de fruits s'impose, le temps de faire une pause.




"Réseau des sites majeurs Vauban : Besançon - Briançon - Mont-Dauphin - Villefranche-de-Conflent - Mont-Louis - Blaye/Cussac-Fort-Médoc - Saint-Martin-de-Ré - Camaret-sur-Mer - Saint-Vaast-la-Hougue - Arras - Longwy - Neuf-Brisach
LES FORTIFICATIONS DE VAUBAN, inscrites sur la Liste du patrimoine mondial, incarnent à la fin du XVIIe siècle l'apogée du système de défense bastionnée. Elles ont contribué à façonner les frontières de l'Europe et influencé pour deux siècles l'architecture militaire dans le monde."
Remarquez les balustres en fer forgé catalan qui bordent le chemin de ronde (avec pas ou peu de rouille après trois siècles sans traitement ni peinture).



Nous avons même une vue imprenable sur le Canigou. Il nous domine du haut de ses 2784 m, quelques coulées de neige encore accrochées le long de son sommet.
















Pyrénées-Orientales

Pyrénées-Orientales






Je savais que nous étions sur la frontière "sensible" des conflits franco-espagnol de jadis, mais je ne pensais pas trouver ici un lien avec l'affaire des poisons qui avait fait scandale sous le règne de Louis XIV. 
Mais l'histoire se rappelle à nous, car les empoisonneuses ont terminé leur vie dans ce cachot, ainsi qu'il est mentionné dans le texte ci-dessus :


""Arsenic et vieilles dentelles"
Madeleine  GARDET, épouse CHAPPELAIN - "J'étais jeune et jolie, passionnée de sciences occultes. A l'insu de mon mari, je fréquentais de bien curieux personnages, prêtres envoûteurs de figurines et bergers distillateurs de simples. Je menais grande vie dans la Cour du Roi Soleil autour de la Marquise de MONTESPAN, la BRINVILLIERS et la VOISIN. La "Chambre Ardente" m'extirpa de ce monde démoniaque ; de métiers interlopes, d'empoisonneuses, de faiseuses d'anges, de messes noires, d'apparition d'esprits...En cette geôle insalubre, j'ai expié et vécu 44 ans d'une mort lente, passant mon temps à tisser le lin. J'ai vu disparaître en ce lieu mes compagnes de détention : la JACOB, la DE REFUGE, la SOULAGE, la DUVAL, la DOUBLET. Je ne me rappelle plus qu'elle était la huitième, peut-être la PETIT, la FAURE, la MENARD ou la BARBASTRO. Ma dernière compagne, la GUESDON (Marguerite Charpentier) fut femme de chambre chez la Comtesse de Soissons, compromise en bonne place avec la BRINVILLIERS d'abord, la VOISON ensuite ; elle mourut le 15 août 1717 après 36 ans de séjour. J'étais la dernière survivante et j'ai demandé à être enterrée dans la fosse commune."
Madeleine CHAPPELAIN, morte le 4 juin 1724." 

La prison des empoisonneuses

Le parking se remplit doucement.



Pyrénées-Orientales

L'entrée de la chapelle







La gare

Pyrénées-Orientales




Pyrénées-Orientales

J'ai trouvé les escaliers bien raides et je trouve plus prudent de redescendre via le chemin.

Au fait, il est possible de monter au fort avec une navette. 😉



Un panneau indique 20 mn pour monter au fort ! 😲 Trop fort ! Nous avons déjà mis 20 mn pour en descendre et ce d'un bon pas.

Rendus au parking, nous situons à présent parfaitement la batterie intermédiaire, juste au-dessus du village :


Comme pour le fort, nous trouvons au village beaucoup de grès rose issu des carrières environnantes.

Allez, on va retrouver du monde !

Pyrénées-Orientales



A l'opposé de la porte d'Espagne, la porte de France

Vous avez vu ce panneau contre le rempart sur la photo ci-dessus ? Et le niveau de la crue de 1940 ?


Je vous recopie ça :
"L'Aiguat de 1940 à Villefranche-de-Conflent
 L'histoire des Pyrénées-Orientales est riche en récits de crues catastrophiques. A cet événement majeur, la langue catalane a donné un terme exprimant à la fois l'abat d'eau exceptionnel et l'inondation : "l'aiguat".
En 1940, des précipitations d'une rare violence s'abattent sur le département des Pyrénées-Orientales, causant la mort de 48 personnes et des dégâts considérables. Une grande partie de ces précipitations s'abattit sur le massif du Canigou et les cours d'eau qui y prennent leur source furent particulièrement touchés. Evidemment, cette énorme quantité d'eau atteignit la plaine ; elle inonda les champs et les villages avant de s'écouler vers la mer.
A Villefranche-de-Conflent, les pluies diluviennes ont engendré des débits considérables. Le jeudi 17 octobre 1940 la crue atteint son paroxysme et les eaux du Cady atteignent 7.25 m devant les remparts. Elles franchissent les deux ponts à l'Est de Villefranche et pénètrent dans le village par la porte de France, inondant le café et des habitations sur la place royale dite du Génie. Néanmoins, aucune perte n'a été à déplorer dans le village, celui-ci étant bâti sur une hauteur qui le met à l'abri de l'inondation." 







Maquette près de l'office du tourisme



Rue des Tisserands


Pyrénées-Orientales


Il fait chaud, les remparts devraient nous fournir une ombre bienfaisante.
Re-passage en caisse (2x4€ en tarif réduit, grâce au "Passeport Patrimoine 66" déjà mentionné).


Et nous allons passer plus d'une heure à arpenter chemins de ronde, tours, échauguettes, bastions, monter et descendre encore des escaliers...

Le texte du dépliant touristique est plus parlant que tout ce que je pourrais vous dire :


"Dès sa fondation, la ville se protège derrière ses remparts. la muraille est exceptionnelle car Vauban l'a doublée en superposant deux niveaux de chemins de ronde couverts, dispositif unique dans son oeuvre. La gaine de circulation voûtée du niveau inférieur s'appuie sur les restes des murs médiévaux, tandis que le chemin de ronde supérieur est couronné d'une toiture traditionnelle en ardoises. Quelques tours médiévales sont encore en place, englobées dans les bastions de Vauban qui a du s'adapter à l'extrême exiguïté des lieux ainsi qu'à la proximité de la montagne."

Le bastion du roi

Pyrénées-Orientales



Un martinet de forge catalane du XVIIIème et XIXème siècle.



Pyrénées-Orientales





Pyrénées-Orientales












L'échauguette








Bastion de Corneilla








Pyrénées-Orientales





Les remparts sont un vrai labyrinthe et c'est sans problème que je m'y perdrai...



Et avec tout ça, nous avons loupé la Cova Bastera, loupé, pas vraiment, nous sommes dans le créneau horaire d'ouverture mais trouvons porte close.
Retour à l'office du tourisme, décidément, les horaires nous ont causé bien des soucis aujourd'hui ! 
Et...le site est privé et...le monsieur ferme s'il a autre chose à faire parait-il, et...peut-être que le match de la coupe du monde avec les Français en jeu est une bonne raison.
Tant pis ! Mais c'est dommage, j'aurais volontiers vu l'ensemble du système défensif imaginé par Vauban.

Pyrénées-Orientales

Si la Cova Bastera est fermée pour cause de match, la coupe du monde occupe même ces dames !
Et elles se sont bien installées devant leur boutique, canette au frais dans la rigole, ordi calé. 
Il n'y a plus qu'à dire "Vive la France" !


Nous avons longtemps hésité à prendre le train jaune mais pour cela il aurait fallu y consacrer une journée...Imaginez grosso modo 60 km pour 3 heures de train et autant pour revenir 😮 et puis cela nous donne une bonne occasion de revenir. 😉

3 commentaires:

  1. Bonjour Brigitte,
    Quelle belle visite par rapport à la nôtre. Et puis l'église et le fort étaient fermés. Donc comme vous ce sera l'occasion d'y revenir prochainement. Merci pour cette belle balade. Bise. marie

    RépondreSupprimer
  2. Ouh la la, quelle magnifique village fortifié !!!!!!!!!!!!!!!!!
    Bon ma mie n'aurait pas voulu faire le souterrain que j'ai trouvé beau aussi d'ailleurs, et propre ;-)
    Les enseignes du village sont splendides !
    Bref, une découverte qui vaut certainement un détour, mais d'ici c'est loin bouhhhhhh
    Cath
    Ah et j'ai vu Guess se reposer un peu ;-)

    RépondreSupprimer
  3. bonjour
    nous avons fait une étape dans ce village magnifique où l'on se ne sait où tourner la tête tant il y a de chose à découvrir.
    Nous ne sommes pas monté au fort, mon mari étant trop fatigué ce jour là par contre nous avons fait la balade en train jaune (ce n'est pas inoubliable) un peu long, on ne voit pas grand chose tout le long à cause des arbres, seul vue sur le viaduc … quelques secondes pour admirer. Nous ne regrettons pas mais il y a plus intéressant à faire. Merci pour le reportage sur le fort qui nous a montré ce que nous avons raté. Bises

    RépondreSupprimer